Haditha, une autre tache au dossier américain ?

dimanche 2 septembre 2007.
 

Au moment où le Pentagone termine ses enquêtes sur la tuerie de Haditha, en Irak, des membres du Congrès américain accusent les responsables militaires d’avoir étouffé la vérité.

Des Marines américains sont soupçonnés d’avoir tué de manière gratuite au moins 24 civils irakiens, dont des femmes et des enfants, dans cette ville de l’ouest de l’Irak, en novembre dernier. Si cette bavure devait être confirmée, elle pourrait avoir un effet sur l’opinion publique encore plus dévastateur que celui des sévices sur des détenus de la prison irakienne d’Abou Ghraib.

Le représentant de l’État de Pennsylvanie, le démocrate John Murtha, a déclaré dimanche, sur la chaîne ABC, qu’il n’y avait aucun doute que de l’information avait été dissimulée dans cette affaire. Il a rappelé que les premiers rapports indiquaient que les Irakiens avaient été tués par des explosifs, avant que le magazine Time ne révèle des détails plus incriminants.

« Quand [le chef d’état-major interarmées, le général Peter Pace] a-t-il été mis au courant ? A-t-il ordonné d’étouffer l’affaire ? Qui a ordonné d’étouffer l’affaire ? » a demandé M. Murtha. « Le monde doit savoir que ce n’est pas le genre de choses que fait l’armée américaine », a-t-il ajouté.

Pour sa part, le sénateur républicain John Warner a lancé un appel au calme sur ABC, tout en se demandant si l’enquête sur cet incident n’avait pas trop tardé. M. Warner a promis que le Congrès tiendrait des audiences comme il l’avait fait pour le scandale d’Abou Ghraib.

Le Pentagone mène deux enquêtes en même temps. L’une, criminelle, pourrait mener à des accusations de meurtre contre plusieurs Marines, selon des sources proches du ministère de la Défense. L’autre, administrative, pourrait mettre en cause la hiérarchie militaire.

Le fil des événements

Le 19 novembre 2005, un Marine et 15 civils irakiens sont tués par l’explosion d’une bombe dissimulée en bordure d’une route de Haditha. Un communiqué publié le lendemain par l’armée américaine confirme la mort d’un jeune caporal dans cet incident.

Des affrontements auraient ensuite opposé des insurgés aux militaires américains. Au moins huit rebelles irakiens auraient été abattus.

À partir de ce moment, le récit devient plus confus.

Des témoignages recueillis par le Time, par le Washington Post et dans l’enquête de la Marine disent que les militaires semblaient troublés et désorganisés après ces violences. Des témoins ont raconté que les Marines étaient entrés dans trois maisons avoisinantes et en avaient liquidé les occupants.

Des médecins irakiens ont expliqué que les soldats avaient tiré à bout portant, puisque les balles avaient traversé les corps de bord en bord. Les Marines auraient ensuite tiré sur un taxi et tué tous ses occupants.

De son côté, l’armée américaine a affirmé qu’au milieu du chaos, des Marines auraient confondu des insurgés avec des civils.

L’avocat d’un Marine lié à l’affaire a dit également que des maisons supposément brûlées par les Marines auraient plutôt été détruites par des frappes aériennes. Si cette dernière information était vraie, cela supposerait que des commandants étaient au courant de ce qui se passait à Haditha ce jour-là.

La presse américaine a aussi rapporté que le réseau Al-Qaïda en Irak aurait utilisé des images de Haditha, tournées par un étudiant irakien en journalisme, comme outil de propagande. Le groupe les aurait diffusées dans des mosquées de Syrie, de Jordanie et d’Arabie saoudite.

Complément du 1er septembre 2007

Un soldat américain, témoin de la tuerie d’Haditha en Irak au cours de laquelle 24 civils irakiens ont été tués, a raconté vendredi devant un tribunal militaire comment cinq de ces civils ont été abattus de sang-froid par un sergent.

Le caporal Sanick DeLa Cruz, 24 ans, d’abord inculpé dans cette affaire avait été blanchi par la justice militaire à condition de témoigner à charge contre ses anciens camarades de combat. Il était cité par l’accusation au cours d’une audition devant un tribunal militaire réuni à Camp Pendleton (Californie).

Cette audition était destinée à décider si le sergent Frank Wuterich, 27 ans, accusé d’avoir tué 17 civils irakiens doit être ou non jugé.

DeLa Cruz a raconté avoir vu le sergent Wuterich ouvrir le feu sur cinq hommes non armés dont certains avaient les bras levés.


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