Une campagne comme une course de haies

jeudi 3 février 2022.
 

Semaine de campagne intense. Un meeting et deux émissions de télé pour moi. Quinze réunions de campagne pour mes camarades des groupes parlementaires et régionaux et un total de mille « évènements » (caravanes populaires, tractages, collages, réunions d’appartement…) recensés sur l’application « Action populaire ». Sans oublier 2000 parrainages citoyens de plus, la barre franchie des 650 000 abonnés à ma chaine YouTube (+4000 en 24h suite à « Face à Baba ») après le million atteint sur TikTok. De bons signes partout.

De la plus modeste convocation à la plus grande rencontre, la mobilisation a été forte. À Bordeaux la salle était trop petite encore. J’ai dû commencer mon discours dehors, ébahi par le spectacle de cette rue entière remplie de monde de tous âges et de toutes les allures. L’émission de télé numéro un pour moi ce fut « Face à Baba ». Très déçu par le changement de dernière minute opéré par ledit « Baba » que je n’imaginais pas dans ce rôle. Comme quoi je suis moins méfiant que cela ne se dit à l’envie. Mais en pleine campagne, la leçon doit porter. Ne plus faire confiance. On ne prendra plus ce genre de risque d’irrespect.

Ici ce fut un comble ! J’étais l’invité face à dix personnes. Mais sans crier gare, Zemmour fut autant l’invité que moi. De 20 minutes qui lui avait été déjà accordées par une faveur imprévue au lieu de 10, puis de 20 comme annoncés, ce fut une heure dix ! Et cela alors même qu’il avait déjà passé une émission entière à cette place quelques temps auparavant. Un Zemmour en petite forme, parlant sans arrêt et souvent bafouillant. Hanouna fut à ce moment quasi absent du rôle de « modérateur » qui était en principe le sien. Je polémiquais donc en m’attendant à la fin de la séquence à tout moment sans que cela se produise. Le genre de situation où vous dites « au revoir » à quelqu’un qui n’arrive pas à partir du pas de votre porte alors que votre gigot est au four. Telle était ma posture mentale de cet instant.

Qu’en penser ? Qu’Hanouna au mieux, ne maîtrise pas encore l’exercice. Au pire qu’il m’a trompé ainsi que toutes les autres personnes qui ont attendu leur tour jusqu’à presque une heure du matin dans une émission prévue pour deux heures maximum. Et pour finir, cette émission dura quatre heures. Un format et une épreuve sans précédent dans l’histoire de l’audio-visuel politique en France. Cela plaide pour tous ceux qui ne croient pas à l’utilité de tels transferts de genre, comme entre le Hanouna de demi-divertissement chaque soir et un débat de présidentielle. Inutile d’en dire davantage.

Je ne me plains pourtant pas. M’épuiser aura été impossible. Et tout autant m’impressionner comme l’ont tenté les regards et postures du policier avant notre face à face. Pendant les deux heures où il était assis en face de moi dans le public. J’ai atteint les buts que je m’étais donnés et touché le public auquel je voulais parler dans la forme qui convenait à l’échange et aux personnalités qui me faisaient face. Le niveau record des écoutes sur les vidéos que nous en avons tiré le prouve et l’amplifie. Je regrette que les conditions de l’émission aient sans doute dégoûté bien des spectateurs d’y revenir. Et je regrette surtout d’avoir été enrôlé dans une séquence qui n’a pas du tout aidé à installer un émission qui soit un nouvel espace d’expression politique. Je l’espérais pourtant pour le bien du débat déjà si difficile à installer dans cette campagne. Il est frappant de voir comment les divers milieux sociaux et politiques ont reagi dans leurs commentaires. Je n’y entre pas ici. Mais l’incroyable restera d’avoir vu les Verts me frapper moi sans un mot de critique ou de mise à distance de Zemmour et le PS concentrer sa critique lui aussi sur moi et ma façon de réagir sans un mot pour ce qui fut dit et fait en face. Ce sont de très mauvais signaux. Cette absence de solidarité face à l’extrême droite et au policier factieux en dit long sur « l’évaporation » politique intellectuelle de ces deux groupes de « dirigeants ». Décidément, leur participation à la manif des policiers contre la justice n’était peut-être pas qu’une faute occasionnelle.

Ma semaine commence dimanche soir sur France 5, « C dans l’air ». De la politique internationale. En vue un moment noble, même s’il sera sans concession. Plaisir du calme, du respect et des sujets que je ne peux que rarement aborder ailleurs.

Cette semaine est la dernière avant la fin des suspens dans les annonces de candidatures. La surprise Macron n’existe pas. On aura donc une vue d’ensemble. Mais seulement à 10 semaines du vote. Enfin ! Cela après des mois de matraquage sur la « division de la gauche » comme sujet central. Puis avec les annonces à répétition d’une bouleversante candidature de « la maire de Paris ». Puis celle en hoquet de Christiane Taubira. Sans oublier le feuilleton Zemmour. Ni l’opaque prétendue « primaire populaire ». Que du vain, que du vide. Pour finir, il y aura davantage de candidats de droite que de gauche, la grande candidate de Paris est dans les choux, Le Pen parvient à maintenir son avantage sur Zemmour et une confuse opération informatique taillée dans un flou de loup. Une question demeure à propos de la dynamique de la répartition des forces : le centre-gauche parviendra-t-il à enlever la poignée de voix dont nous avons besoin pour voir Macron commencer à dévisser ? Et une autre : Roussel parviendra-t-il à m’empêcher d’avoir 500 signatures ?


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