Enseignement : Le choix du savoir avec l’Avenir en Commun

vendredi 18 février 2022.
 

Pour Macron et ses prédécesseurs, les universités doivent produire des salariés "prêts à l’emploi" et la recherche doit se mettre au service de l’innovation des grandes entreprises, pour les favoriser dans la compétition mondiale. Pire, l’enseignement supérieur devient de plus en plus une marchandise comme une autre, avec le développement d’universités et d’écoles privées.

Pour Jean-Luc Mélenchon, la production et le partage des savoirs répondent à d’autres enjeux. Surmonter les crises sociales et écologiques, nécessitera plus de connaissances scientifiques et de savoir-faire. Mais l’Université et la Recherche sont aussi les piliers de la VIème république que La France insoumise souhaite construire. Le savoir critique qui se construit collectivement et qui se partage au plus grand nombre au sein des universités est un formidable levier pour l’émancipation. C’est une pièce centrale dans la fabrique des citoyens. Loin des anathèmes portés contre un supposé islamo-gauchisme de certains enseignants chercheurs, le programme l’Avenir en commun défend la liberté académique et la pensée critique, comme des fonctions vitales pour notre démocratie.

Il fait le choix d’un service public mieux doté et plus démocratique pour assurer ces missions ambitieuses.

Gagner la bataille de la qualification massive

L’AEC veut accueillir dignement tous les étudiant.es souhaitant se qualifier pour les métiers de demain. Il ne se résigne pas à voir des files d’étudiant.es devant les points de distribution de l’aide alimentaire.

L’AEC propose une allocation mensuelle de 1063 € pour tous les étudiant.es et élèves des lycées professionnels détaché.es du foyer fiscal de leurs parents. Cette allocation sera financée par un impôt sur les successions : au-dessus de 12 millions d’euros, tout est donné aux jeunes en formation !

L’université publique deviendra aussi intégralement gratuite sans aucun frais d’inscription, à l’opposé de Macron qui veut les augmenter. Les étudiants doivent également pouvoir se loger dignement à moindre coût. Un vaste de plan de construction de 15 000 logements étudiants par an sera donc lancé.

Parcoursup et la sélection en Master ont transformé les inscriptions des étudiants en parcours du combattant pour trouver une place dans la formation de leur choix. Le droit à la poursuite des études avec la fin de la sélection en licence et en Master sera rétabli. La loi LRU[1] qui a organisé l’austérité dans les universités et leur mise en concurrence sera abrogée afin de revenir au cadre national des diplômes de l’enseignement supérieur pour assurer l’égalité d’accès au savoir sur tout le territoire.

Est prévu l’amélioration des conditions d’études en abaissant le service d’enseignement des enseignant-chercheurs à 160 heures, en lançant un grand plan pour l’immobilieruniversitairequiprenne en compte les situations de handicap.

Redonner confiance en la recherche

Le programme défendu par Jean-Luc Mélenchon fait aussi le pari du savoir et du temps long avec l’objectif de recouvrer la confiance de la communauté des chercheurs, enseignants-chercheurs et les autres personnels de la recherche, en portant l’effort de recherche publique à 1.5% du PIB. Aujourd’hui, plus de 60 000 précaires travaillent dans la recherche. Nombre de jeunes sont obligés d’abandonner faute d’ouverture de poste. C’est inadmissible !

Il sera mis fin à cette précarité en titularisant tous les contractuels exerçant des fonctions pérennes et nous recruterons sur la mandature plus de 30 000 fonctionnaires dans tous les métiers, notamment pour revenir à un taux d’encadrement suffisant des étudiants.

Faire le choix du statut de fonctionnaires, c’est choisir l’indépendance vis à vis de tous les lobbys et donc recouvrer la confiance des citoyens dans la science.

Les personnels sont aussi très mal payés. Un chercheur commence à peine à 1800 € nets et un technicien à 1300 € nets. Il est nécessaire d’augmenter tous les salaires de 15%etde supprimer les primes au "mérite".

Enfin, rompre avec l’austérité ne suffit pas. Il faut aussi en finir avec la mise en concurrence de tous contre tous. Les chercheurs et enseignants chercheurs passent toute leur énergie et leur temps à monter des dossiers ou à en évaluer pour obtenir de l’argent pour conduire leurs recherches. A l’issu de cette course folle aux appels aux projets, une grande majorité ne dispose pas de moyens suffisants pour travailler et d’autres croulent sous les projets, ce qui cause des épidémies de "burn out". Il sera mis fin à cet enfer bureaucratique en supprimant l’Agence Nationale de la Recherche et les initiatives dites d’excellence et en redéployant tous les moyens sous forme de crédits récurrents aux unités de recherche.

Les personnels en ont assez des réorganisations. Un moratoire doit être créé sur toutes les fusions. Les instituts de recherche comme le CNRS sont complémentaires du travail des universités. Pas question de les transformer en agences de moyens comme le fait Macron. Au contraire, il faut renforcer leurs rôles et les instituts de recherche finalisée prendront toute leur part dans la production des savoirs utiles à la bifurcation écologique.

Le transfert du savoir aux entreprises ne passe pas par un mécanisme d’optimisation fiscale notoirement inefficace, comme le Crédit Impôt Recherche. Il sera donc supprimé et les 7 milliards qu’il coûte au budget de l’État seront intégralement restitués à la recherche publique. Le transfert du savoir vers les entreprises privées passera par l’embauche massive de docteurs dans les entreprises. Il est indispensable d’augmenter de 8000 le nombre d’allocations doctorales par an et d’étendre la possibilité de leur financement à 4 ans pour éviter que les thèses se finissent dans de mauvaises conditions matérielles. Le doctorat sera enfin reconnu à sa juste valeur dans les conventions collectives. L’embauche massive de doctorants construira des passerelles pérennes entre les unités de recherche et les entreprises. Il est inacceptable que des éditeurs scientifiques privés fassent des profits et restreignent l’accès au savoir. Il est important de créer un service public de la publication scientifique permettant un accès gratuit au savoir produit.

Enfin, les universités et les instituts de recherche doivent être refondés en les rendant plus ouverts sur le monde, avec notamment une alliance universitaire de la Méditerranée, et plus démocratiques. Un mandat unique sera instauré notamment pour les présidents et l’élection sera privilégiée pour tous les postes à responsabilité. Les principes de coopération et de collégialité doivent être réaffirmés.

Le savoir est un bien commun qui gagne en valeur à mesure qu’il se partage, l’avenir en commun propose de faire le pari du savoir pour étudier, enseigner et chercher enfin dans de bonnes conditions !

Hendrik Davi

[1] Loi responsabilité des Universités


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message