Pour affaiblir Jean-Luc Mélenchon et LFI, Gérard Grunberg invité de France Culture

jeudi 4 février 2021.
 

France Culture comme appareil idéologique médiatique de combat contre La France Insoumise.

S’il existe bien sur cette station des émissions à contenu critique et des journalistes qui ne sont ni des prêtres, ni des soldats du libéralisme, le service politique de France Culture pratique non seulement une politique d’invisibilisation de LFI et de son programme mais aussi de dénigrement ce qui réduit à néant son slogan « esprit d’ouverture » et tous les propos de journalistes de cette station prétendant défendre la liberté d’expression et d’information. Pour contrer cette désinformation, nous allons donner dans le texte ci-dessous des éléments d’informations fiables sur « l’état de santé » de LFI.

Une telle pratique partisane est souvent masquée et préjudiciable pour l’image des journalistes de cette radio culturelle qui font preuve de pluralisme et d’esprit critique. Ce comportement de courte vue favorise en outre la croissance du RN en empêchant de penser une alternative politique progressiste radicale pouvant devenir majoritaire.

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Le journaliste Stéphane Robert, dans son émission du matin du 01/01/2021, sur France Culture, « Le billet politique » a ouvert l’année avec un record de désinformation concernant La France Insoumise. L’émission s’intitulait : « Il n’y a pas de base locale forte pour La France insoumise ».

Indiquons que Stéphane Robert est le chef du service politique de la rédaction de France Culture. On peut écouter cette émission de quatre minutes avec le lien suivant :

https://www.franceculture.fr/emissi...

Voici la présentation de l’émission sur le site :

En cette fin d’année, nous dressons un état de santé des principales formations politiques. Aujourd’hui, le politologue Gérard Grunberg, directeur de recherche émérite au Centre d’études européennes de Sciences Po et directeur de l’agence intellectuelle Telos, s’intéresse à La France Insoumise, le parti fondé en 2016 par Jean-Luc Mélenchon :

Observons d’emblée un choix d’invité qui pose question sur le plan de la déontologie journalistique. Gérard Grunberg est présenté comme un expert neutre, jouissant d’une autorité intellectuelle.. ** Or, ce politologue de 77 ans a été membre du cabinet de Michel Rocard et du parti socialiste jusqu’en 1995. En outre, il anime un think tank Tehos d’idéologie social-démocrate. Il est donc clair que cet ancien membre du PS d’idéologie réformiste, engagé pendant un temps dans le même parti, est un concurrent, pour ne pas dire adversaire politique de Jean-Luc Mélenchon du point de vue idéologique.

Le journaliste de France Culture connaissait probablement l’hostilité de Gérard Grunberg à l’égard de Mélenchon : il suffit de se référer à l’un de ces articles comme : Interview de Gérard Grunberg dans libération du 24 avril 2019 dont le titre d’un article était : « Jean-Luc Mélenchon veut unir la gauche : pour le politologue Gérard Grunberg, "c’est de la rigolade" et de l’habillage. » https://www.europe1.fr/politique/je...

Mais non ! Peut-être a-t-il été impressionné par l’excellence des capacités analytiques et prévisionnelles de cet « expert » de la science politique. Alors lisons un extrait d’interview de Grunberg avant les élections législatives de 2017 concernant la réussite de l’ambition politique de Macron. « …Cela étant dit, je suis très dubitatif car il me semble très difficile de transformer cette aventure personnelle en force politique. N’oublions pas que nous sommes dans un régime parlementaire. Après l’élection présidentielle, il y aura les législatives. Même si Emmanuel Macron se présentait et réalisait un bon score à la première, je ne vois pas les autres partis lui faire la courte échelle, par le jeu des alliances, pour les secondes. Il risque de se retrouver avec zéro député.… » Source : Journal La Croix du 31/08/2016 https://www.la-croix.com/France/Pol...

Rappelons que La République En Marche a obtenu aux élections législatives de 2017 l’élection de 302 députés soit largement plus que la majorité absolue ! Et considérer la Ve République comme un régime parlementaire et non pas comme un régime présidentiel fortement marqué, voilà qui est plus qu’étonnant !

On assiste alors ici à une sorte de conflit d’intérêts d’autant que la « méfiance politique » n’est certainement pas une science exacte ! Le caractère partisandes réponses données apparente davantage l’invité–expert à un militant politique cherchant à nuire à la France insoumise qu’à un scientifique.

