5 décembre 1941. L’opération «  Barbarossa  » se fracasse sur Moscou

mardi 6 avril 2021.
 

Bernard Frédérick

En juin 1941, Hitler lance une vaste opération militaire contre l’URSS. Très vite, les nazis assiègent la capitale. Mais l’Armée rouge et la résistance populaire renversent la donne. Un tournant majeur dans la guerre.

Fin novembre 1941, l’offensive allemande contre Moscou, baptisée «  Typhon » et commencée le 5 octobre, était à deux doigts ­d’atteindre son objectif. Les divisions du 3e groupe blindé de la Wehrmacht qui devaient encercler la ville par le nord avaient poussé jusqu’à Dmitrov, à 67 km au nord de la capitale, sur le canal de la Moskova à la Volga. Les unités les plus avancées du 41e corps blindé avaient atteint Lobnia, à 27 km au nord. À l’ouest, les Panzer décrivaient un arc de cercle autour de Moscou, de Krasnaïa Poliana à Zvénigorod (48 km à l’ouest). Les avant-postes de combat de la 2e Panzerdivision se trouvaient au terminus du tramway de Moscou, dans les faubourgs de Khimki, à 16 kilomètres du Kremlin  ! Au sud, la 2e armée blindée de Guderian atteignait le centre industriel de Toula (193 km), que l’Armée rouge et les milices ouvrières défendirent avec acharnement et que Guderian ne prit jamais.

Le 29 novembre, Staline demanda au général ­Gueorgui Joukov, qui dirigeait la défense de la capitale, de lui dire «  honnêtement, comme un communiste  », si l’on pouvait encore sauver Moscou. Joukov expliqua que c’était possible, que les Allemands étaient épuisés mais qu’il lui fallait des renforts.

En juin 1941, Hitler lance le plan « Barbarossa » - la plus grande opération militaire de la Seconde Guerre mondiale - contre l’URSS. © Bridgeman Images

Depuis l’attaque allemande contre l’Union soviétique, le 22 juin 1941, l’Armée rouge n’avait cessé de reculer, perdant des centaines de milliers d’hommes, tués, blessés ou prisonniers. Joukov et Alexandre ­Vassilievski, chef adjoint de l’état-major général, soumirent à Staline un plan pour une contre-­offensive qu’il accepta.

Dans la nuit du 5 au 6 décembre, sur 1 000 kilomètres de front, l’Armée rouge se lança contre les lignes allemandes et les bouscula. Les nazis ne s’y attendaient pas, certains pensaient que les Soviétiques n’avaient plus la force d’entreprendre quoi que ce soit. Le commandant de la 2e Panzerdivision, Heinz Guderian, écrivit dans son journal  : «  L’offensive vers Moscou a échoué… Nous avons sous-estimé la force de l’ennemi, tout comme celle des distances et du climat.  » Le blitzkrieg ­d’Hitler avait échoué

Le 8 décembre, Hitler signa sa directive n° 39, ordonnant à la Wehrmacht de prendre une position défensive sur tout le front. Celle-ci n’y parvint pas. Ses chefs eux-mêmes disaient à Hitler que c’était impossible, qu’il leur fallait se replier pour consolider leurs lignes. Sans l’approbation d’Hitler, ils ordonnent une retraite. Hitler en annule l’ordre. Il renvoie Guderian le 25 décembre, avec les généraux Hoepner et Strauss, commandants de la 4e Panzer et de la 9e armée. Fedor von Bock, qui dirigeait l’opération « Typhon » depuis ses débuts, est licencié et Walther von Brauchitsch, le commandant en chef d’Hitler, est démis de ses fonctions, remplacé par… Hitler lui-même  ! «  La tâche du commandant en chef, explique-t-il, est de mener les troupes selon les préceptes du national-socialisme, et je ne vois aucun général qui ferait cela comme je veux que cela soit fait.  »

Les Allemands furent repoussés de 150 et 300 kilomètres tout autour de la capitale. Le blitzkrieg ­d’Hitler avait échoué. «  Quand les gens me demandent ce dont je me souviens le plus de la dernière guerre, dira ­Joukov, je réponds toujours  : la bataille pour Moscou. Elle a enterré le plan “Barbarossa”.  » La bataille aura fait 2,5 millions de morts, dont 2 millions de Soviétiques

Les combats autour de Moscou dureront jusqu’au début de l’année 1942, mais les Allemands n’entreront jamais dans la capitale soviétique et l’opération « Typhon » se soldera par un échec indiscutable. La bataille aura fait 2,5 millions de morts, dont 2 millions de Soviétiques.

Hitler et ses généraux prétendirent qu’ils avaient été battus non par les Soviétiques, mais par le «  ­général hiver  ». Aujourd’hui encore, des historiens et des journalistes reprennent cette antienne. Dans un rapport sur la bataille de Moscou commandé par les Américains au général von Greiffenberg, celui-ci écrit  : «  Le sort de la bataille de Moscou résulte de la combinaison des deux facteurs

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