« Tolérance zéro », « politique du chiffre » : le grand bond en arrière sécuritaire

mercredi 14 octobre 2020.
 

Depuis la nomination du nouveau gouvernement de Jean Castex, l’exécutif multiplie les clins d’œil explicites à la rhétorique sécuritaire de la fin des années 1990. Celle-ci, importée des États-Unis, semblait pourtant enterrée, en raison de son inefficacité et de ses effets pervers.

En tenant mardi 13 octobre, son premier point presse mensuel de présentation des chiffres de l’insécurité, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin s’en est défendu : « Il ne s’agit pas d’évoquer une nouvelle politique du chiffre (…) mais d’évoquer une politique du résultat. »

Pourtant, c’est bien une litanie de statistiques qu’ont égrainé le ministre et sa ministre déléguée en charge de la citoyenneté, Marlène Schiappa. Tous les deux ont notamment détaillé les résultats des plus de « 200 opérations de reconquête » des quartiers menée dans le cadre de la lutte contre la drogue, désignée comme « l’alpha et l’omega de la délinquance » : 9532 amendes forfaitaires pour consommation de stupéfiants soit, « plus de 250 par jour », 831 gardes à vue depuis trois mois, 1189 interpellations depuis septembre, « 2000 infractions pour outrage sexiste », 18500 signalements de violences intrafamiliales, 12 lieux de radicalisation fermés…

Pour ceux ayant gardé souvenir de la vague sécuritaire qui avait frappé la France à la fin des années 1990, cette conférence de presse, et d’une manière générale ces premiers mois du gouvernement de Jean Castex ont été étrangement familiers. « Tolérance zéro », « ensauvagement », « politique du chiffre », « culture de l’excuse »… : le nouvel exécutif a multiplié les clins d’œil à des débats qui, il y a plus de 20 ans, avaient accompagné l’importation dans notre pays d’un nouveau modèle sécuritaire.

Une filiation revendiquée même de manière explicite le 25 juillet dans un tweet du nouveau ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, qui assumait, au sujet de l’emploi du terme « ensauvagement », « décrire la réalité que subissent une partie des Français, notamment des milieux populaires, et s’exposer aux mêmes critiques vingt et un ans après Jean-Pierre Chevènement… ».


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