Dans un contexte national où les journalistes sont fortement critiqués pour leur parti pris et où sont dénoncés de nombreux conflits d’intérêts notamment pour les scientifiques exerçant une profession médicale, il est tout à fait malvenu d’utiliser ce genre de procédé qui, du même coup, ternit fortement l’image de France Culture et de « l’expertise en sciences politiques ».

Les réponses apportées aux questions du journaliste relèvent d’impressions très subjectives, ne sont fondées sur aucun fait précis et utilisent des comparaisons peu fiables comme la comparaison, par exemple, d’une élection présidentielle à une élection européenne.

Nous allons donner des réponses dignes de ce nom aux questions posées par le journaliste.

La France Insoumise est-elle un parti comme les autres ?

D’abord, il faut préciser que LFI n’est pas un parti mais un mouvement ce qui change déjà la donne dès le départ de toute comparaison avec un parti structuré d’une manière traditionnelle. Alors soyons précis : LFI n’est pas comparable un parti et a une nature spécifique qui la distingue des autres mouvements par la structure de son organisation innovante.. LFI est composé de plusieurs espaces fonctionnels. Un espace du programme, un espace politique, un espace des luttes, un espace opérationnel, un espace des élus à l’Assemblée nationale et au Parlement européen, l’espace des élus et de contre-pouvoir, l’espace de l’auto organisation et de la désobéissance populaire, le groupe de coordinations des espaces, l’assemblée générale des groupes d’actions. À cela s’ajoutent quatre comités : le comité de respect des principes, le comité électoral, le comité de suivi des violences sexuelles et sexistes, le comité d’amélioration du fonctionnement du mouvement. Il faut ajouter à cela des assemblées de réflexion collective : l’Agora ; les amphts d’été. À cela s’ajoutent encore les organes de direction et d’orientation, les conventions nationales, les assemblées représentatives, le comité électoral. L’ensemble de cet édifice repose sur les 5000 groupes d’actions existants au niveau local et sur l’action des groupes parlementaires LFI. La cohésion des groupes d’actions est assurée par l’existence d’une charte et la cohésion de l’ensemble par le comité des principes et le contenu du programme l’Avenir en commun. En outre, LFI dispose d’une école de formation. Pour avoir plus de détails sur ces différents espaces et comités, on peut utiliser le lien suivant : L’organisation du mouvement France Insoumise, c’est quoi ? http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Voilà donc ce qui distingue en termes organisationnels France Insoumises des autres organisations. Sa deuxième originalité est la manière dont est élaboré son programme : une réflexion collective s’exerçant sur un temps long et non pas trois mois avant l’élection ; l’étendue de cette intelligence collective qui fait appel à des contributions directes de citoyens sur une plate-forme nationale mais aussi à l’audition de dizaines d’associations et de spécialistes couvrant les domaines de l’économie, de l’écologie, de la géopolitique, de la culture (dont l’éducation), de la réalité sociale. Le programme a été soutenu par 160 économistes, universitaires répartis dans une vingtaine de pays.

Pour adhérer au mouvement, il faut soit s’inscrire sur une plateforme nationale, soit contacter un groupe d’actions : la carte nationale des groupes d’actions existe sur le site de LFI. Ensuite l’adhérent peut assister aux réunions du groupe d’actions se trouvant le plus près de son domicile ou de son lieu de travail. Remarquons qu’utiliser Internet pour adhérer à une organisation politique n’a rien d’original et le caractérise en aucun cas LFI qui n’est pas la seule à utiliser cette méthode commode contrairement à ce qu’affirme notre « super expert ».

Les adhérents sont-ils plus volatiles, moins engagés que dans d’autres organisations ?

On pourrait penser que le fait de ne pas payer une cotisation mensuelle ou annuelle pourrait rendre plus instable cette organisation. Mais rien ne le prouve. C’est plutôt la qualité de fonctionnement et d’accueil des groupes d’actions qui assurent ou non cette stabilité. Il existe en France une crise du militantisme qui ne date pas d’hier et dont l’une des causes est la professionnalisation de la fonction politique. Voir : crise du militantisme Julien Fretel Dans Pouvoirs 2017/4 (N° 163), pages 71 à 81 https://www.cairn.info/revue-pouvoi...

