Anti-pass à Montpellier : l’extrême-droite rabrouée lors d’une mobilisation en hausse

samedi 28 août 2021.
 

Nouvelle mobilisation ce samedi 21 août à Montpellier avec plus de 10 000 personnes réunies contre le Pass sanitaire. La manifestation a été marquée par une violente altercation entre des militants d’extrême-droite (dont la Ligue du Midi) et un front antifasciste spontanément formé.

Nouvelle mobilisation contre le Pass sanitaire ce samedi 21 août à Montpellier, plus de 10 000 personnes ont de nouveau déambulé autour de l’Écusson aux cris de “Liberté !” ou encore “le Pass sanitaire, on n’en veut pas !” On notera la présence massive de pompiers, de soignant·es, ou encore de groupes Gilets jaunes, parmi des slogans et pancartes axées sur les thématiques sanitaires, des libertés individuelles, et plus minoritairement sociales.

La manifestation a cette semaine été marquée par une violente altercation entre les militants d’extrême-droite (membres de la Ligue du Midi ou de Jeunesse Saint-Roch) qui formaient le service d’ordre du kinésithérapeute meneur de la mobilisation Christophe Derouch, et un front antifasciste formé spontanément.

Lors des prises de parole inaugurales sur la place de la Comédie, on sentait déjà une certaine tension autour de cette présence de l’extrême-droite, de plus en plus visibilisée sur Montpellier, notamment par le travail des médias indépendants. Une première altercation s’est produite rue Foch entre des identitaires et des militants antifascistes tentant d’emmener le cortège en manifestation sauvage. Mais le faible nombre de manifestant·es qui semblaient vouloir s’y prêter, a finalement pondéré cette ambition et le cortège est resté unifié.

Peu de temps après, la ligne antifasciste est remontée en tête de cortège au niveau du Jardin des Plantes, sur le boulevard Henri IV, et a interrompu la marche de celui-ci. Les tensions sont allées bon train avec les militants identitaires, lesquels ont décidé de contourner ce blocage en emmenant le cortège par la rue de l’École de médecine. Mal leur en a pris puisque les antifascistes leur ont emboîté le pas et sont parvenus à les y isoler, avant qu’un violent et bref affrontement ne se produise, faisant des blessé·es léger·es dans les deux camps. Le dispositif policier minimaliste une nouvelle fois mis en place pour cette manifestation a rendu impossible toute intervention des forces de l’ordre.

L’épisode aura finalement largement visibilisé la présence des groupuscules d’extrême-droite, bloqués un temps par un cordon sanitaire imposé par la foule, aux yeux d’un cortège qui a poursuivi sa marche aux cris de “Anti ! Anti ! Antifascistes !”. Les manifestant·es ont ensuite rejoint la place de la Comédie en passant par le Corum et l’Esplanade. Un bref sit-in y a vu la Ligue du Midi copieusement huée en traversant la place pour la quitter. Avant que plusieurs milliers de manifestant·es ne se lancent dans un tour de l’Écusson sauvage, le Préfet de l’Hérault ayant, comme la semaine précédente, strictement balisé par arrêté le parcours de cette mobilisation.

Unité et confusion

Cette semaine encore, certains éléments de l’imagerie de cette mobilisation anti-pass avaient de quoi susciter des interrogations : une abondance d’éléments de propagande tirés du groupe militant confusionniste La Rose Blanche, quelques étoiles jaunes qui se baladent, des références antisémites (l’un des meneurs du cortège portait explicitement la mention “Mais Qui ?” qui a récemment fait polémique), etc. Mais le plus préoccupant reste tout de même les efforts de certains meneurs de la mobilisation à y associer et inclure l’extrême-droite, sous couvert d’apolitisme et d’une unité qui serait forcément nécessaire à la victoire contre Macron : "Qu’on soit d’extrême-droite ou d’extrême-gauche, on n’en a rien à foutre ! (sic)" s’égosillait une meneuse au mégaphone. Il y a pourtant des antagonismes qui ne se surmontent pas, en dépit de la confusion et des errements de la culture politique et historique de certain·es.

L’extrême-droite, c’est une vision du monde paranoïaque, sexiste, xénophobe et raciste, un projet de société mortifère et excluant, et des agissements violents – notamment sur les minorités – qui n’ont pas attendu la montée en puissance du RN pour se concrétiser. Et c’est aussi, historiquement, l’un des recours les plus extrêmes d’une bourgeoisie capitaliste aux relents nationalistes. On ne lutte pas aux côtés de l’extrême-droite, on lutte contre, ce qui n’empêche en rien de lutter contre le gouvernement. Aussi, alors que le RN s’installe aux portes du pouvoir, que la rhétorique raciste ou islamophobe envahit les plateaux des médias et est même reprise en boucle par le gouvernement, on ne peut que s’étonner du déni de réalité de certains groupes tels que les très politisés Gilets jaunes des Près d’Arènes ou la Libre Pensée de l’Hérault, qui font mine de ne voir, derrière les efforts des médias indépendants engagés sur la question, qu’une volonté de discréditer ce mouvement anti-pass.

De tels positionnements propagent une vision chimérique de la lutte politique et entretiennent le confusionnisme ambiant dans cette mobilisation. La presse indépendante lutte pour la manifestation de faits objectifs. La présence d’une imagerie confusionniste ou antisémite abondante, ainsi que d’une extrême-droite violente, qui s’organise et avance masquée en tête de cortège autour d’un meneur se disant apolitique, ne constitue pas des “faits secondaires ou anecdotiques“, formulation très déconcertante de la part de militant·es pourtant issu·es de la lutte des classes. Mais comme on dit, il n’y a plus aveugle que ceux qui ne veulent voir.


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