Mali : l’humiliation de trop

lundi 21 février 2022.
 

Le retrait piteux du Mali me cuit. J’en veux à ceux qui nous ont mis dans cette situation à Paris et à Bamako. Tout ce désastre était si largement prévisible ! Et cela depuis le premier jour. Mais tel est le prix de la gloriole de quelques-uns.

Ceux-là ont transformé une opération militaire circonstanciée en une expédition sans perspective politique autre que de gonfler les pectoraux à Paris. Tels furent Hollande Président et Le Drian ministre des Armées. Puis nous eûmes dans la même partition Macron, ex-secrétaire général de l’Elysée devenu Président et Le Drian cette fois-ci ministre des Affaires étrangères. Les deux tout aussi incapables de sortir notre pays de l’impasse dans laquelle ils l’ont enfoncée.

53 militaires tués au combat plus tard, des centaines sans doute de civils maliens pris entre deux feux, dix ans de guerre et un seul vote à l’Assemblée nationale, trois millions d’euros dépensés par jour, huit milliards au total et nous devons partir, humiliés. Qu’avons-nous fait pour mériter cela ? La France a-t-elle envahi le Mali ? Non ! Elle y est venue à la demande de son gouvernement d’alors. A-t-elle manipulé les putschs qui se sont succédé ? Non. Elle a été incapable de les prévoir – en dépit des avertissements – et ensuite d’y réagir utilement. Son président, Emmanuel macron a juste donné le feu vert aux putschistes en allant parrainer au Tchad l’accès du fils Deby, bientôt imité au Mali et au Burkina. A-t-elle imposé une solution politique quelconque sur place ? Non, elle n’avait ni projet, ni volonté, ni accord avec les Maliens hélas.

Il faut donc partir juste parce que c’est devenu intenable. Juste écrasé sous le poids de la bêtise et de la désinvolture des chefs civils français qui se sont grisés en voulant jouer à la guerre. Nous laissons un pays ami en ruine, un peuple frère déchiré, un putschiste au pouvoir et une bande de mercenaires russes ratissant son espace comme une meute féroce. Les Français sont mal. Les Maliens guère mieux dans un tel contexte. Ils souffraient et vont souffrir davantage encore. Mais la France ne mérite pas l’opprobre. Ni son peuple, ni son armé. Ce n’est vraiment pas ce départ que j’ai souhaité en m’exprimant tant de fois sur le sujet. Le contraire ! Prévoyant cette fin piteuse en queue de poisson, j’ai dit et répété qu’il fallait à notre pays un délai et un cahier des charges pour quitter les lieux. Un plan discuté avec les Maliens. C’est-à-dire un but politique et des conditions de retrait annoncées de longue main. Évidemment, j’ai demandé sans trêve comme président alors du groupe parlementaire insoumis que cela soit politiquement discutées aussi devant notre Parlement. Bastien Lachaud, député de Seine-Saint-Denis et responsable des questions militaires aux Insoumis en a fait autant je ne sais combien de fois par tous les canaux d’expression à notre portée. J’en déduis que, si les circonstances le permettent, nous devrons refonder entièrement notre politique d’accords de défense en Afrique. Il ne peut plus être question de se voir convoqué puis renvoyé comme nous l’avons été au Mali.

Dans l’immédiat je crois qu’il faut revenir dans les bases françaises existantes sur le continent africain, avoir un sérieux débat d’ensemble au Parlement avant de décider quoi que ce soit de nouveau. Et surtout ne pas laisser à la discrétion du seul niveau d’amateurisme présidentiel je ne sais quel nouveau déploiement hasardé sur le terrain dans le Sahel.


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