Le nombre d’adhérents à l’ensemble des partis politiques en France ne dépasse pas 1 % du corps électoral. Faute d’une étude empirique statistique fiable, il est difficile d’avoir un avis sérieux sur la volatilité ou non des adhérents de LFI. L’utilisation des outils numériques dont les plateformes et les messageries électroniques peuvent être un frein à la volatilité des adhérents.

Quel est le nombre d’adhérents à LFI ?

C’est déjà difficile à déterminer pour un parti traditionnel à partir du relevé effectif des cotisations, c’est encore plus difficile pour un mouvement qui n’exige pas de cotisations régulières. Ce que l’on peut remarquer c’est le nombre important de contributions sur les plateformes, le montant global des dons pour soutenir le mouvement ou à l’occasion de différentes élections. En outre, ce nombre peut considérablement varier selon les mobilisations lors des campagnes électorales. La fourchette semble être comprise entre 200 000 et 500 000.

Que peut-on dire de l’engagement des adhérents de LFI dans l’action ?

Les assemblées représentatives et conventions organisent des campagnes d’information sur différentes thématiques : pauvreté, énergies renouvelables, problème de l’eau, et organise même des caravanes pour les droits des plus démunis, et ce en dehors des campagnes électorales. On ne trouve pas ce genre d’initiative dans d’autres organisations politiques sauf exceptionnellement. Comme d’autres organisations (PCF, NPA, une partie de EELV, les militants de LFI accompagnent les luttes sociales et la défense des droits. Ajoutons qu’il existe à LFI une école de formation au service des adhérents et des citoyens intéressés. L’un des engagements de militants de LFI est d’améliorer le niveau de culture politique de leurs concitoyens pendant et en dehors des campagnes électorales. Aucun fait ne permet d’affirmer que les adhérents de LFI sont moins mobilisés, moins engagés que les adhérents d’autres partis, bien au contraire.

Les mobilisations militantes dépendent-elles quasi exclusivement de l’initiative de Jean-Luc Mélenchon ?

Pour une partie seulement. Ce sont essentiellement les groupes d’actions, en respectant leur chartre de fonctionnement, les assemblées représentatives, l’assemblée générale des groupes d’actions, l’espace opérationnel qui peuvent être à l’initiative des différentes actions. Mélenchon n’est même pas forcément au courant de certaines actions locales organisées par LFI.

Tout le mouvement ne s’articule pas autour de Jean-Luc Mélenchon ! Celui-ci est seulement le président du groupe parlementaire LFI à l’Assemblée nationale. Cela a été vrai lors de la première année de lancement du mouvement mais le temps passant, l’organisation s’est diversifiée, complexifiée et dorénavant ce n’est plus le cas. Mais en outre, le mouvement dispose maintenant de 23 parlementaires au niveau national et européen. La structure organisationnelle du mouvement, le nombre d’élus font que le mouvement peut fonctionner sans la présence de Mélenchon. La personnalisation à outrance de la vie politique par les médias et par des politologues du genre de Gérard Grunberg occulte cette réalité. Pour ces gens, le programme de LFI l’Avenir en commun, les groupes d’actions, les parlementaires et les élus municipaux ne semblent pas exister. Indigence ou paresse intellectuelle ? Mépris ? Stratégie du silence pour l’invisibilitsation de LFI en tant qu’organisation ? Fait notable et ô combien révélateur, l’existence même du programme l’Avenir en commun n’est jamais évoquée pendant l’interview !

La France Insoumise s’est-elle affaiblie depuis les élections présidentielles de 2017 et son implantation locale est-elle forte ?

Du point de vue méthodologique, comme pour toute organisation politique se présentant à des élections, il est difficile de comparer des scores concernant des élections de natures très différentes. On peut toujours évidemment comparer les chiffres, mais il faut se garder d’en tirer des conclusions définitives. Il est plus légitime de comparer des élections de même nature, par exemple deux élections européennes successives.

