Oui, Macron a transformé la France en paradis pour les super riches

samedi 24 octobre 2020.
 

Depuis la rentrée, de nombreuses personnes s’aperçoivent enfin à quel point Macron a transformé la France en paradis pour les super riches. Et voici même les méprisants d’hier lorsqu’en 2017, il y a trois ans, nous lancions le mot « Macron Président des riches ». Apothéose, lundi 12 octobre, le journal Le Monde titrait « La crise ravive le débat sur la fiscalité des riches ». La semaine précédente, le même journal jugeait dans son éditorial que la suppression de l’ISF avait été un « échec politique ». Les auteurs de ce texte appellent même à de nouveaux impôts sur les très hauts revenus et les gros héritages. Ils ne vont pas jusqu’à mentionner que ces deux points figurent dans L’Avenir en Commun et dans les trois contre-budgets proposés par les députés de la France insoumise.

Au fond, peu importe. L’important est que l’explosion des inégalités devienne un sujet de premier rang dans le débat public. Leur affichage à la une signifie que désormais, l’enrichissement sans fin d’une poignée de personnes détachées du reste de la société est même devenu totalement insupportable à la classe moyenne supérieure éduquée. Pour nous, c’est une bonne nouvelle. Si nous parvenons à imposer le thème du problème de la classe parasitaire plutôt que l’absurde stigmatisation des musulmans, Macron peut être battu en 2022. L’important est donc que la prise de conscience morale et sociale progresse. Le moment y est favorable.

Où est passé l’argent ?

Si les chiffres publiés récemment sur le sujet étaient prévisibles, ils n’en restent pas moins implacables. Le comité d’évaluation de la fiscalité, dans lequel on trouve des représentants du Medef, a publié un rapport sur les effets de la suppression de l’ISF et de la mise en place de la « flat tax » sur les revenus du capital. La première conséquence trouvée par le rapport est l’augmentation en un an de 60% des dividendes versés. Je me souviens lors des débats parlementaires, en 2017, d’un échange avec Bruno Le Maire. J’avais alors prévenu que l’argent rendu aux riches par la suppression de l’ISF n’irait pas dans l’investissement mais d’abord dans la bulle financière. Nous avons désormais la preuve chiffrée. Le rapport montre aussi que la même année, les 0,1% les plus riches ont vu leur fortune progresser de 25%.

Aider les riches et le capital n’aide pas l’économie

Ce rapport le montre assez bien. Il s’agit d’une publication du Conseil d’analyse économique, un bureau d’étude rattaché à Matignon. Il démontre les inégalités dans l’épargne accumulée pendant le confinement. 70% de cette épargne est le fait des 20% les plus riches. Les 20% les plus pauvres, eux, n’ont pas du tout épargné pendant les mois de confinement. Au contraire, puisqu’ils ont augmenté leur endettement net de 1,5 milliard d’euros. Ce constat rejoint celui des associations. Celles-ci parlent d’un million de pauvres supplémentaires en 2020 et de 3 millions de personnes de plus nécessitant l’aide alimentaire.

Une politique efficace de relance consisterait à augmenter les revenus des plus pauvres. Ils utiliseraient immédiatement ce surplus d’argent pour le dépenser forcément dans l’économie réelle. Le gouvernement fait l’inverse dans le projet de budget que l’Assemblée commence à examiner. Le plus gros morceau est une nouvelle rasade pour le capital. C’est la baisse des « impôts de production ». Ces impôts financent en fait les budgets des collectivités et donc l’entretien des routes, des réseaux, les crèches, les écoles municipales, etc. Macron les baisse de 20 milliards sans aucune contrepartie. Les plus grosses entreprises seront les principales bénéficiaires. Ainsi, 0,01% des entreprises capteront 25% de cette baisse d’impôt. Comme d’habitude, cet argent n’ira pas dans les salaires ou dans les créations d’emplois mais dans une augmentation des dividendes. En comparaison, les mesures de soutien aux précaires représentent moins de 1% du « plan de relance ». Nul ne pourra dire qu’il ne savait pas.

Ce que les riches préfèreraient cacher

Enfin, il y a ce chiffre faramineux. Depuis 2009, la richesse des milliardaires français a progressé de 439%. Si les milliardaires français s’étaient contentés de leur fortune de 82 milliards d’euros de 2009, chacun des 29 millions de salariés français aurait pu bénéficier d’une augmentation de salaire de 100 euros par mois, tous les mois, pendant 10 ans. Nos sociétés ne peuvent soutenir encore très longtemps un tel niveau d’inégalités. Nous avons au contraire besoin de renforcer la cohésion et l’entraide pour affronter dans de bonnes conditions les conséquences du réchauffement climatique.

Lorsque j’ai lancé l’idée que la loi mette une limite à l’enrichissement, il y a 10 ans, elle a été déclarée choquante et clivante. Les gros « petits bourgeois » s’inquiétaient d’y perdre une hypothétique possibilité de s’enrichir dans le futur. Typique des milieux sociaux démocrates tendance L’Obs et Libération, à l’époque en plein rêve éveillé néo-libéral « de gauche ». Aujourd’hui, face au double défi de l’explosion des inégalités et de la catastrophe écologique, je pense que la question de la limite à l’accumulation peut être abordée de manière mieux comprise par les milieux de la classe moyenne supérieure. En tous cas, le problème est désormais impossible à contourner. La lutte contre les inégalités de richesses s’impose comme une cause commune. Un impôt sur le revenu plus progressif devrait aller vers la définition d’un revenu maximum. L’Avenir en Commun traduit en amendements depuis 2017 montre comment le faire.


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