Birmanie : une chronologie du Xe siècle à 2018

jeudi 15 avril 2021.
 

Chronologie présentant les principales dates et événements de la région birmane.

Avant le Xe siècle : Royaume Pyu. La région est peuplée de différentes tribus, originaires du Tibet, du Yunnan ou de Thaïlande.

XIe siècle : Le premier empire unifié est fondé par les Mon. Pagan sera la capitale du royaume de 1044 jusqu’à sa destruction en 1287.

XIIIe siècle : Le royaume Mon tombe aux mains des armées mongoles. Une partie de la Birmanie subit ensuite la domination des Shan, puis à nouveau celle des Mon.

XVIe siècle : Les Birmans dominent le pays. La dernière dynastie birmane est fondée au XVIIIe siècle.

1824-1826 : Les Britanniques déclenchent la première guerre anglo-birmane et prennent le contrôle du sud du pays.

1852-1855 : Seconde guerre anglo-birmane. Toute la Birmanie est annexée.

1886 : La Birmanie devient une province de l’Empire des Indes. Les Anglais divisent le pays en deux : la plaine centrale, d’une part, où vivent les Birmans, et « le fer à cheval » qui l’encercle, d’autre part, où vivent les minorités ethniques – sur lesquelles ils s’appuient pour mieux contrôler l’intérieur du pays, ce qui leur vaudra la fidélité de celles-ci pendant la guerre d’indépendance.

1930 : Révolte paysanne. Naissance du mouvement nationaliste Dobhama Asi-Ayone (nous, Birmans), dont les membres prennent le titre de Thakin, les maîtres, en signe de défi au colonisateur.

1942 : Les Japonais entrent en Birmanie avec l’armée de l’indépendance birmane, commandée par Aung San. La plupart des minorités ethniques soutiennent les Anglais. Aung San et les « trente camarades » créent l’Armée nationale birmane (BNA), dont le chef d’état-major se fait appeler Ne Win.

1943 : Aung San est ministre de la Guerre de la Birmanie indépendante occupée par les Japonais.

27 mars 1945 : L’armée birmane se soulève contre les Japonais.

19 juin 1945 : Aung San Suu Kyi, fille d’Aung San, naît à Rangoon.

19 juillet 1947 : Aung San négocie l’indépendance avec le premier ministre britannique, Lord Atlee. Il est assassiné en même temps que six autres membres de son cabinet après les accords de Panglong conclus avec les minorités ethniques.

4 janvier 1948 : Proclamation de l’indépendance de la Birmanie. Naissance de l’Union de la Birmanie, dont U Nu est le Premier ministre jusqu’en 1962. Le pays connaît une relative prospérité : il est le premier exportateur de riz d’Asie du Sud-Est, son système éducatif est réputé.

5 janvier 1948 : Début de la guérilla karen. Les minorités ethniques se sentent flouées par la constitution, qui néglige leur volonté d’indépendance.

1960 : Aung San Suu Kyi quitte la Birmanie avec sa mère, Daw Khin Kyi, nommée ambassadrice à Delhi.

2 mars 1962 : Ne Win prend le pouvoir par un coup d’État. U Nu et des centaines d’opposants sont arrêtés, des manifestations tournent au bain de sang. La constitution adoptée en 1948 est abolie. Le pays s’engage dans la « voie birmane vers le socialisme ». Les principaux secteurs de l’économie sont étatisés.

20 mars 1964 : Le BSPP (le Parti du programme socialiste birman) devient parti unique.

1974 : Promulgation de la nouvelle constitution, naissance de la République socialiste de l’Union de Birmanie. La moitié du budget de l’État est allouée à l’armée.

1987 : Alors que le pays rejoint la liste des pays les moins avancés, Ne Win, sur le conseil de ses numérologues, remplace du jour au lendemain, et sans compensation, les trois quarts de la monnaie par des billets dont le montant est un multiple de 9, son chiffre porte-bonheur. Les économies de toute une vie se volatilisent, beaucoup de Birmans sombrent dans la misère.

De mars à juin 1988 : Des manifestations surviennent, d’abord à Rangoon, puis dans tout le pays. ?La répression est brutale. Aung San Suu Kyi rentre en Birmanie en mars pour se rendre au chevet de sa mère souffrante à Rangoon.

Juillet 1988 : Un congrès extraordinaire du BSPP reconnaît la faillite du pays. Ne Win quitte le pouvoir.