Certains journalistes « politologues » s’appuient sur le mauvais résultat des élections européennes de 2019 avec 6,31 % des suffrages exprimés en les comparant aux élections présidentielles de 2017. C’est d’abord faire une grossière erreur d’analyse politique : il est très difficile de comparer des élections de nature aussi différente et d’autre part, l’électorat favorable à LFI est très sceptique sur l’efficacité du Parlement européen ce qui explique le fort taux d’abstention pour cette sensibilité politique. Il faut comparer ce qui est comparable, c’est-à-dire comparer le résultat de 2019 aux européennes de 2014. À cette époque LFI n’existait pas encore mais en revanche existait le Front de Gauche qui réunissait principalement le Parti de Gauche, le principal fondateur de LFI et le PCF. Le score obtenu fut de 6,61 %. En 2014. Si l’on ajoute les voies de LFI (6,31 %) et ceux du PCF (2,4 9 %) en 2019, on obtient un total de 8,80 % Il est donc difficile de parler d’affaiblissement. En 2014, le FDG avait obtenu quatre sièges ; en 2019, LFI obtient six sièges. Concernant les élections municipales, parler d’affaiblissement n’a pas grand sens, puisque encore une fois, laprésidentielle n’est pas comparable à des élections locales.

En outre, aux élections municipales précédents LFI n’existait pas.

Comment serait-il possible qu’un parti qui a quatre ans d’âge qui participe pour la première fois à des élections puisse réaliser un score local important ? D’autre part, LFI n’a pas voulu présenter de liste à l’enseigne de son étiquette sauf quelques exceptions. Elle a soutenu des listes citoyennes en favorisant ce qu’elle appelle la fédération populaire. Ces listes ont été classées administrativement sous l’étiquette « Divers gauches ».

Dans le cadre de la fédération populaire qu’elle appelle de ses vœux, La France insoumise soutenait 591 listes à travers le pays ce qui en fait un mouvement davantage présent dans cette élection que La République En Marche ou le Rassemblement National. Voir résultats des élections pâles en 2020 : Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%8...

- Le score national de ces 591 listes soutenues par La France insoumise est de 14,67 %.

Les listes « Divers gauches » auxquels étaient intégrés souvent des Insoumis ont obtenu 2 364 848 voix au premier tour soit 14,98 % des suffrages exprimés. Elle obtient 15 023 sièges. Au second tour, elle a obtenu 1 073 093 voix soit 17,38 % des exprimés. Elle obtient 7 607 sièges. Elle se place très loin devant les résultats du RN, LR EM, Union de la gauche (PCF + pièce) et les autres partis de gauche. Au total les listes « divers gauche » obtiennent 22 630 sièges soit 10,16 % du total national des sièges. Remarquons que 387 listes soutenues par La France insoumise ont obtenu un score supérieur à 10 %, ce qui lui a permis d’être présente au second tour.
- 59 listes soutenues par La France insoumise ont gagné l’élection dès le premier tour et, parmi elles, 19 listes conduites par un·e insoumis·e. 30 000 communes ont élu leur conseil municipal dès le premier tour. Le second tour, reporté, concerne donc les 5 000 communes restantes. Source : LFI
- https://lafranceinsoumise.fr/2020/0...

N’en déplaise à ce politologue militant masqué anti LFI, il existe bien une implantation locale non négligeable de LFI. Le qualificatif de « forte » attribuée à « base locale » est trop vague pour être l’objet d’une discussion. On pourrait attendre mieux d’un politologue qu’une simple impression fondée sur aucun chiffre sérieux.

Autre question : LFI est-il un parti de gauche ?

Encore une fois il ne s’agit pas d’un parti mais d’un mouvement. Concernant son origine historique il est bien de gauche puisque après avoir été au Parti socialiste, Mélenchon a créé le Parti de gauche en 2008 qui a été l’un des moteurs de la création de LFI en 2016. L’examen de l’espace politique de LFI montre que celui-ci contient des personnalités issues du PCF, du GRS, de Ensemble, du PG, du mouvement les socialistes insoumis : ce sont bien des personnalités de gauche. Plusieurs personnalités comme Martine billard de LFI proviennent de EELV. Quant au programme du mouvement LFI,, l’Avenir en commun, l’examen de son contenu montre bien il s’agit bien d’un programme défendant des valeurs de gauche : justice sociale, juste répartition des richesses produites, souveraineté populaire, planification écologique, etc. ceci étend dit, de nombreux adhérents à LFI, dont des responsables actuels, n’étaient pas encartés dans un parti avant leur adhésion à LFI, comme c’est le cas par exemple de Manon Aubry, tête de liste LFI Parlement européen. Ce mouvement est relativement plus hétérogène sociologiquement que le PS ou le PCF par exemple.

