Force politique nouvelle à gauche Interview d’Olivier Dartigolles ( porte parole du PCF) et réaction hostile d’un autre dirigeant du parti

lundi 24 septembre 2007.
 

1) Interview d’Olivier Dartigolles

Le débat porte aussi sur l’avenir du communisme et du Parti communiste, cet avenir, vous le voyez comment ?

Olivier Dartigolles. Ce dont je suis sûr, ce pour quoi je milite, c’est qu’il peut y avoir un avenir pour le communisme et les communistes. On peut avoir des doutes, des tâtonnements, il ne faut pas les craindre : nous nous posons des questions dans une situation difficile. Des opinions s’expriment mais rien n’est tranché, et les communistes n’ont pas à se ranger derrière telle ou telle option. Nous devons répondre à plusieurs types de questions. Quel est le projet des communistes ? Ils veulent changer la société, oui mais en quoi et comment, qu’est-ce qui est possible ? Il faut reconstruire une espérance mais nous n’avons pas tout à réinventer. Nous avons déjà beaucoup travaillé. Nous avons de bonnes propositions, d’avenir, nouvelles, mais leur cohérence entre elles, le sens qu’elles donnent à notre volonté de changer la société et le monde n’apparaît pas aux yeux de notre peuple. Et quand la droite, avec Nicolas Sarkozy, élève le niveau de sa bataille sur les idées, nous paraissons désarmés.

La question de l’existence du Parti communiste lui-même est posée et certains parlent de nouveau parti...

Olivier Dartigolles. Bon courage à celui qui dit aujourd’hui : voilà la solution. Mais selon moi, il faut des ruptures. Penser qu’on va pouvoir continuer comme avant, sans rien changer, ce serait renoncer. Nous sommes en retard sur la droite, sur les libéraux, pour organiser la bataille politique. La gauche a besoin de lieux d’échange, de passerelles, de dialogue pour organiser, dans la riposte politique à Nicolas Sarkozy, le combat pour une alternative, pour travailler à une dynamique à vocation majoritaire. Pour moi, il n’existe pas de solution écrite d’avance. Il faut ouvrir un processus et que le congrès extraordinaire envoie un message fort : le Parti communiste français est disponible pour y participer. En s’y engageant pleinement, il se transformera pour rendre efficace son combat émancipateur. Si c’est de cela que nous discutons, si c’est à cela que nous travaillons, nous serons attractifs.

À ce propos, un portait de vous, paru dans le Monde vendredi dernier, vous a présenté en rivalité avec Marie-George Buffet en suggérant que, si rien ne bouge au PCF, vous pourriez adopter une position de combat ?

Olivier Dartigolles. Ce qui est vrai dans ce portrait - ce n’est pas un entretien -, c’est que je suis, avec les communistes, dans un état d’esprit combatif pour aller au bout du débat. Mais cela n’a rien à voir avec une quelconque rivalité avec Marie-George Buffet. Bien au contraire ! Parce que, comme elle, je pense que nous avons besoin d’un débat de fond et sans esquive. Elle a appelé chacune et chacun à s’exprimer, et elle a raison. Après la Fête de l’Humanité, notre direction est placée devant une grande responsabilité. Il faut que le débat ait lieu avec tout le sérieux nécessaire pour avancer. Comment ? Avec l’ensemble des communistes, dans un climat fraternel où chacun peut s’exprimer tranquillement sans crainte d’être montré du doigt et étiqueté. C’est dans cet état d’esprit que je travaille.

2) Réaction de Nicolas Marchand, membre du Comité exécutif national du PCF, opposé à la participation du PC à une perspective de force politique nouvelle

La publication ce matin dans la rubrique politique de l’Humanité d’une interview d’Olivier Dartigolles, prenant position notamment dans le débat sur l’avenir du Parti, fait suite à celles, successives de Jean-Claude Gayssot (le 7 septembre), Patrice Cohen-Seat (le 12 septembre) et Roger Martelli (le 19 septembre).

Je ne peut pas croire que relève du « hasard de l’actualité », cette succession de camarades qui se sont déclarés partisans de diverses versions de « création d’une nouvelle force politique », à l’exclusion de tout autre point de vue, comme par exemple celui d’une novation profonde du PCF.

On est loin d’ailleurs, dans ces textes dominés par les considérations politiciennes, des exigences de l’action, et de la contre-offensive politique du PCF face à Sarkozy ! (Dartigolles n’a même pas un mot pour la manifestation nationale du 27 octobre, décidée au dernier CN !)

C’est d’autant plus choquant que dans le même espace de temps, l’article d’Yves Dimicoli liant riposte à Sarkozy et novation communiste a été traité comme une « Tribune Libre » (13 septembre). (Mon article du 27 Juin avait été traité de la même façon.).

Pourquoi un biais aussi systématique ? Pourquoi un traitement aussi inéquitable ? La question mérite d’autant plus d’être posée après le dernier CN, où a été repoussée la proposition principale du rapport introductif, consistant précisément à réduire le Congrès extraordinaire de Décembre à un moment d’un « Congrès » plus large réunissant des « délégués » communistes et non communistes dans ce qui pourrait alors préfigurer un autre parti...

L’Huma, quelles que soient les options personnelles de tel ou tel en son sein, a un devoir de respect politique vis à vis de ses lecteurs et vis-à-vis des communistes. Elle aurait beaucoup à perdre à être instrumentalisée au service d’une option unique visant la dilution du Parti communiste.

Je souhaitais t’alerter sur cette situation et te demander de faire en sorte qu’elle se modifie.

Je suis bien sur, en ce qui me concerne disponible, et j’en suis persuadé bien d’autres camarades.

Fraternellement,

Nicolas MARCHAND


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message