8 août 1988 (8-8-88) : Les manifestations de mécontentement, réclamant l’avènement de la démocratie, voient défiler des millions de personnes dans le pays tout entier. Une fois de plus, elles sont réprimées. Il y aura entre 3 000 et 4 000 morts ce jour-là, et plus de 10 000 sur l’ensemble du mouvement. Des milliers de personnes sont arrêtées.

26 août 1988 : Premier discours public d’Aung San Suu Kyi à la pagode Shwedagon, devant 500.000 personnes. La fille du héros national devient instantanément un leader naturel dans un pays qui connaît la dictature depuis vingt-six ans.

18 septembre 1988 : La junte se maintient au pouvoir en abrogeant la constitution de 1974 et en créant le SLORC (Conseil d’État pour la restauration de la loi et de l’ordre). La Birmanie devient le Myanmar, et Rangoon s’orthographie dorénavant Yangoon. L’opposition démocratique n’a jamais reconnu ces nouvelles appellations.

27 septembre 1988 : Fondation de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD). Aung San Suu Kyi en est élue secrétaire générale.

20 juillet 1989 : Après avoir tenu des dizaines de meetings publics, Aung San Suu Kyi, en vertu de la nouvelle loi martiale, est assignée à résidence pour une durée de trois ans. ?Elle est accusée de porter atteinte à la sûreté de l’État.

27 mai 1990 : La Ligue nationale pour la démocratie obtient 82 % des sièges aux élections législatives générales organisées par les militaires (les premières depuis 1960). Ceux-ci refusent de transférer le pouvoir, et ne laissent pas siéger l’assemblée nouvellement élue.

18 décembre 1990 : Suite au blocage de la situation, les forces démocratiques forment un gouvernement en exil, le National Coalition Government Union of Burma (NCGUB).

10 juillet 1991 : Le Parlement européen lui décerne le prix Sakharov (attribué pour la défense des droits de l’homme).

14 octobre 1991 : Aung San Suu Kyi se voit décerner le prix Nobel de la paix.

2 février 1994 : Signature du contrat entre Total et la junte militaire pour l’exploitation de gaz naturel en mer d’Andaman. Le groupe français investit 1,2 milliards de dollars.

10 juillet 1995 : Aung San Suu Kyi est libérée. La mesure d’assignation à résidence qui la frappait est ainsi levée grâce à la pression internationale.

Avril 1996 : Un rapport faisant état de l’usage de la torture et du travail forcé en Birmanie est présenté devant la commission des droits de l’homme des Nations unies.

Septembre 1996 : Les interventions publiques qu’Aung San Suu Kyi tenait devant son domicile les samedis et dimanches après-midi sont interdites pour cause de « trouble à l’ordre public ». Ces dernières attiraient entre huit et dix mille personnes. Des postes de contrôle de l’armée sont placés des deux côtés de l’avenue de l’Université, soit à deux cents mètres du domicile d’Aung San Suu Kyi qui se trouve de facto replacée en résidence surveillée.

Octobre 1996 : l’Union européenne adopte pour la première fois une Position Commune sur la Birmanie, et introduit notamment un embargo sur les armes à destination du régime militaire.

1996-1997 : Les militaires lancent l’opération « Année du tourisme en Birmanie » (Visit Myanmar Year).

Mars 1997 : Le Conseil d’administration de l’Organisation internationale du travail décide de créer une commission d’enquête sur les pratiques de travail forcé en Birmanie.

5 novembre 1997 : Dissolution, par proclamation, du Conseil d’État pour la restauration de la loi et de l’ordre (SLORC) et constitution, par une autre proclamation, du Conseil d’État pour la paix et le développement (SPDC). Les douze commandants des régions militaires, ainsi que les chefs des forces navales et de l’air rejoignent les quatre leaders de la junte au sein de ce nouveau Conseil d’État. Le Général Than Shwe reste numéro un.

Entre 1996 et 1999 : La junte militaire obtient des cessez-le-feu avec une quinzaine de groupes rebelles (Karen, Mon, Kachin, Shan).

1er janvier 1998 : La Birmanie devient membre de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (ASEAN).

4 septembre 2000 : Aung San Suu Kyi est de nouveau assignée à résidence.

Fin 2000 : Le dialogue entre Aung San Suu Kyi et la junte, interrompu depuis 1994, est renoué dans le cadre de discussions préalables à l’instauration d’un dialogue politique. Ces discussions s’inscrivent dans une mission de médiation engagée en juillet 2000 par l’envoyé spécial pour la Birmanie du secrétaire général des Nations Unies, Monsieur Ismaïl Razali.

