16 décembre 1971 : Fin de la guerre au Bangladesh

samedi 17 décembre 2022.
 

Pour parvenir à la signature par les officiers pakistanais de l’acte de capitulation, il n’aura pas fallu deux semaines à l’Inde. À Dacca ce 16 décembre 1971 se conclut pour les Bangladais un effroyable bain de sang, paroxysme d’un conflit né de la partition du Raj britannique, 24 ans plus tôt. Le Pakistan, État musulman, est alors constitué sur une base religieuse en regroupant deux territoires, l’un à l’ouest de l’Inde, l’autre à l’est, au Bengale. L’unité du jeune pays se fissure rapidement. La population bengalie, pourtant majoritaire, se voit refuser la co-officialité de sa langue. Les élites de l’ouest l’écartent des responsabilités. Les écarts d’investissement entre les deux parties du pays deviennent patents.

Constituée autour de la question linguistique, la Ligue Awami revendique bientôt une autonomie accrue des Bengalis et sa coalition remporte les élections provinciales de 1954. S’ensuit un cycle de répression, marqué par un coup d’État militaire, deux lois martiales et des inégalités croissantes. Le mouvement social massif de 1969 et l’organisation d’élections libres en décembre 1970 semblent changer la donne : la Ligue Awami obtient la majorité absolue au Parlement. Mais tant le président (militaire) que le Parti du peuple pakistanais (socialiste), dominant à l’Ouest, refusent de lui céder le pouvoir.

Alors que les négociations pour former un gouvernement s’enlisent, le chef de la Ligue Cheikh Mujibur Rahman appelle l’Est à la grève et à la désobéissance. Pour ramener l’ordre, l’armée lance le 25 mars l’opération Searchlight : elle déclenche un massacre de masse, et pousse « Mujib » à proclamer l’indépendance du « pays des Bengalis ». C’est le début d’une violente guérilla entre partisans de la Ligue et militaires de l’Ouest appuyés par des milices unionistes. L’arrivée de millions de réfugiés finit par convaincre la Première ministre indienne Indira Gandhi d’intervenir directement. Le 3 décembre, après une attaque pakistanaise, l’Inde déclare pour la troisième fois la guerre à sa némésis. Washington et Pékin, soutiens d’Islamabad, refusent de lui porter secours. En quelques jours, l’armée pakistanaise est balayée, la présidence militaire tombe.

Ce dénouement, qui donne naissance à la République populaire du Bangladesh, se fait au prix de plusieurs centaines de milliers de morts (principalement civils) et de viols. Les Occidentaux en retiendront surtout la première grande campagne humanitaire internationale, avec le concert caritatif organisé au Madison Square Garden de New-York par l’ex-Beatles George Harrison.

Thibaut L.


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