En Chine, les Mongols se battent pour conserver leur langue

dimanche 20 septembre 2020.
 

En Mongolie-Intérieure, région autonome du nord de la Chine, la rentrée scolaire est troublée par des protestations. Les Mongols manifestent contre le remplacement de la langue mongole par le chinois dans certaines matières à l’école.

Pour l’écrasante majorité des 550 millions d’utilisateurs actifs de Weibo, l’un des réseaux sociaux les plus populaires de Chine, aucune protestation de masse n’a actuellement lieu dans la région autonome de Mongolie-Intérieure, dans le nord de la Chine. Toutes les informations à propos d’éventuelles contestations ont été censurées.

Pourtant, dès le 31 août, The New York Times consacrait un article aux manifestations en Mongolie-Intérieure. Le quotidien américain citait notamment une source militant pour les droits de l’homme, qui témoignait que “des milliers de Mongols [s’étaient] rassemblés devant les écoles pour protester contre une politique qui réduirait l’enseignement de leur langue au profit du chinois”. Un article publié sur le média en ligne hongkongais Matters, explique que, d’ici trois ans, les cours de langue et littérature, de politique et d’histoire seront dispensés en chinois, langue que Pékin tente d’imposer petit à petit à tout le pays, dans les écoles mongoles de la région.

Et les sanctions, elles, existent bien. À Hohhot, la capitale de cette région autonome, la police a annoncé dans un communiqué la détention administrative pendant cinq jours d’un habitant pour “diffusion de fausses informations concernant l’utilisation de nouveaux manuels scolaires établis au niveau national, qui peuvent provoquer une panique sociale”, rapporte le site nationaliste Guanchazhe.

Les familles privées d’aides financières

À part cette arrestation, qui rappelle le manque de liberté d’expression en Chine, les annonces officielles, considérées par des internautes comme des menaces ou du chantage, se succèdent.

“Pour les familles qui n’ont pas envoyé les enfants à l’école à temps, toutes les aides et subventions diverses seront suspendues”, a annoncé le 15 septembre la ville de Xilinhot, au centre de la Mongolie-Intérieure. Cette décision officielle a été relatée par le grand portail chinois Sohu, avant de devenir introuvable, mais sauvegardée par China Digital Times, un site en mandarin hébergé aux États-Unis.

Pour promouvoir l’utilisation d’un matériel pédagogique unifié au niveau national, les mesures politiques sont les suivantes : les parents qui envoient leurs enfants à l’école avant le 16 septembre et ont procédé à leur inscription par téléphone toucheront le “fonds écologique des prairies” et d’autres subventions dans les temps. Pour les familles qui ont envoyé leurs enfants à l’école le 17 septembre ou après cette date, toutes les aides seront suspendues. En outre, pour les familles possédant un élevage, un contrôle du nombre de têtes de bétail sera effectué. En cas de dépassement du seuil autorisé par unité de superficie, des sanctions plus lourdes seront imposées.

Une autre mesure, concernant les prêts bancaires, est probablement encore plus dissuasive. Pour les parents qui refusent de mettre en œuvre les principales dispositions nationales et n’ont pas envoyé leurs enfants à l’école à temps sans raison valable, des établissements financiers tels que la Banque agricole municipale ou la Coopérative de crédit rural ne traiteront plus les demandes de prêt pendant cinq ans.

La sanction est tombée rapidement. Dong Wang, site du groupe de médias de Hong Kong Dongfang Baoye, s’est procuré un document official révélant,, le 17 septembre, que le lycée mongol de Xilinhot avait ainsi privé de son droit d’inscription un élève nommé Taonalajin. “Le défaut de se présenter à l’école dans les délais requis est considéré comme un renoncement volontaire à l’admission.” Quelques jours plus tôt, le 12 septembre, le lycée numéro 1 de la ville de Daban avait également prévenu que “le statut d’étudiant [serait] ôté à tous les étudiants qui ne se [seraient] pas inscrits à temps”.

Mais les autorités savent aussi manier la carotte. Pour encourager les retours à l’école, la Ligue de la jeunesse communiste de la ville d’Ongniud a promis une prime de 200 yuans (26 euros) pour chaque étudiant qui convaincra un camarade de retourner à l’école.

Zhang Zhulin


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message