6 mai 2002 : Aung San Suu Kyi est libérée, les bureaux de la LND sont réouverts.

26 août 2002 : TotalFinaElf est visée par une plainte pour « crime de séquestration » déposée auprès du tribunal de Nanterre. Les plaignants sont deux Birmans qui affirment avoir été « séquestrés » et « forcés » de travailler sur le chantier de construction du gazoduc.

5 décembre 2002 : Mort de Ne Win.

30 mai 2003 : Le convoi d’Aung San Suu Kyi, alors en tournée politique dans le nord du pays, est violemment attaqué par des forces à la solde du régime de Rangoun. Suite à cette attaque, désormais connue sous le nom de Massacre de Depayin, du nom du lieu où l’attaque fut perpétrée, le prix Nobel de la paix est placé en détention dans un lieu tenu secret. Aung San Suu Kyi restera privée de liberté jusqu’à sa dernière libération, le 13 novembre 2010.

Août 2003 : Le Général Khin Nyunt est nommé Premier Ministre. Il initie un nouveau calendrier politique, la ‘Feuille de Route pour la Démocratie’ qui inclut la relance de la convention nationale, la tenue d’un référendum sur la constitution et des élections parlementaires.

19 octobre 2004 : Khin Nyunt est arrêté, sous le motif officiel de corruption. Les services de renseignements qu’il dirige sont purgés, et nombre de ses collaborateurs sont arrêtés. Il sera remplacé au poste de Premier Ministre par Soe Win, soupçonné d’être l’instigateur de l’attaque à Depayin contre Aung San Suu Kyi

Novembre 2005 : la junte au pouvoir déplace la capitale du pays dans une nouvelle bourgade créée de toutes pièces, Nay Pyi Daw (littéralement Demeure des Rois), à 300 km au nord de Rangoon.

Décembre 2005 : TOTAL accepte de verser une indemnisation aux personnes ayant porté plainte pour travail forcé

Printemps 2006 : les offensives contre les Karens se multiplient, les attaques perpétrées par l’armée birmane sont les plus lourdes que le pays ait connu depuis plusieurs années. Elles scellent définitivement la fin de la trêve informelle qui avait été conclue entre la KNU et l’ancien premier ministre Khin Nyunt.

Septembre 2006 : la Birmanie est inscrite à l’ordre de l’agenda permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU.

Janvier 2007 : un projet de résolution, porté par les Etats-Unis, est rejeté au Conseil de Sécurité par un double veto chinois et russe.

Juin 2007 : le Comité International de la Croix-Rouge dénonce avec une ferveur inhabituelle à l’organisation les difficultés rencontrées par ses équipes pour mener à bien leurs missions dans le pays. Suite à ce communiqué, plusieurs bureaux de l’organisation sont fermés.

15 août 2007 : la junte décide sans préavis l’augmentation des prix du carburants, entraînant des hausses de prix de plus de 50% de l’essence, mais cette augmentation du prix des carburants a également des répercussions directes sur le coût des produits de première nécessité. Des manifestations sporadiques éclatent dans plusieurs villes du pays.

5 septembre 2007 : Plus de 600 moines birmans manifestent publiquement leur désapprobation envers le régime en défilant dans les rues de Pakkoku. Certains bonzes sont maltraités par les forces de sécurité. Les moines lancent alors un ultimatum au pouvoir, demandant des excuses officielles pour les brutalités subies par les moines à Pakkoku.

18 septembre 2007 : les manifestations prennent de l’ampleur, les moines défilent dans les rues en chantant des prières, accompagnés de nombreux civils. La ‘Révolution safran’ est née.

24 septembre 2007 : les manifestations totalisent plus de 100.000 personnes à Rangoon.

25 septembre 2007 : la junte instaure un couvre-feu à Rangoon.

26 septembre 2007 : Début de la répression du mouvement suscitant de nombreuses condamnations internationales. La Chine et la Russie appellent à la modération alors que l’ASEAN et l’ONU condamnent ouvertement l’usage de la force. Les sanctions économiques reviennent à l’ordre du jour.

29 septembre 2007 : Ibrahim Gambari, l’émissaire du secrétaire général de l’ONU, se rend en Birmanie pour une visite politique sous haute tension. Il obtient un rendez- avec le numéro un de la junte, le généralissime Than Shwe, et avec Aung San Suu Kyi. Cette mission vise à renouer les liens entre la junte et l’opposition politique, mais il repart sans qu’aucune avancée tangible n’ait été matérialisée.

