Anne Hidalgo, la colonisation et son "débranchement"

samedi 16 octobre 2021.
 

La candidate socialiste à la présidentielle peut raconter n’importe quoi, toute la gauche s’en moque éperdument. Même du côté du PS. Pourquoi, et jusqu’à quand ?

Anne Hidalgo souffre-t-elle du syndrome des écolos allemands ? Dès qu’elle se met à parler, les sondages de la candidate socialiste à l’élection présidentielle [1] se réduisent comme peau de chagrin. Dernier exemple en date, ce dimanche, sur le plateau de France 3. Anne Hidalgo est interrogée sur les propos du candidat Macron de 2017 qui arguait alors que la colonisation était un « crime contre l’humanité ». Réponse de la socialiste :

« Je n’utiliserais pas ces mots-là. C’est là qu’on voit qu’Emmanuel Macron n’a pas de colonne vertébrale. C’est en fonction de son auditoire, du buzz qu’il va créer, et ça fait des dégâts incommensurables. On est en 2021, il y a des défis majeurs, planétaires, sur les questions climatiques, sociales, les questions de démocratie, vous croyez vraiment qu’on a le temps, quand on est président de la République, d’aller créer ce type d’incident diplomatique ? »

On pourrait croire, au premier abord, qu’Anne Hidalgo n’a pas compris, ou pas entendu, que la journaliste l’interrogeait sur des propos de 2017. Croyait-elle que la journaliste voulait la faire réagir sur les dernières déclarations du Président au sujet de l’Algérie ? À ce moment de l’interview, elle confond et n’utilise pas les bons éléments de langage qui, on peut l’imaginer, l’invite à tacler Emmanuel Macron. Version bienveillante.

On peut aussi admettre qu’Anne Hidalgo reste fidèle à la doxa socialiste qui veut que la colonisation ne saurait être, ni juridiquement ni philosophiquement, qualifiée de crime contre l’humanité. Il se trouve qu’Anne Hidalgo est candidate non à un poste de professeure de droit international mais à la présidence de la République dans un moment où le débat se crispe, voire s’hystérise, sur l’histoire de France. On pourrait attendre d’elle une réaction politique.

Malaise socialiste

Car au fond, ce qui est grave, c’est qu’Anne Hidalgo juge que la question algérienne n’est pas essentielle. Ce débat n’est pas un « défi majeur ». Elle voit ce retour sur l’histoire comme une possibilité d’incident diplomatique, qu’il faudrait ravaler derrière les enjeux écologiques, sociaux et démocratiques. Dans la catégorie « J’esquive l’affrontement avec les idées rances », elle vise le podium.

Et pourtant cette affaire ne prendra pas l’ampleur qu’avait suscité une polémique comme celle sur les réunions non mixtes d’un syndicat étudiant… Personne au PS ne vient la défendre, aucun autre candidat ne l’attaque.

À gauche, silence radio

Certes, plus personne ne considère Hidalgo comme centrale dans la bataille pour l’Élysée 2022. Mais son avenir est un enjeu à gauche. « Je pense qu’Olivier Faure va tout faire pour éviter un naufrage et va la "débrancher" dans les prochaines semaines si elle ne décolle pas », dit un élu socialiste à BFMTV. « Débrancher », c’est le mot en vogue pour qualifier la maire de Paris.

Cela ne ferait pas les affaires de Jean-Luc Mélenchon qui n’a évidemment aucun intérêt à son affaiblissement au point qu’elle doive se retirer, favorisant Yannick Jadot. Mais comment comprendre le silence du candidat EELV ? Il est concentré sur son objectif de gagner en respectabilité. Aucun avantage de réagir aux propos d’Hidalgo sur la colonisation tant il cherche à se décoller d’une étiquette « woke » et autre « islamo-gauchiste ». Donc Hidalgo dit n’importe quoi, et pire encore… sans réaction.

Loïc Le Clerc

Notes

[1] Les militants socialistes doivent se prononcer sur sa candidature lors d’un vote le 14 octobre prochain.


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