Mais effectivement, une question se pose : pourquoi Mélenchon et d’autres représentants de LFI n’avancent-ils pas le mot « gauche » pour qualifier LFI ? D’abord parce que ce mot a perdu de son sens avec la politique économique de François Hollande qui s’est alignée sur l’ultralibéralisme défendu par la droite et qui a de ce fait, fait imploser la gauche. Ce mot est devenu un véritable repoussoir pour de nombreux électeurs non seulement des classes moyennes mais aussi des classes populaires. (nous utilisons ici une terminologie courante qui devrait être précisée). Ce retrait de confiance des classes populaires à l’égard des partis de gauche s’était déjà manifesté en 2007:1a moitié des ouvriers avait voté pour Ségolène Royal et l’autre moitié pour Sarkozy. Actuellement, une coalition des partis dits de gauche réunirait environ 30 % des suffrages.

La seconde raison est que la stratégie de LFI et de « fédérer le peuple », de réunir des citoyens autour de « causes communes », de construire une « fédération populaire ».

En fait, le but n’est pas d’exclure a priori des citoyens en raison de votes antérieurs à partir d’étiquettes politiques qui ne veulent plus rien dire pour 85 % du corps électoral. Et répétant le de nombreux adhérents de LFI ne se réclamaient pas d’une appartenance à une organisation de gauche avant leur adhésion. Rappelons pour 88 % des Français, tous les partis ont perdu leur crédibilité. On ne peut faire l’économie de l’effondrement idéologique de la gauche incarnée médiatiquement par le PS. Cette démarche n’est pas facile à comprendre pour une majorité de journalistes de sensibilité sociale-démocrate et par un parti communiste qui reste attaché à la notion de « peuple de gauche » qui continue de se poser des questions devenues métaphysiques sur le « périmètre ». Alors LFI est-il pour ou contre « l’union de la gauche » ? Il résulte de ce qui vient d’être dit que la notion « d’union de la gauche » ne peut plus avoir le même sens autrefois, puisque la « gauche plurielle » fondée sur des alliances d’appareils politiques a implosé. Ainsi, l’union de forces se réclamant de gauche ne peut plus se faire à partir d’une simple combinaison d’appareils mais à partir de l’élaboration d’un programme commun fédérateur au service des travailleurs : salariés du privé, salariés du public, travailleurs indépendants. LFI a déjà élaboré un programme l’Avenir en commun issu lui-même du programme antérieur élaboré avec le PCF « L’Humain d’abord ». Ce programme est le résultat d’une longue élaboration collective qui est dorénavant remise en chantier. Ce programme est évolutif et est ouvert à toutes les émanant de citoyens de partis politiques de gauche traditionnelle, ou encore des différentes associations et des différents syndicats.

L’élaboration d’un programme commun n’est pas exclue par Mélenchon mais il faut que celui-ci soit compatible avec des orientations fondamentales de l’Avenir en commun comme par exemple un partage équitable de la valeur ajoutée entre salaires et profits, la réindustrialisation de la France, l’éradication de la pauvreté, la souveraineté populaire et nationale, l’augmentation des salaires et la limitation des revenus, etc.

L’image électorale de Mélenchon s’est –elle affaiblie ?

Tout est mis en œuvre par les médias détenus directement ou contrôlés indirectement par 10 milliardaires pour neutraliser l’ascension de LFI et de Mélenchon. Des campagnes de dénigrement fondé sur aucun fait comme de prétendues ambiguïté vis-à-vis de la laïcité, l’existence d’un islamogauchisme, d’un nationalisme, de sympathie vis-à-vis de dictature font partie de l’attirail du dénigrement systématique. À cela s’ajoutent les perquisitions de 2018 dont le fondement juridique n’est à ce jour toujours pas justifié. Tout cela vise comme cette émission de France Culture, à affaiblir Mélenchon et le mouvement LFI. Les journalistes de cette station qui se prêtent à ce genre de petit jeu déloyal et sournois devraient comprendre que cette politique de désinformation conduit à renforcer le RN qui pourrait bien prendre le pouvoir en 2022, en partie par leur faute. Tous les journalistes de cette station qui gardent encore aujourd’hui une certaine liberté de pensée critique pourraient bien à terme être licenciés.. Il ne s’agit pas de faire la promotion de LFI mais simplement de rendre compte occasionnellement de son existence sans falsification de la réalité. Pour cela, il suffit simplement d’appliquer la charte de déontologie journalistique de Munich fondée en 1977 par les journalistes eux-mêmes. Un journaliste ne doit pas se transformer en un propagandiste masqué et respecter les faits. Il est probable que toutes ces campagnes ont un certain effet sur la popularité de Mélenchon sans qu’il soit possible d’en mesurer la portée exacte. Néanmoins en se reportant à trois sondages publiés depuis l’été 2020, Mélenchon reste pour les Français le meilleur candidat aux présidentielles pouvant représenter les idées de gauche.