15 octobre 2007 : l’Union européenne condamne la répression violente des manifestations pacifiques de septembre, et renforce son régime de sanctions économiques. Le Conseil de Sécurité de l’ONU est plus complaisant, se bornant à ‘vivement déplorer’ la situation en Birmanie, mais sans la condamner.

3 novembre 2007 : alors que la répression des manifestants a été intense ces dernières semaines, l’émissaire de l’ONU Ibrahim Gambari se rend à nouveau dans le pays pour une visite officielle, avec pour délicate mission d’obtenir des progrès sur le processus de démocratisation, et la libération de prisonniers politiques.

Novembre 2007 : la junte décide d’expulser le représentant des Nations Unies à Rangoon, Charles Petrie, pour des propos qu’il a tenu récemment sur la situation humanitaire et qui ont été jugés trop critiques par le pouvoir.

Février 2008 : la junte annonce la tenue d’un référendum populaire pour la ratification de la nouvelle constitution. Cette constitution, élaborée sans aucune contribution de l’opposition politique et des représentants des minorités ethniques, offre à la junte la possibilité de perpétuer son règne militaire en cédant de larges pouvoirs aux généraux, tout en évinçant Aung San Suu Kyi et son parti démocrate de tout rôle politique futur.

6 mars 2008 : Ibrahim Gambari se rend une nouvelle fois en Birmanie pour discuter du calendrier politique. Il n’obtient aucune concession du pouvoir militaire concernant l’ouverture politique et les modalités du référendum constitutionnel. Tout comme lors de sa dernière visite, le Général Than Shwe refuse de le recevoir. Les responsables de l’ONU concèdent que cette visite est ‘décevante’.

3 mai 2008 : le cyclone Nargis s’abat sur la Birmanie, provoquant un raz-de-marée et d’immenses dégâts. Plus de 140.000 personnes décèdent, au moins 2.5 millions de personnes sont sinistrées. La junte refuse l’entrée de personnel humanitaire international, et multiplie les entraves administratives et logistiques à l’acheminement de l’aide.

10 mai 2008 : le référendum constitutionnel est maintenu, malgré l’état d’urgence proclamé dans plusieurs régions du pays, et les nombreux morts et sinistrés que le cyclone Nargis a laissé derrière lui. Dans les régions sinistrées, le référendum est reporté de quinze petits jours seulement. La junte annonce triomphalement la ratification du référendum, approuvée selon elle par plus de 92% de la population. Fraudes massives, intimidations et autres irrégularités sont largement dénoncées par l’opposition et les ONG internationales de défense des droits de l’homme.

23 août 2008 : Aung San Suu Kyi provoque un séisme politique en refusant pour la première fois de rencontrer Ibrahim Gambari, probablement pour marquer sa désapprobation face au processus politique actuel et à la lenteur des négociations.

Novembre 2008 : les procès de centaines d’opposants arrêtés suite aux manifestations de la Révolution safran ou à l’aide apportée au lendemain du cyclone Nargis, ont lieu dans de sinistres conditions et aboutissent à des condamnations dont certaines excèdent 65 ans d’emprisonnement.

Janvier 2009 : le sort des Rohingyas, ethnie de confession musulmane oppressée par les autorités birmanes, éclate au grand jour, lorsque la Thaïlande refoule l’arrivée de boat people Rohingyas et renvoie leurs bateaux en pleine mer. Le scandale qu’engendrent ces révélations force la Thaïlande à fournir des explications officielles, et à autoriser l’UNHCR à accéder aux survivants.

13 août 2010 : la junte militaire annonce la tenue d’élection le 7 novembre 2010. L’USDP, parti créé par le régime, est d’ores et déjà le grand favori de ces élections dont la LND, parti d’Aung San Suu Kyi, est exclue.

7 novembre 2010 : les élections se tiennent comme prévu. De nombreuses preuves de fraudes électorales, d’irrégularités, d’absence de contrôle indépendant, ainsi que des cas de menaces et de harcèlement ont été reportées le jour du scrutin et les jours qui l’ont précédé. L’USDP, parti constitué de membres de la junte, remporte près de 80% des sièges du nouveau parlement.

13 novembre 2010 : Aung San Suu Kyi est libérée de son assignation à résidence. Elle aura été privée de liberté pendant plus de 15 des 21 dernières années.

