Macron : l’auto-amnistie permanente

jeudi 18 novembre 2021.
 

Attention, silence ! Il y a un (nouveau) problème avec les comptes de campagne 2017 d’Emmanuel Macron. Surtout, il est urgent de ne rien en dire, de ne pas en faire une dépêche AFP reprise partout, de ne pas le mentionner au 20h de France 2...

J’imagine que lors de ma prochaine invitation dans une émission, il sera tout aussi important de ne pas m’interroger sur le sujet. Médiapart en fait un petit article. Rien à voir avec le tapage comme quand cela concerne Mélenchon ou l’un des membres de son équipe. Dans le cas de Macron, les intrépides « investigateurs » de copiés-collés des PV de police prennent bien le soin de mille précautions. À leur avis les sommes concernées sont « résiduelles ». Ouf ! Et « le candidat Macron était resté bien en deçà des plafonds autorisés par la loi ». Bizarrement, jamais ce genre de précisions n’apparait dans aucun de leurs papiers sur mes comptes de campagne, quand bien même j’étais en 2017 le candidat le plus économe parmi ceux qui ont dépassé les 5%.

Mais remercions Mediapart de faire connaitre l’info. On apprend donc dans cet article plein de délicatesses que le parti du Président, LREM, n’a toujours pas soldé ses factures de 2017 ! Un imprimeur, en particulier, n’a toujours pas été payé pour plusieurs commandes réalisées dans le cadre de la dernière campagne présidentielle. Il a notamment imprimé tracts et affiches pour la campagne de porte-à-porte organisée par Macron dans sa pré-campagne, en 2016. Mais également pour des évènements locaux en Seine-Saint Denis pendant le cœur de la campagne début 2017. L’entreprise, mise en grande difficulté par ces retards de paiements, a relancé plusieurs fois LREM pour recevoir son dû. Toutes les prestations avaient été réalisées en temps et en heure. Mais les multiples relances de la PME sont restées sans réponse.

Mettre en difficulté une petite imprimerie quand on est le parti politique au pouvoir et que l’on reçoit chaque année 22 millions d’euros de financements publics, ça la fout mal. Mais c’est finalement assez conforme au monde économique macroniste : les gros, gorgés d’argent public, étranglent les petits. Mais cette affaire, outre son aspect moral, pose un autre problème. Car les factures non payées n’ont pas été non plus déclarées avec le reste des comptes de campagne de Macron à la Commission nationale des comptes de campagne. Cette omission rend de fait le compte de Macron insincère. Cette révélation amène surtout la question suivante : est-ce l’unique cas où des dépenses n’ont pas été déclarées ? Ou bien ces factures retrouvées 5 ans après les faits sont-elles la partie émergée de l’iceberg ?

Pour le savoir, encore faudrait-il que quelqu’un enquête. La Commission nationale des comptes de campagne pourrait par exemple faire un signalement au procureur pour qu’il déclenche une enquête préliminaire. Le fait qu’elle ait validé les comptes de Macron ne pose pas de problème puisqu’elle en a fait autant dans mon cas.

Bien sûr, rien de tout cela n’arrivera. Car ce n’est pas la première fois que des soupçons pèsent sur le financement de la campagne 2017 pour Macron. Mais à chaque fois, cela a été soigneusement enterré. Ainsi, 87 600 euros de dons avaient été pointés dans un premier temps comme non conformes par la commission. En effet, plusieurs dons provenant du même compte en banque dépassaient le plafond autorisé de 4600 euros par personne. Mais la commission s’était à l’époque contentée des explications des concernés qui avaient déclaré que tout ce qui dépassait était en fait un don de leur conjoint.

Il y a ensuite les faits troublants relatés par l’ancien ministre du Budget Christian Eckert dans son livre « un ministre ne devrait pas faire ça ». Résident du ministère de l’Économie en même temps que Macron, il a noté en 2016 une utilisation par lui des moyens de l’État pour réaliser des levées de fonds, des évènements avec des donateurs. Cette méthode discutable avait d’ailleurs conduit Manuel Valls à mentir, à son insu, dans l’Assemblée nationale en répondant que son ministre de l’Économie n’avait pas organisé de levée de fond pour son parti à la City de Londres pendant un déplacement officiel. C’était pourtant bien le cas. Mais ni la Commission des comptes de campagne, ni aucun tribunal n’a jugé utile d’enquêter de plus près sur ces pratiques.

Il y a ensuite l’affaire des ristournes. De nombreuses entreprises dans l’évènementiel ont fait profiter Emmanuel Macron de réductions de prix considérables. C’est le cas d’une péniche à Lyon pour un évènement de septembre 2016 dont le prix a été divisé par 3 pour accueillir le candidat. D’autres propriétaires de salles, notamment à Paris, mais aussi dans des villes de province, ont pratiqué aussi d’importantes soldes spéciales pour le candidat Macron. C’est le cas de Jean-Marc Dumontet, propriétaire de théâtre à Paris. Mais aussi de GL Events, la plus grosse entreprise du secteur ou encore des propriétaires de la Bellevilloise, une salle parisienne.

En tout, 19 « ristournes » ont été recensées. Elles sont toutes plus importantes que la limite généralement considérée comme « normale » dans le cadre d’une campagne électorale. Elles font pour certaines d’entre elles contraste avec les pratiques commerciales appliquées à d’autres candidats de la même élection pour les mêmes prestations. Mais la Commission aurait examiné l’affaire en 10 minutes. Un témoin de la scène a raconté : « Ça n’a suscité aucune discussion particulière, on a énuméré les ristournes, et nous sommes passés au sujet suivant ». Une plainte avait tout de même été déposée par l’association Anticor pour « tentatives de détournements de fonds publics », « abus de confiance », « abus de bien sociaux ». Elle fut classée sans suite en quelques mois par le parquet de Paris.

Mais pour ce qui nous concerne, la machine des convocations compte rendus donnés à la presse et mises en examen perlées pour motifs bidons bien infamants relayés par les médias du gouvernement : la fête continue.


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