Question complémentaire non posée :

Jean-Luc Mélenchon a-t-il une chance d’être élu à la présidentielle de 2022 ?

Jamais les conditions économiques, sociales et écologiques objectives auxquelles s’ajoute la crise sanitaire n’ont été si favorables pour un changement radical de la situation économique, sociale et politique. Les gouvernements successifs depuis 40 ans ont montré leur incapacité à résorber le chômage, à améliorer les conditions de vie, à offrir un horizon positif pour la population. Ce ne sont pas seulement les responsables politiques de la droite du centre et du PS qui sont en cause mais aussi le système économique néolibéral dont ils ont été des serviteurs les acteurs. Maintenant, tout le monde peut juger sur pièces les conséquences dramatiques de la désindustrialisation, des privatisations, de la dégradation des services publics notamment dans le domaine de la santé. Mais malheureusement, les gens ne votent pas seulement en fonction de leurs conditions de vie matérielle mais aussi en fonction de leur imaginaire politique souvent façonné par les grands médias libéraux et par une propagande simpliste de l’extrême droite. Et cela, ce n’est pas nouveau. Tout va se jouer avec le niveau de mobilisation des groupes d’action et leur capacité de trouver des moyens efficaces pour diffuser leurs idées et pour neutraliser la propagande hostile. L’utilisation de tous les médias possibles devrait être mobilisée. Présence dans les grands médias nationaux et régionaux, interventions dans les radios locales, utilisation du téléphone, utilisation des réseaux sociaux, distribution de tracts, porte-à-porte, envoi de lettres par voie postale, distribution de tracts dans tous les endroits publics, etc.

La priorité est de faire connaître le programme et d’expliquer aux citoyens qu’il faut plus s’attacher aux contenus de celui-ci plutôt qu’à la personnalité du candidat comme le veulent les médias dominants et la presse people. Mais un obstacle supplémentaire apparaît en cette période, c’est un contexte émotionnel lié à la peur que les militants de LFI doivent apprendre à combattre, non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour leurs concitoyens. Il faut donc à la fois donner des perspectives d’espoir et dédramatiser la situation sanitaire actuelle comme le fait par exemple à juste titre le professeur Raoult, même si l’on n’est évidemment pas obligé de souscrire à tous ses propos. On assiste en effet actuellement à une conjonction des peurs : la peur d’attraper laCOVID 19 ; la peur de perdre son emploi, la peur d’être obligé de fermer son entreprise artisanale ou commerciale, la peur de ne pas trouver d’emploi à la sortie de son cursus scolaire ou universitaire, la peur de perdre son petit boulot d’étudiant permettant de poursuivre ses études, la peur de perdre son épargne en raison d’une crise financière majeure, la peur de se retrouver à la rue, etc. À cela s’ajoute la peur des conséquences écologiques catastrophiques du réchauffement climatique, la peur de la répression politique et policière la peur du terrorisme, la peur de la délinquance accrue provoquée par l’augmentation de la pauvreté,… On peut alors se demander si les peurs qui font le fonds de commerce de l’extrême droite restent encore opérantes dans un tel état de saturation émotionnelle : peur de l’immigré, peur du réfugié, peur des gens du voyage. Dans un tel contexte saturé par la peur (dont ont connaît la cause) et l’angoisse (de cause inconnue), le militant LFI doit apparaître calme, serein, confiant, rassurant et offrant des perspectives, donnant du sens et de l’espoir par un Avenir en Commun qui prône le bon sens, l’équilibre, l’harmonie au service de l’humain contre les extrémistes d’un tout État étouffant et d’un tout privé ou marchand mortifère.

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Annexe

Gérard Grunberg sur Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%...

Telos sur Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Telos

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Hervé Debonrivage


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