4 février 2011 : le Parlement nomme président l’ancien Premier ministre et général à la retraite Thein Sein

17 avril 2011 : les Etats-Unis assouplissent les sanctions économiques visant le régime birman

23 avril 2011 : l’Union européenne suspend les sanctions visant la Birmanie

17 mai 2011 : plus de 14.000 détenus sont libérés dans le cadre d’une amnistie, mais seulement plusieurs dizaines de prisonniers politiques

11 octobre 2011 : la Birmanie accorde l’amnistie à plus de 6.000 détenus, dont plus de 200 prisonniers politiques. Plus de 1.000 prisonniers politiques restent toutefois derrière les barreaux

22 novembre 2011 : Thein Sein signe une loi permettant la tenue de manifestations pacifiques pour la première fois

25 novembre 2011 : La Ligue nationale pour la démocratie (LND) se fait ré-enregistrer comme parti politique

18 janvier 2012 : Suu Kyi se lance dans la campagne des législatives partielles, réunissant des foules nombreuses lors de ses déplacements dans le pays

1er avril 2012 : Aung San Suu Kyi est élue députée dans la circonscription de Kawhmu, au sud de Rangoon

29 mai 2012 : Aung San Suu Kyi se rend en Thaïlande dans le cadre de son premier voyage à l’étranger depuis 24 ans

3 juin 2012 : le massacre de dix musulmans voyageant dans l’État d’Arakan à la suite du viol et du meurtre d’une jeune femme bouddhiste, marque le début d’une série de pogroms contre les Rohingyas et d’autres communautés musulmanes.

13 juin 2012 : Aung San Suu Kiy entreprend une grande tournée européenne

16 juin 2012 : Aung San Suu Kyi reçoit son prix Nobel à Oslo, 21 ans après qu’il lui avait été attribué

20 août 2012 : le gouvernement abolit la censure directe des médias

Octobre 2012 : Les violences contre les Rohingyas se multiplient. Elles donnent lieu à d’innombrables morts, à la destruction de biens, à des déplacements internes de population à grande échelle et à une politique de ségrégation dans l’État d’Arakan

2 novembre 2012 : Thein Sein signe une loi sur les investissements étrangers, considérée comme essentielle pour attirer les capitaux étrangers

19 novembre 2012 : Barack Obama devient le premier président américain en exercice à se rendre en Birmanie

Février 2013 : voyage officiel en Europe de Thein Sein, le premier d’un président birman en 60 ans.

Mars 2013 : des affrontements entre communautés bouddhiste et musulmane dans la ville de Meiktila dans le centre de la Birmanie font une quarantaine de morts.

Avril 2013 : quatre quotidiens privés sont lancés pour la première fois depuis un demi-siècle. L’Union européenne lève les dernières sanctions en vigueur à l’exception de l’embargo sur les armes.

Mai 2013 : première visite d’un président birman aux États-Unis depuis les années 1960. Barack Obama salue les réformes entreprises en Birmanie, mais réclame la fin des violences anti-musulmanes.

Juin 2013 : Aung San Suu Kyi annonce qu’elle va briguer la présidence en 2015.

Juillet 2013 : Lors de sa visite en Europe, le président Thein Sein s’est engagé devant François Hollande et David Cameron à libérer tous les prisonniers politiques avant la fin de l’année 2013. Cette promesse n’a pas été honorée.

13 janvier 2014 : Des violences dans le village de Du Chee Yar Tan, sont responsables de la mort d’au moins 48 Rohingyas et d’un officiel Arakanais. Une chasse à l’homme est organisée pour condamner le coupable du meurtre de l’officiel arakanais. Plusieurs centaines de Rohingyas sont arrêtés et plusieurs milliers prennent la fuite.

Fin janvier 2014 : Des manifestations sont organisées par les extrémistes bouddhistes dans l’État d’Arakan. Ils demandent le départ des organisations humanitaires qui sont accusées d’aider « en priorité les musulmans ».

28 février 2014 : Le gouvernement ordonne à Médecins sans frontières de quitter l’État d’Arakan

28 mars 2014 : Des manifestants bouddhistes attaquent les locaux de plusieurs organisations humanitaires. Une douzaine de bureaux d’ONG et de l’ONU sont détruits et plus de 300 travailleurs humanitaires sont forcés de fuir la région. Le gouvernement birman instrumentalise les tensions en vue des élections de 2015.

Avril 2014 : Des centaines de milliers de personnes n’ont plus accès aux services de base comme les soins de santé depuis l’évacuation d’urgence des travailleurs humanitaires dans l’État d’Arakan.

