L’occupation des théâtres : le mouvement qui se propage dans tout le pays

jeudi 18 mars 2021.
 

Après une journée de manifestations dans toute la France le 4 mars, plusieurs intermittents, représentants syndicaux et artistes sont entrés au Théâtre de l’Odéon et en ont fermé les portes. À Strasbourg, Nantes, Limoges, Lille, Brest, Besançon, Ivry, Niort, Saint-Étienne, Châteauroux ou Toulouse, le mouvement d’occupation s’est propagé dans tout le pays. L’insoumission est allé à la rencontre des occupants.

Le théâtre de l’Odéon à Paris a ouvert le bal le 4 mars. De là, le mouvement d’occupation a gagné tout le pays. À Pau, des membres du Collectif Intermittents et Précaires du Sud-Ouest et de la CGT spectacle, ont passé la nuit du 7 mars dans le théâtre Saragosse. À Nantes, c’est celui de Graslin qui est occupé depuis hier. À Limoges, celui de l’Union. De même pour les théâtres de Lille, Brest, Besançon, Ivry, Niort, Saint-Etienne et Toulouse.

« À l’intérieur, ça se passe bien », nous ont confié des occupants du théâtre de l’Odéon. « On essaye d’établir des règles pour bien vivre et s’occuper du lieu. On discute beaucoup entre nous de ce qu’on veut communiquer et des actions possibles. »

Partout, les personnes mobilisées occupent respectueusement les lieux : elles y organisent des représentations, des discours, des concerts, des assemblées…

Selon Denis Gravouil, secrétaire général à la CGT spectacle, il n’est plus seulement question de la réouverture. Le monde de la culture veut que l’on parle de la situation sanitaire et de la crise de l’emploi qu’elle génère depuis plus d’un an.

Touchés par la précarité et l’incertitude, les étudiants des arts de la scène ont rejoint la mobilisation dès le 9 mars. S’installant dans le théâtre de la Colline à Paris et dans le théâtre national de Strasbourg, ils demandent eux aussi l’accompagnement à la reprise de l’activité.

Devant la Colline, des étudiantes témoignent : « Il nous semblait essentiel de faire entendre nos voix étudiantes, on avait besoin de parler en notre nom. La situation est très difficile à vivre pour nous. On voulait arrêter de ne rien faire ! »

Malgré quelques « mesures particulières », telle que la prolongation des droits d’indemnisation – offerte en mai dernier par Emmanuel Macron jusqu’au 31 août 2021 – les artistes et intermittents du spectacle jugent que les réponses apportées par le gouvernement ne sont pas en adéquation avec la gravité de leur situation. En dehors de certaines institutions, la grande majorité des artistes n’ont toujours pas la possibilité d’exercer. Comment cumuler le nombre d’heures nécessaire à l’ouverture des droits d’indemnisation s’il n’y a pas la possibilité de travailler ?

En cette semaine du 8 mars, les syndicats soulèvent la question de l’accès aux congés maternités pour les femmes. Il en est de même pour les congés maladie.

« On a tous envie de travailler et de faire quelque chose qui nous plaît. Nous c’est le milieu du spectacle. Comme tous les travailleurs, nous sommes concernés par ce qu’il se passe et notamment par la précarité, le chômage et l’attaque contre les droits sociaux que mène ce gouvernement. »

– Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT spectacle

Pour la CGT spectacle et les artistes mobilisés, l’agenda politique du gouvernement – avec la réforme de l’assurance chômage – risque de fragiliser davantage les secteurs les plus touchés par la pandémie. Dans une démarche de solidarité, le monde de la culture réclame de vraies solutions pour soutenir l’emploi et maintenir les droits sociaux de chacun.

Le monde du spectacle vivant se languit depuis trop longtemps de son public. Les salles et les lieux culturels sont fermés depuis la fin octobre 2020. Alors que d’autres espaces sont accessibles au public, le gouvernement n’a toujours pas proposé de calendrier d’ouverture, ni de protocole sanitaire clair pour la culture.


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