1er février 1832 : Enquête sur les Poor Laws

vendredi 2 février 2024.
 

Le 1er février 1832, Lord Althorp, chancelier de l’Échiquier britannique, est interrogé par un parlementaire au sujet des Poors Laws, les lois sur les pauvres. À cette occasion, le ministre whigh (libéral) annonce la formation d’une commission d’enquête en vue de leur amendement.

L’assistance aux démunis est depuis des décennies la cible des réformateurs libéraux. Ce système, instauré par une série de lois depuis la fin du XVIe siècle, impose aux paroisses de procurer aux invalides et aux sans emploi une aide matérielle (nourriture, habillement) ou financière, en levant une taxe dédiée. Il s’agit notamment de fixer les indigents afin de lutter contre le vagabondage. En outre, à partir de 1795, le système de Speenhamland, soit le versement de compléments de salaire à ceux que le travail ne suffit pas à nourrir, est généralisé.

Ce modèle, dont le nombre de bénéficiaires croît et dont le coût triple en 30 ans, est accusé de favoriser l’oisiveté. Les allocations Speenhamland sont également une variable d’ajustement commode pour les propriétaires terriens et patrons, qui paient mal leurs ouvriers et font peser la charge de leur subsistance sur la collectivité. Inspirés par les penseurs utilitaristes disciples de Bentham, tel Edwin Chadwick, les réformateurs veulent inciter les pauvres à se sauver eux-mêmes.

La commission dépêche des enquêteurs en province et compile les résultats. Elle rend ses conclusions en 1834 : elle préconise une réforme sévère, qui aboutit à la promulgation du Poor Laws Amendment Act.

L’assistance est désormais conditionnée à l’enfermement dans des workhouses où les pauvres doivent travailler dans des conditions éprouvantes, carcérales. À dessein : il s’agit de rendre cette « aide » moins attractive que le travail salarié afin que seuls ceux qui en ont réellement besoin ne la sollicitent. Les versements Speenhamland sont abandonnés, les capitalistes étant sensés octroyer une juste rémunération aux travailleurs.

Un vœu pieux, qui dissimule mal la dégradation de la condition des plus pauvres, surveillés, sous-alimentés, condamnés à un travail forcé dans des conditions effroyables, que dénonce Charles Dickens dans Oliver Twist. Des scandales éclatent, la révolte gronde. Autre conséquence, les pauvres des campagnes fuient vers les villes ouvrières, contribuant à l’exode rural qui alimente la Révolution industrielle.

Il faut attendre 1948 pour que les travaillistes remplacent par une « assistance nationale » sous conditions de ressources, plus respectueuse des personnes, ce système répressif et culpabilisant.

Thibaut L.


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