10 avril 2014 : Intensification du conflit Kachin. Les troupes de l’armée birmane attaquent le village de Win Gyi, dans le sud de l’État Kachin. 3000 déplacés internes doivent fuir les camps situés à proximité des violences. C’est la troisième fois qu’ils sont forcés de fuir depuis la reprise des combats.

16 avril 2014 : Un rapport est publié par l’Organisation Burma Campaign UK, il détaille la manière dont l’armée birmane continue d’utiliser le viol et les violences sexuelles en toute impunité.

17 avril 2014 : Aung San Suu Kyi, en visite à Paris, critique le manque de volonté de Thein Sein et de son gouvernement à engager une réforme constitutionnelle.

18 avril 2014 : Après l’éclatement de violences dans la capitale de l’État d’Arakan, des centaines de milliers de personnes sont privées d’aide humanitaire dû au rapatriement de nombreux travailleurs humanitaires.

juillet 2014 : 60 paysans sont condamnés à des peines de prison ferme pour avoir labouré leurs terres confisquées.

21 septembre 2014 : à l’occasion de la Journée Internationale de la Paix, le bilan reste lourd pour la Birmanie.

novembre 2014 : à l’occasion de la seconde visite de Barack Obama sur le sol birman, un premier bilan des résultats des réformes de 2012 est dressé.

25 juin 2015 : Faute de majorité suffisante, le Parlement rejette les projets de réforme constitutionnelle relatifs notamment à la réduction des pouvoirs législatifs dont bénéficie l’exécutif, ainsi qu’à la possibilité pour une personne ayant épousé un étranger ou dont les enfants ne sont pas birmans, de se présenter à l’élection présidentielle (cet amendement visant la situation d’Aung San Suu Kyi).

13 août 2015 : L’armée encercle le siège du parti au pouvoir, le PSDU (USDP) et démet de ses fonctions son chef Thura Shwe Mann, également président du Parlement. Ancien numéro trois de la junte au pouvoir jusqu’en mars 2011, Thura Shwe Mann soutenait l’adoption d’amendements constitutionnels visant à réduire le pouvoir des militaires.

Septembre 2015 : Adoption par le Parlement de quatre lois connues sous le nom de « lois sur la protection de la race et de la religion », qui contiennent de nombreuses dispositions discriminantes à l’encontre des femmes et des minorités religieuses.

15 octobre 2015 : Le gouvernement du président Thein Sein et huit armées ethniques, parmi lesquelles l’Union nationale karen et le Conseil de restauration de l’État Shan, signent solennellement, à Naypyidaw, un « accord de cessez-le-feu national ». La portée de l’accord est limitée par le refus de treize autres armées ethniques, dont l’Organisation de l’indépendance Kachin, pour la plupart actives dans le nord du pays, de l’entériner.

8 novembre 2015 : Avec 255 sièges sur 440 à la Chambre des représentants, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de l’opposante Aung San Suu Kyi remporte la majorité absolue aux premières élections législatives libres organisées depuis mai 1990 (la LND avait alors remporté le scrutin, mais les résultats avaient été annulés par la junte). Le PSDU (USDP) du président Thein Sein s’écroule avec 30 élus. Le taux de participation est d’environ 80 %. L’armée continue de nommer le quart des membres de chaque chambre. Également majoritaire à la Chambre des nationalités, la LND dispose de la majorité qualifiée qui lui garantit l’élection par le Parlement de son candidat à l’élection présidentielle, prévue en 2016.

9 novembre 2015 : Le PSDU (USDP) reconnaît sa défaite.

12 novembre 2015 : Le général Min Aung Hlaing, chef de l’armée, promet de coopérer avec le nouveau pouvoir.

15 mars 2016 : Le Parlement élit à la présidence l’ancien haut fonctionnaire Htin Kyaw, candidat proposé par Aung San Suu Kyi, la Constitution interdisant à cette dernière de se présenter. Htin Kyaw est le premier chef de l’État à ne pas être lié à l’armée depuis le coup d’État militaire de 1962.

30 mars 2016 : Htin Kyaw prête serment. Le jour même, la composition officielle du nouveau gouvernement est annoncée. Au sein de celui-ci, Aung San Suu Kyi occupe quatre ministères : Affaires étrangères, Éducation, Énergie et Électricité. La Constitution réserve aux militaires les ministères de l’Intérieur, de la Défense et des Frontières.

