Violences policières : lettre ouverte d’Anouk Grinberg au gouvernement

jeudi 3 décembre 2020.
 

Messieurs du gouvernement, qui voudriez empêcher la vérité de circuler,

On est des millions à avoir voté Macron, pas parce qu’on l’aimait, mais parce qu’il promettait de fabriquer, avec nous, une société un peu humaine. En tout cas plus humaine que le fascisme qui nous menaçait.

Et voilà qu’en quelques petites années au pouvoir, il se croit «  Dieu le papa  » et nous infantilise, nous divise, frappe les faibles, frappe les forts. Jour après jour, il creuse le lit d’un fascisme débutant au prétexte de nous protéger les uns les autres et les uns des autres. La nuit, pendant qu’on dort, le gouvernement fait passer des lois qui nous retirent l’oxygène de nos pensées, de nos libertés.

Voilà maintenant qu’il est interdit de filmer les policiers qui agissent en bêtes, en meute.

La violence a maintenant une solide coéquipière  : l’impunité, le droit d’enfreindre le droit.

Messieurs du gouvernement, qui voudriez empêcher la vérité de circuler, ce ne sont pas les messagers des mauvaises nouvelles qui font les mauvaises nouvelles, c’est vous, dans l’exercice du pouvoir.

Débrouillez-vous pour qu’il n’y ait plus d’horreurs à filmer. Les journalistes seraient heureux de filmer l’humanité. Nos yeux sont faits pour voir. On n’est pas vos enfants. Le monde n’est pas à vous, vous le servez. On veut savoir ce que vous lui faites. Nous avons besoin de vérité autant que de manger.

La vérité du monde, c’est dur, mais le mensonge ou le déni sont toujours pires.

On veut être conscient pour être humain, pour rester reliés les uns aux autres. Alexandre Benalla, s’il n’y avait pas eu de caméras pour filmer sa sauvagerie sous un casque de policier, il serait peut-être toujours là à déchaîner périodiquement sa violence sur les gens.

L’homme qui meurt étouffé sous le genou du policier, s’il n’y avait pas eu d’image, ce serait juste un méchant homme qui meurt dans le caniveau.

Avec les images, on a vu des policiers torturer tranquillement un innocent et torturer l’humanité entière à travers cet homme seul. Car oui, nous sommes reliés.

Les policiers qui tabassent les exilés, les gens désespérés, les journalistes, agissent sous les ordres d’un ministre de l’Intérieur qui n’a plus aucune maîtrise de son intérieur, entièrement consumé par la folie du pouvoir. Et au-dessus de lui, dans le noir, Macron, le si jeune Macron, si séducteur il y a deux ans, lui confie ses instincts les plus bas et se dit «  ce n’est pas moi, c’est lui  ».

Mais quelle merde le pouvoir, quel gâchis  !

Ça pourrait être si beau de faire un monde.


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