L’ ami, le camarade, Abderrahmane Arfoutni dit Kamel est mort ce 18 avril 2021 à Alger des suites de la Covid-19.

jeudi 22 avril 2021.
 

Sincères condoléances à sa femme Safia, ses filles Mimo et Leila, et à toute la famille Arfoutni.

Qui est Abderrahmane Arfoutni ?

L’un des premiers professeurs de sport de l’Algérie indépendante, si ce n’est le premier. Sorti de l’INSEP en France, il avait décidé de se joindre aux milliers de jeunes Algériens comme lui, fort d’un grand espoir celui que seule une révolution est capable d’insuffler à tout un peuple, pour participer à l’édification d’une Algérie libre et indépendante. Il s’est donné corps et âme à son métier de professeur d’éducation physique. Jamais il n’a accepté de se compromettre malgré les pressions. Il est entré dans la vie active en tant qu’enseignant, il est sorti à l’âge légal de la retraite enseignant habitant le même endroit que le premier jour de son retour en Algérie.

Militant et dirigeant avec Mustapha Ben Mohamed (adhefelas ya3fou Rebi) et Saïd Mitiche qui ont constitué le Noyau de militants en 1965, devenu 24 ans plus tard le Parti des Travailleurs (PT). C’est durant les années de dictature militaire de Boumediene que Mustapha Ben Mohamed (Moudjahed), Saïd Mitiche et le jeune Abderrahmane Arfoutni ont fondé le Comité de Liaison des Trotskystes Algériens (CLTA), section Algérienne de la quatrième Internationale. Passant du comité à l’organisation en 1980, ils ont fondé l’Organisation Socialiste des Travailleurs (OST). Il est utile de rappeler que dès les premières actions des étudiants en Avril 1980 à Tizi Ouzou, l’OST a été la première organisation clandestine à publier une déclaration ayant pour titre "Vive la grève générale de Kabylie". Abderrahmane Arfoutni était l’un des principaux rédacteurs de cette déclaration dont les principaux axes restent d’actualité. Un nouveau combat, avec une nouvelle génération de militants avait alors commencé pour les deux dirigeants. Malgré la répression, la prison, les intimidations contre lui et sa famille,

Abderrahmane n’a jamais lâché.

Infatigable militant syndicaliste et politique, il avait participé à tous les combats démocratiques lui et sa campagne Safia : Mouvement Culturel Berbère (MCB Alger), ligue des droits de l’homme, comité pour l’abrogation du code de la famille, comité contre le paiement de la dette, comités populaires pour l’assemblée constituante souveraine etc.

Kamel Arfoutni a mené une vie de militant pleine, avec toutes les difficultés que connaissent les militants politiques engagés et honnêtes en Algérie.

Kamel Arfoutni est parti comme il l’a toujours souhaité, en combattant.

Il y a juste quelques semaines, à son admission à l’hôpital alors qu’il souffrait de ce nouveau virus qui est entrain de mettre à nu les systèmes réactionnaires du monde entier qui ont fait des systèmes de santé des déserts médicaux, sa première réaction était d’encourager les médecins, infirmiers et adjoints qui venaient de déclencher une grève.

Il n’a pensé ni à lui, ni à sa famille ; sa première réaction, celle du militant, a été de dialoguer et de discuter avec ses soignants sur les revendications et la conduite de la grève.

Les professionnels de santé de tous les grades à Mustapha connaissent Kamel Arfoutni en tant que militant. Depuis des dizaines d’années, il a pris l’habitude, en tant que syndicaliste, de passer les voir à chaque fois qu’ils sont en lutte pour leur apporter soutien et encouragements.

Kamel a horreur des réceptions aux ministères, présidence, ambassades ; ça il le laisse aux "lehassines rangers" comme disent les jeunes dans les marches le vendredi et mardi depuis l’ouverture du processus révolutionnaire de février 2019.

Dès l’ouverture du processus révolutionnaire de février 2019, Kamel Arfoutni a été le premier à Alger à sortir avec une banderole : "Pour une Assemblée Constituante Souveraine". Depuis, chaque vendredi au même endroit, avec ses pancartes explicatives, il dialogue et discute avec les citoyens, il fait son travail de militant. C’est durant cet engagement qu’il a constitué le comité "Voix du Peuple".

Il a toujours eu cette préoccupation majeure, celle de ne jamais laisser rompre le fil de la continuité. Avec son comité "Pouvoir au peuple", Kamel Arfoutni a tenu à transmettre son expérience à la nouvelle génération, celle de la révolution de février 2019.

Malgré les menaces et les coups répétés de la police, il n’a pas cédé, il est resté à la même place, à chaque banderole confisquée par la police, une semaine après une autre vient prendre sa place au même endroit.

Dès la reprise de la dynamique du Hirak le 16 février 2021, Kamel est ses camarades du comité "pouvoir au peuple" ont repris les marchés. On le voit dans cette photo de la marche du 8 Mars aux côtés des hommes et des femmes combattant pour l’abrogation du code de la famille.

Arrêté à plusieurs reprises durant sa vie de militant, en 70, 77, 83 avec d’autres militants comme Akli Boukacem, Toufik Douma, Leila Souidi, Louisa Hanoune, Ali Toulmatine, Kader Groucen...mais il n’a jamais abdiqué. Ni abandonné la lutte ni accepté d’aller à la mangeoire.

Kamel Arfoutni a passé la vie qu’il avait choisi consciemment, celle d’un militant ouvrier révolutionnaire. Ce n’est pas la plus facile, mais c’est la plus noble de toutes.

Kamel Arfoutni a goutté à tous les bâtons de tous les régimes de l’arbitraire qui se sont succédé depuis 1962 pour avoir refusé d’abandonner le combat pour la démocratie véritable et le socialisme.

Mourad Yefsah

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