Août 2016 : Premier cycle de rencontres de la « Conférence de Panglong pour le XXIe siècle ». Ce nouveau cycle de négociations de paix lancé par Aung San Suu Kyi réunit autour d’une table militaires, gouvernement civil, parlement, partis politiques, organisations ethniques, groupes ethniques armés ainsi que quelques observateurs de la société civile et vise à débattre les bases d’une Union Démocratique Fédérale.

Octobre 2016 : L’attaque de postes frontières revendiquée par un groupe armé jusqu’alors inconnu, l’Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA) originellement connu sous le nom de l’Harakah-al-Yaqin, cause la mort de neuf gardes-frontières et provoque de violentes représailles de l’armée birmane, qui lance une opération de nettoyage ethnique à l’encontre de la population Rohingya dans l’Etat d’Arakan. L’armée bloque tout accès au nord-ouest de l’Etat. Plus de 87000 Rohingya traversent la frontière avec le Bangladesh à la suite de ces événements.

Novembre 2016 : Le représentant des Nations Unies au Bangladesh déclare que la Birmanie a entrepris une campagne de « nettoyage ethnique » contre la minorité Rohingya.

Les combats continuent entre l’armée birmane et les groupes ethniques armés. Des affrontements armés quotidiens simultanés ont lieu dans différentes parties des États Shan du Nord et Kachin avec l’Arakan Army (AA), la Kachin Independence Army (KIA), la Myanmar National Democratic Alliance Army (MNDAA) et l’armée Ta’ang National Liberation Army (TNLA). 23 000 personnes ont dû fuir les conflits dans le nord du pays, en seulement trois mois.

3 février 2017 : Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme publie un rapport sur les atrocités perpétrées au nord de l’Etat d’Arakan à l’encontre des Rohingya, et conclut qu’elles semblent avoir été « généralisées ainsi que systématiques, indiquant la très probable perpétration de crimes contre l’Humanité. »

24 mars 2017 : Le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies adopte une résolution pour l’envoi d’une mission internationale indépendante d’établissement des faits, afin d’examiner les allégations de graves violations des droits humains en Birmanie.

Mai 2017 : Deuxième cycle de rencontres de la « Conférence de Panglong pour le XXIe siècle »

24 août 2017 : La Commission consultative sur l’Etat de Rakhine, présidée par l’ancien Secrétaire-Général des Nations Unies Kofi Annan, rend son rapport final avec des recommandations visant à « établir un futur paisible, juste et prospère » pour les habitants de l’Arakan.

25 août 2017 : Des attaques coordonnées, une nouvelle fois revendiquées par l’Armée du salut des Rohingya de l’Arakan (ARSA), sont perpétrées à l’encontre d’une trentaine de postes de police dans le nord de l’Etat d’Arakan, près de la frontière avec le Bangladesh. L’opération fait plus d’une centaine de morts, dont une douzaine de policiers. Les jours suivants, la répression menée par la police et l’armée fait des centaines de morts et provoque la fuite de milliers de Rohingya vers le Bangladesh.

10 septembre 2017 : L’Armée du salut des Rohingya de l’Arakan (ARSA) annonce un cessez-le-feu unilatéral d’un mois. La violente vague de répression menée par les forces de sécurité entraîne la fuite vers le Bangladesh de dizaines de milliers de Rohingya. Le gouvernement rejette toute offre de négociation.

13 septembre 2017 : Le Conseil de sécurité de l’ONU adopte une déclaration dénonçant la « violence excessive » exercée par les autorités birmanes à l’encontre des Rohingya.

19 septembre 2017 : La conseillère d’État et ministre des Affaires étrangères Aung San Suu Kyi s’exprime publiquement pour la première fois sur la crise dans l’Etat d’Arakan. Elle minimise son ampleur et affirme que les opérations de sécurité ont pris fin depuis le 5 septembre 2017.

Septembre-Octobre 2017 : Des rapports de différentes organisations de défense des droits de l’homme, telles que Amnesty International et Human Rights Watch, ainsi qu’un rapport de mission du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme documentent l’ampleur des crimes perpétrés à l’encontre des Rohingya par les forces de sécurité birmanes. Les crimes documentés comprennent notamment des homicides, la déportation et le déplacement forcé de populations, des cas de torture, des viols et autres formes de violence sexuelle.Le caractère organisé, coordonné et systématique des violations des droits de l’Homme est mis en avant, ainsi que le système d’apartheid dont sont victimes les Rohinyga.

