Clash Blanquer contre Véran, le gouvernement se fracture

samedi 15 janvier 2022.
 

Ce mercredi 12 janvier, juste avant le traditionnel Conseil des Ministres, un clash gouvernemental a opposé dans les couloirs de l’Elysée le ministre de la Santé Olivier Véran, et le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer, rapporte Le Parisien.

Celui qui devrait faire face aujourd’hui à un mouvement de grève massif dans l’Éducation Nationale suite à ses changements ubuesques sur le protocole sanitaire en milieu scolaire et à sa destruction méthodique de l’école publique aurait perdu ses nerfs face à un Véran tentant de maintenir l’unité gouvernementale dans le chaos sanitaire ambiant. Tentative d’éclairage politique sur ce symptôme de plus de la catastrophe sanitaire et sociale du mandat d’Emmanuel Macron.

Jean-Michel Blanquer, funeste ministre de l’Education Nationale qui la veille de la rentrée scolaire annonçait par voie de presse un nouveau protocole confus et irresponsable comme nous l’expliquions ici, prétendant faire face à la vague Omicron, a les nerfs fragiles. Et l’on comprend pourquoi.

Tout le personnel scolaire, les profs en tête, connaissent maintenant la musique : pratiques autoritaires, mépris des enseignants, démantèlement du service public, le ministre est un véritable danger public pour l’école ! Et ils ont décidé de répondre par un appel à la grève qui s’annonce très suivi, avec près de 75% de grévistes dans le secondaire, pour mener la riposte contre celui qui est déjà le ministre de l’Éducation le plus détesté de la Ve République.

Celui-ci est un habitué des invectives et pertes de calme imprévisibles contre ceux-là même qu’il est censé défendre : on se souvient de son incapacité à débattre quand il trouvait pour une fois un contradicteur à ses réformes désastreuses, le spécialiste des questions d’éducation Philippe Mérieu, il y a deux ans sur France Culture, ou encore ses péroraisons contre les prétendus « islamo-gauchisme » et « wokisme » dans le corps enseignant. Face à lui, un Olivier Véran pris lui aussi dans la tempête Omicron, contraint de gérer l’immense colère des soignants face aux fermetures de lits incessantes et à l’abandon de l’hôpital public, eux qui manifestaient encore hier pour l’amélioration conditions de travail et l’augmentation des moyens pour l’hôpital (hypertexte).

Diviser pour mieux régner : la stratégie du gouvernement pour 2022

C’est que le gouvernement veut pousser à la fracture une société française déjà abimée par cinq ans de sa gestion néolibérale et autoritaire. La semaine dernière, dans un entretien aux lecteurs du Parisien, le président de la République Emmanuel Macron choisissait d’opposer les Français entre eux autour de la crise sanitaire. Tentant de monter les personnes vaccinées contre les non-vaccinées (dont une étude récente a montré que 40% n’a pas pu se vacciner faute d’accès aux structures médicales), il promettait d’ « emmerder » les seconds allant quelques minutes plus tard jusqu’à les déchoir de leur citoyenneté, prétendant « qu’un [citoyen] irresponsable n’est plus citoyen ».

Cette stratégie du clivage est bien connue : le gouvernement espère dresser les travailleurs de tous horizons les uns contre les autres, vaccinés contre non-vaccinés, profs contre soignant.e.s, musulmans contre non-musulmans. Ne nous faisons pas d’illusions : derrière le clash entre Blanquer et Véran, ce n’est pas une opposition factice entre la santé et l’éducation qui se cache, mais plutôt le retour de bâtons de leurs bilans catastrophiques respectifs contre nos services publics. Ainsi, en attisant les haines de tous côtés, Emmanuel Macron espère se garantir un boulevard pour 2022 : en s’arrangeant un duel face à l’extrême-droite à la présidentielle, dont l’existence repose sur ces seules divisions identitaires, il gagnerait cinq ans de plus pour mettre en place sa politique de démantèlement de la retraite, de l’école, de la santé, de l’université, au service des intérêts privés !

Face à leur chaos, unité du peuple !

Pourtant, la présidentielle n’est pas perdue d’avance, et nos service publics ne sont pas condamnés aux folies d’un Blanquer ou d’un Véran. Comme le disait François Ruffin hier, à la foule rassemblée au Mans pour son premier meeting aux côtés de la campagne de l’Union Populaire : « Pourquoi je m’engage auprès de Jean-Luc Mélenchon ? Est-ce que c’est Macron qui va se réveiller un matin et sauver l’Hôpital ? Est-ce que c’est Macron qui va augmenter le SMIC à 1400 euros net ? Non. Qui ? Jean-Luc Mélenchon ». Hier avec les soignant.e.s continuant la lutte avec courage, demain avec les profs et le personnel éducatif montrant l’exemple dans la grève, nous sommes capables de faire l’Union Populaire en 2022 derrière Jean-Luc Mélenchon. Face à l’attaque Macron et à la diversion Le Pen, aux divisions aux fractures et aux haines, opposons-leur l’unité du peuple !

François Jarlier.


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