La candidature communiste à la présidentielle de 2022 validée par les adhérents du PCF augmente la probabilité de l’élection de Marine Le Pen

lundi 12 juillet 2021.
 

Tribune libre d’Hervé Debonrivage

La candidature communiste à la présidentielle de 2022 validée par les adhérents du PCF augmente la probabilité de l’élection de Marine Le Pen.

En affaiblissant le potentiel électoral de Mélenchon, la grande bourgeoisie ne peut que se féliciter de la confirmation de la candidature du communiste Fabien Roussel.

Pour juger de l’absurdité et de la dangerosité politique de la décision des adhérents du PCF de présenter un candidat à l’élection présidentielle de 2022, il est nécessaire de rappeler dans quel contexte économique, social et politique se trouve actuellement notre pays.

- Une remise en cause sans précédent des acquis sociaux (loi travail, Hollande – Macron, attaque contre la retraite par répartition et les indemnités de chômage, etc.

- Des lois sécuritaires remettant en cause gravement les libertés publiques et dérives autoritaires sans précédent.

- Répression ultra violente du mouvement des Gilets jaunes, instrumentalisation destructive de la justice pour anéantir politiquement LFI,

- Des attaques multiples de l’extrême droite avec instrumentalisation du fantasme d’islamogauchisme contre les forces progressistes, agitation extrême – droitière au sein de la police et de l’armée.

- Remise en cause par plus de 80 % de la population des structures de partis traditionnels et de la représentation politique.

- Reprise par une large partie de la population des pseudos arguments du RN concernant l’immigration selon un dernier sondage.

- Dérive vers l’extrême droite de plusieurs pays européens.

- Remise en cause de la légitimité de Macron par une partie relativement important de son électorat qui ne reflétera pas pour lui.

Donc jamais la prise de pouvoir en France par un parti d’extrême droite n’a été aussi probable.

La présence croissante de l’extrême droite au sein des grands médias et des réseaux sociaux aggrave encore la situation.

C’est dans ce contexte délétère que le PCF décide de faire cavalier seul et de ne pas renforcer le courant authentiquement de gauche actuellement majoritaire.

Les scores électoraux au premier tour seront très serrés et il est tout à fait possible que Mélenchon ne puisse franchir la barre pour le second tour avec un manque de 1 % à 3 %.

Or, c’est justement environ la fourchette du score que peut espérer le PCF.

Faute des voix du PCF, Mélenchon peut être battu et alors Marine Le Pen a toutes les chances d’être élu présidente de la république.

La direction du PCF ne semble pas avoir compris l’extrême dangerosité de la situation politique actuelle, ce qui revient finalement à accepter l’idée que le RN puisse gouverner la France.

Sa position est d’autant plus absurde que l’on voit mal l’avantage qu’il peut avoir à se présenter. Ses chances d’accéder au second tour sont quasi nulles. L’examen de l’évolution du score du PCF aux différentes élections présidentielles depuis 1969, lorsqu’il se présente seul, montre une décroissance constante.

Il n’est même pas évident que ces frais de campagne soient remboursés en 2022.

Cette décision est encore d’autant plus incompréhensible que le programme de l’Avenir en commun, en continuité avec le programme commun de la gauche de 1972, avec le programme du Front de Gauche L’Humain d’abord n’est pas globalement éloigné des positions du PCF. À l’assemblée nationale, les 2 formations votent et s’opposent au même texte dans la très grande majorité des cas.

Alors comment expliquer l’absurdité d’une telle position ?

Bêtise ? Oui ça existe !), réflexe identitaire égoclanique ? Narcissisme ? Absence de tout esprit stratégique ? Inculture historique ?

Essayons d’entendre les « arguments » de Fabien Roussel.

1er argument Dans les sondages, le score de Mélenchon es-tu actuellement de 11 %. Argument doublement discutable : En fait, en sous-entendu, cela signifie que Roussel ne croit pas la victoire de Mélenchon et considère déjà la partie perdue par avance. Merci pour la combativité.

Second argument : La meilleure façon d’affirmer l’identité du PCF est de se présenter à l’élection qui permet le plus de publicité à ses idées c’est-à-dire à l’élection présidentielle.

C’est en partie vraie, mais c’est éphémère comme on peut s’en rendre compte sur le devenir de certains candidats minoritaires. En prenant le risque de faire élire Marine Le Pen, il prend le risque de faire disparaître son parti du champ politique français. Ainsi, en voulant affirmer son identité, il prend le risque tout simplement de la détruire.

Si l’on peut comprendre au nom d’une « real politique » des alliances à géométrie variable, y compris avec des socialistes hollandiste, au niveau local, pour conserver leur siège d’élu local et éviter le chômage en cas de défaite, cette décision au niveau national pour la présidentielles 2022, n’a aucun fondement rationnel. Faut bien la qualifier pour ce qu’elle est : irresponsable.

Supposons un instant que le PCF soutienne Mélenchon 2022 et que celui-ci soit élu. Dans une telle configuration, plusieurs communistes obtiendraient un poste de ministre.

On objectera qu’il s’agit ici de politique fiction : certes, mais c’est une politique fiction de combat et non de soumission ; la position consistant à parier que Mélenchon sera de toute façon battu : c’est aussi de la politique fiction, mais c’est une politique fiction de résignation est extrêmement dangereux.

La majorité des membres du PCF ne semble pas avoir compris que l’ennemi politique à abattre pour la grande bourgeoisie c’est LFI et Mélenchon en raison du contenu de leur programme et du score obtenu à la présidentielle de 2017.

La bourgeoisie n’a rien à craindre de groupuscules politiques contestataires ne dépassant pas 5 %. Au contraire, en mobilisant ses médias, elle a tout intérêt à favoriser la multiplication de ces petits groupuscules.

Elle ne peut donc qu’applaudir à la décision du PCF.

On pourrait considérer mes propos comme « anticommuniste ». Il an n’est rien. Je connais très bien l’histoire du PCF le sacrifice de ses militants pendant la seconde guerre mondiale pour défendre nos libertés, son rôle primordial dans la construction du modèle social français, ces différentes actions locales et nationales pour défendre les travailleurs au travers notamment des syndicats. Mais il me semble que le bon sens doit transcender, à certains moments de l’histoire, les intérêts de parti.

Si c’était un communiste qui avait réalisé le score de Mélenchon en 2017, je voterai pour un communiste en 2022.

Si c’était un membre du NPA qui avait réalisé le score de Mélenchon en 2017, je voterai pour un représentant du NPA.

Si c’était un membre GRS qui avait obtenu le score de Mélenchon 2017, je voterai GRS, et tout cela en raison de la proximité des programmes et de leur commune remise en cause des privilèges de la caste dominante.

Il me semble totalement aberrant dans un contexte aussi dangereux que la situation politique actuelle, que l’on ne se rallie pas d’emblée à la formation politique majoritaire.

Ne pas adopter une telle stratégie de bon sens, c’est être hors sol en ne regardant pas en face la menace de l’extrême droite et la souffrance sociale multiforme qui ronge notre société.

Il est peut-être aussi bon de rappeler que le programme de LFI l’Avenir en commun n’est pas un programme écrit par Mélenchon et quelques amis, mais un programme qui a été élaboré sur une longue durée en consultant de nombreux syndicats et associations, intégrant les contributions de plusieurs milliers de citoyens. Ce programme avait reçu en 2017 l’appui de 160 économistes et d’ universitaires répartis dans près de 20 pays


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