23 novembre 2017 : La Birmanie et le Bangladesh annoncent la conclusion d’un accord sur le retour des Rohingya, dont les détails ne sont pas rendus publics. Plus de six cent mille Rohingya se sont réfugiés au Bangladesh, pour la plupart depuis août. Le Bangladesh refuse l’installation de camps supplémentaires pour les accueillir (un précédent accord de rapatriement conclu en 1992 exigeait la production par les candidats au retour de documents prouvant leur lieu de résidence initial, que les conditions de leur exil rendaient difficile).

27 novembre – 2 décembre 2017 : Les 27 et 28 novembre, le pape François se rend en visite en Birmanie où il rencontre le général Min Aung Hlaing, commandant en chef de l’armée, la conseillère d’État Aung San Suu Kyi et le clergé bouddhiste. Invité à ne pas prononcer le nom de Rohingya pour ne pas sembler valider l’origine birmane de cette minorité, il appelle ses interlocuteurs à bâtir « une paix fondée sur le respect de tout groupe ethnique et de son identité ». Du 29 au 2 décembre, le pape se rend au Bangladesh où il évoque spécifiquement les Rohingya, appelant « à les aider, à agir pour que soient reconnus leurs droits ».

18 décembre 2017 : Un rapport publié par Human Rights Watch, basé sur des images satellites, dévoile que les destructions de villages Rohingya se sont poursuivies au moins jusqu’au 2 décembre 2017, avec un total de 354 villages partiellement ou complètement détruits depuis fin août.

16 janvier 2018 : La Birmanie et le Bangladesh présentent les modalités de l’accord, annoncé en novembre 2017, relatif au rapatriement des réfugiés ayant traversé la frontière avec le Bangladesh depuis fin août 2017. Ce retour, qui doit s’étendre jusqu’au début de 2020, concerne les Rohingya qui peuvent prouver qu’ils ont été résidents en Birmanie avant août 2017. Ce sont désormais environ sept cent cinquante mille Rohingya qui ont fui la Birmanie depuis octobre 2016.

Janvier 2018 : Les combats entre les forces armées gouvernementales birmanes et la Kachin Independant Army (KIA) s’intensifient dans plusieurs zones des townships Sumprabum, Tani et Waing Maw dans l’état Kachin, causant des pertes civiles et des déplacements de population.

Mars 2018 : L’armée déploie de nouvelles troupes dans l’Etat Karen et justifie sa présence par la construction d’une route stratégique. Le 4 mars, les soldats de l’armée birmane bombardent et tirent sans discernements sur la population Karen et, depuis, au moins 2 400 civils ont fui la région et se cachent dans la forêt. Bien que l’armée birmane et le KNLA soient tous deux signataires de l’Accord de cessez-le-feu national (NCA), les conflits ont repris en ce début d’année 2018.

25 Juin 2018 : L’Union Européenne adopte des sanctions envers sept officiers de l’armée gouvernementale birmane et de la police des frontières responsables des violations des droits humains. Ces mesures restrictives ciblées visent, entre autres, le Général Maung Maung Soe qui était chargé des opérations de « nettoyage » lancées à la fin du mois d’août 2017 dans l’Etat d’Arakan et comprennent le gel des avoirs à l’étranger des officiers militaires visés et leur interdiction d’entrée au sein de l’UE.

Juillet 2018 : Le troisième cycle rencontres dans le cadre de la « Conférence de Panglong du XXIe siècle » s’achève à Nay Pyi Taw par un accord autour de 14 principes de base adopté dans le cadre de l’accord de paix de l’Union.

17 août 2018 : Les Etats-Unis annoncent des sanctions contre quatre commandants et deux unités militaires de Birmanie, pour leur implication dans le nettoyage ethnique perpétré dans l’état d’Arakan et d’autres violations massives des droits humains dans les états Shan et Kachin.

27 août 2018 : La Mission d’établissement des faits mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU en publie un pré-rapport dans lequel elle indique disposer de suffisamment d’éléments pour appeler à la poursuite des principaux hauts gardés de l’armée pour génocide dans l’état d’Arakan. Six hauts gradés de l’armée, parmi lesquels Min Aung Hlaing, le commandant en chef des armées, sont ainsi nommément mis en cause pour génocide dans le nord de l’état d’Arakan. Ils sont également mis en cause pour crimes contre l’Humanité et crimes de guerre dans les états d’Arakan, Kachin et Shan.

Info-Birmanie


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