Université : La poudrière des frais d’inscription

mercredi 2 février 2022.
 

Selon le Président de la République : « on ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants ».Aucun prix ? Avec la pandémie, les files d’attente d’étudiants devant les associations d’aide alimentaire ont rappelé que les études avaient un prix, malheureusement trop élevé pour une grande partie de la jeunesse.

En effet, le coût des études ne se résume pas aux frais d’inscription à l’université (tout de même de 262 € pour un étudiant non-boursier en licence), il comprend aussi le coût de la vie étudiante (logement, alimentation, etc.) qui va croissant comme le rappellent les syndicats étudiants à chaque rentrée.

C’est donc dans ce contexte de forte précarité étudiante (46% des étudiants ont une activité salariée, 25% vivent sous le seuil de pauvreté) qu’Emmanuel Macron a lâché une bombe : si l’enseignement supérieur doit avoir un prix, cela signifie que les frais d’inscription augmenteront. Cette perspective est une attaque en règle contre le service public. Est-elle pour autant surprenante ? La libéralisation du service public d’enseignement supérieur et de recherche est un mouvement progressif mais constant depuis deux décennies. Certes, la mobilisation de la communauté universitaire a parfois bloqué ou retardé ce processus mais la logique libérale avance inéluctablement réforme après réforme : autonomie et mise en concurrence des universités, restructurations guidées par des appels à projet, recherche de financement auprès des entreprises, mise en adéquation des formations avec les besoins à court terme du marché du travail, etc. L’augmentation des frais d’inscription n’est d’ailleurs pas un front nouveau. Plusieurs écoles publiques ont déjà franchi le pas et la Ministre Vidal a engagé une dérégulation des frais d’inscription pour les étudiants étrangers dans le cadre de la très mal nommée stratégie « Bienvenue en France ».

Face au projet de marchandisation de l’université et donc d’augmentation des frais d’inscription, la candidature de l’Union populaire portée par Jean-Luc Mélenchon propose la gratuité des études et le financement d’une garantie d’autonomie au niveau du seuil de pauvreté (1063 € par mois) pour les étudiants et élèves de la voie professionnelle à partir de 16 ans. Les jeunes n’auront d’ailleurs pas à attendre le 1er tour de la présidentielle pour participer au débat. Plusieurs dates de mobilisation ont été annoncées par les syndicats étudiants et lycéens (27 janvier et 3 février). Les propos de Macron sont un motif supplémentaire pour descendre dans la rue.

William Martinet


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