Lutte de classe et conscience de classe 3 Une coupure capitale avec l’histoire (Par Samuel Johsua, universitaire, LCR)

vendredi 7 septembre 2007.
 

Ces dernières décennies manifestent dans la partie majoritaire de la gauche un glissement de la référence social-démocrate classique au social-libéralisme. La première est marquée, non principalement par le rejet de la référence aux classes sociales, mais par une pratique soutenue de la collaboration de ces classes. Le conflit peut s’imaginer, mais dans le respect au final du système dominant. Or le basculement dans la globalisation capitaliste et la concurrence généralisée a une tendance de plus en plus marquée à réduire les marges de négociations. Plus de « grain à moudre » pour alimenter la collaboration. Depuis les années 1980 le choix est donc fait au PS de la mise en pratique en nom propre des options capitalistes majeures. Seule la conscience de la source des suffrages contraint les dirigeants socialistes à chercher à gommer les effets les plus désastreux de ces orientations sur les classes populaires. C’est le social-libéralisme, où le libéralisme est l’essentiel et le social l’écume. Aujourd’hui, un pas supplémentaire est exigé à la fois par les médias proches du PS et par la majorité de ses dirigeants : mettre les références idéologiques en adéquation avec cette pratique. Et donc abandonner tout ce qui rappelle, explicitement ou pas, les classes sociales, leurs luttes et leur opposition. Déjà dans la campagne présidentielle Ségolène Royal appelait à des politiques « gagnant gagnant » entre les entreprises (autrement dit les classes dominantes) et les salariés (autrement dit, le prolétariat, pour l’essentiel). Comme si, dans la période actuelle ce que gagnent les premiers n’était pas perdu par les seconds (en termes de privatisations, de destruction des solidarités, ou simplement de salaires perçus).

On pourrait dire qu’il ne s’agit là que d’un changement dans les paroles, les actes ayant précédé depuis longtemps. Mais on aurait tort. Cela signifie au contraire une coupure capitale avec l’histoire de la gauche et avec le prolétariat comme classe postulant à un changement de société. Alors qu’un espace existait pour au moins débattre de l’adéquation entre la politique effectivement suivie et les proclamations, cet espace disparaît. Comme le disait déjà Michel Rocard, vigie avancée de ce processus, le capitalisme est désormais jugé « indépassable ». Cette évolution paraît irréversible. Certes cela n’annule pas la différence entre la gauche et la droite, appuyée sur des électorats socialement différents. Mais cela pose un problème désormais incontournable : toute alliance gouvernementale avec la direction du PS est synonyme de soumission à ce même horizon, puisque même au niveau des paroles la donne est claire. Et, inversement, se fait chaque jour plus pressante la nécessité du regroupement dans un nouveau parti de tous les anticapitalistes, de tous ceux pour qui l’espoir d’un changement de société prioritairement appuyé sur le conflit de classes reste la boussole.

Par Samuel Johsua, universitaire, membre de la direction nationale de la Ligue communiste révolutionnaire.


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