Rare et précieuse, l’eau un bien commun

dimanche 14 novembre 2021.
 

L’eau a semblé être une ressource inépuisable jusqu’à ces dernières décennies. Ce n’est plus le cas. La qualité de l’eau est également altérée par différentes pollutions. L’eau devrait être gérée comme un bien commun protégé des intérêts financiers (*).

La première alerte a été médiatisée en 1974 par un ingénieur agronome lors d’une intervention télévisée. René Dumont apparaît à l’écran avec un verre d’eau en disant que cette ressource est en danger.

Dérèglement climatique et cycle de l’eau

Depuis, les faits ont donné raison à cette annonce. Les répercussions du changement climatique sur le cycle de l’eau sont catastrophiques. Évaporations dues au réchauffement, aux déboisements, et cultures intensives apportent inondations, perturbation des cycles de la mousson en Inde, mais surtout déficit et sécheresse.

D’après le Programme mondial des Nations unies, le monde devra faire face à un déficit hydrique global de 40% dès 2030.

Une eau douce plus rare et plus polluée

La raréfaction de l’eau ne fait qu’amplifier les graves problèmes de pollution.

Dans le monde, 3,5 milliards de personnes boivent une eau dangereuse ou de qualité douteuse, et entre 3 millions de personnes (principalement des enfants) meurent chaque année de diarrhées dues à l’insalubrité des eaux.

En France, plus d’un million de consommateurs, surtout en zones rurales, boivent une eau polluée.

Les principaux pollueurs sont l’industrie avec les rejets de produits chimiques ; et la pollution agricole avec les produits phytosanitaires/pesticides qui pénètrent les sols jusqu’à atteindre les eaux souterraines.

Sans compter la pollution au plastique dénoncée dernièrement par une vidéo (Brut.media Nestlé, cliquer ICI).

Qu’on ne s’y trompe pas, si rien n’est fait pour une transition vers une production moins chimique et responsable, et vers une agriculture écologique et paysanne, la facture sera très salée.

L’eau pour la vie pas pour les profits

Une eau plus rare et une eau potable plus coûteuse, voilà qui attise encore plus les appétits des prédateurs financiers.

En France, comme ailleurs les grands groupes se battent pour obtenir les marchés de production et de distribution d’eau potable et d’autres cherchent à privatiser directement la ressource.

Ainsi ans les Vosges (leauquimord.com), la multinationale Nestlé Waters a décidé que la nappe phréatique lui appartenait et pouvait en disposer à sa guise. Au détriment des populations locales qui vont devoir se rationner ou devoir la payer plus chère. À tel point que la commune va devoir importer de l’eau potable de villages voisins et que les nitrates n’arrangent rien. Selon le bureau de recherche et de géologie minière BRGM, au-delà de 2050 la nappe profonde est fichue.

Nous devons éviter à tout prix que l’eau ne finisse par devenir une simple marchandise objet de spéculation boursière, comme c’est le cas en Californie depuis décembre 2020. Pour cela il faut sonner la mobilisation générale.

Nous sommes favorables à l’inscription dans la Constitution française du droit à l’eau et à l’assainissement, à protéger l’eau et à interdire son accaparement par les multinationales

Une gestion solidaire évite les inégalités entre les régions. Un grand plan d’investissement sous la forme d’aides aux collectivités compétentes doit permettre de rénover rapidement tous les réseaux. Une gestion populaire vise l’accès de l’eau au plus grand nombre par la gratuité des compteurs et des mètres cubes vitaux, une tarification différenciée selon les usages.

Il faut choisir entre le champagne pour quelques-uns, et l’eau potable pour tous (Thomas Sankara).

(*) Nous devons gérer l’eau comme un bien commun (tribune parue dans Reporterre le 22 mars 2021)


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