15 décembre 1941 : 69 fusillés au Mont-Valérien

samedi 11 décembre 2021.
 

Jamais la France occupée n’avait connu un tel carnage. À l’été, les communistes sont passés à la lutte armée  ; depuis, la répression allemande s’abat sans mesure.

Dans le «  carré national  » du cimetière de Neuilly-sur-Seine se trouvent 12 tombes. Ce sont celles de 12 des 69 fusillés du Mont-Valérien, le 15 décembre 1941. Ce jour-là, 95 otages furent passés par les armes en France  : 69 au Mont-Valérien, 13 à Caen, 9 à la Blisière, près de Châteaubriant, 4 à Fontevraud. « Politique des otages »

À Neuilly, 9 tombes sont anonymes. Sur les 3 autres, des noms sont inscrits  : ceux de Gabriel Bigot, Maïer Zauberman, émigré juif polonais, François Carcedo, un responsable de l’Université ouvrière, proche du PCF. Tous les trois sont communistes, comme ceux qui tomberont le même jour. Lucien Sampaix, journaliste et secrétaire général de «  l’Humanité  », à Caen  ; Gabriel Péri, député d’Argenteuil et éminent rédacteur de politique internationale à «  l’Humanité  »  ; Israël Bursztyn, journaliste également et administrateur du quotidien communiste en yiddish «  Naïe Presse  » (la Presse nouvelle).

La veille de cette fusillade, la plus massive depuis le début de l’Occupation et de la mise en œuvre, en août 1941, de «  la politique des otages  », le 14 décembre, Otto von Stülpnagel, le chef du Militärbefehlshaber in Frankreich (MBF, commandement militaire allemand en France, installé à l’hôtel Majestic à Paris), a fait placarder sur les murs un «  avis  »  :

Icon Quote Ces dernières semaines, des attentats à la dynamite et au revolver ont de nouveau été commis contre des membres de l’Armée allemande. Ces attentats ont pour auteurs des éléments, parfois même jeunes, à la solde des Anglo-Saxons, des juifs et des bolcheviques et agissant selon les mots d’ordre infâmes de ceux-ci. Des soldats allemands ont été assassinés dans le dos et blessés. En aucun cas, les assassins n’ont été arrêtés.

Pour frapper les véritables auteurs de ces lâches attentats, j’ai ordonné l’exécution immédiate des mesures suivantes  :

I. Une amende d’un milliard de francs est imposée aux juifs des territoires français occupés  ;

II. Un grand nombre d’éléments criminels judéo-bolcheviques seront déportés aux travaux forcés à l’Est. Outre les mesures qui me paraissent nécessaires selon le cas, d’autres déportations seront envisagées sur une grande échelle si de nouveaux attentats venaient à être commis  ;

III. Cent juifs, communistes et anarchistes, qui ont des rapports certains avec les auteurs des attentats, seront fusillés  » (1).

Les fusillades du 15 décembre 1941, si elles étaient nouvelles par leur ampleur et par leurs «  innovations  », comme on le verra, prenaient la suite d’un cortège déjà assez conséquent d’exécutions collectives d’otages. Le 6 septembre 1941, 3 au Mont-Valérien  ; 5 à Lille, le 15 septembre et 20, le 26 septembre  ; 27 à ­Châteaubriant le 22 octobre, 16 à Nantes et 5 au Mont-Valérien, le même jour  ; 50 otages au camp de Souge, le 24 octobre.

Au total, d’après le dictionnaire des fusillés  du «  Maitron  » (2), sur les 243 otages qui tombèrent de septembre à décembre 1941, on recense 154 communistes non juifs, 56 juifs, dont une majorité de communistes, 17 considérés comme gaullistes, 4 reconnus coupables de violences contre des soldats, 5 pour détention illégale d’armes.

Bernard Frédérick


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