Après les violences à Kenosha, vague de grèves dans le sport américain

mercredi 9 septembre 2020.
 

Après la grève spontanée des Bucks de Milwaukee pour dénoncer les violences policières dont a été victime Jacob Blake à Kanosha, d’autres équipes de basket ont suivi le mouvement. Et cette vague de protestation historique ne s’arrête pas à la NBA.

Après la grève spontanée des Bucks de Milwaukee pour dénoncer les violences policières dont a été victime Jacob Blake à Kanosha, d’autres équipes de basket ont suivi le mouvement. Et cette vague de protestation historique ne s’arrête pas à la NBA.

“Le chronomètre a été remis à zéro et la sonnerie a retenti, mais le terrain était désert.” Comme le rapporte The Ringer, le match de basket entre les Bucks de Milwaukee (Wisconsin) et les Magic d’Orlando (Floride) prévu ce mercredi 26 août ne s’est pas tenu. Quelques heures plus tôt, les joueurs de Milwaukee avaient annoncé leur intention de ne pas participer à cette rencontre de la NBA (National Basketball Association).

Ils ont fait grève pour dénoncer le racisme et la violence de la police, quelques jours après que les forces de l’ordre ont tiré sur Jacob Blake dans la ville de Kenosha (Wisconsin), et que deux personnes ont trouvé la mort dans les manifestations de soutien – un adolescent pro-Trump lourdement armé a été arrêté dans le cadre de cette enquête.

Le basket montre la voie

L’émotion était d’autant plus vive chez les Bucks que la ville de Kenosha “se trouve à 45 minutes seulement de Milwaukee, juste au sud de l’endroit où jouent et s’entraînent les joueurs”. Or, la décision prise par l’équipe a eu un effet boule de neige, poursuit The Ringer, avec l’annulation de toutes les rencontres de la NBA prévue ce jour-là. Idem pour le pendant féminin de la ligue, la WNBA, où des joueuses ont organisé un hommage à Jacob Blake, raconte encore le site spécialisé dans le sport et la pop culture. Enfin, d’autres disciplines sportives se sont jointes au mouvement, par exemple l’équipe de baseball de Milwaukee, reportant sa rencontre avec Cincinnati (Ohio).

“Certains commentateurs sportifs on décrit l’événement comme un boycott. Or ce terme est inapproprié, et efface l’impact politique de la contestation des Bucks”, analyse le New York Magazine. En effet, les joueurs ayant décidé d’un arrêt collectif du travail – en bonne intelligence avec leurs adversaires –, le terme de “grève” est plus approprié selon le magazine, qui souligne qu’il s’agit même d’une grève sauvage et spontanée, non prévue par un syndicat, et dont les modalités ne sont pas définies dans la convention de la NBA. Un geste d’autant plus important donc, “qui pourrait laisser présager d’autres blocages à venir dans la NBA, et peut-être la MLB [ligue de baseball] ou la NFL [football américain]”. Des discussions sont en cours avec la NBA pour déterminer si et comment reprendre la saison après un événement “sans précédent dans l’histoire de la ligue”, signale The New York Times.

L’énergie du désespoir

Dans une vibrante chronique, l’un des chroniqueurs sportifs du Washington Post, Jerry Brewer, rappelle les précédentes prises de position d’athlètes africains-américains en dénonciation du racisme. Il cite notamment le genou à terre du quarterback Colin Kaepernick pendant l’hymne national. Malgré tous les mouvements de protestation, déplore le journaliste (lui-même Africain-Américain), les athlètes, comme tous les autres Noirs américains, sont confrontés au quotidien à la menace de violences racistes. “Imaginez à quel point c’est démoralisant. Imaginez leur angoisse. Les joueurs ne voient pas d’autre moyen [que la grève] pour faire comprendre leurs souffrances ainsi que l’urgence de la situation à leur public.”

Si la grève leur fait courir de vrais risques, pouvant compromettre leurs revenus mais aussi leur carrière, les joueurs sont déterminés à dépasser les simples slogans “Black Lives Matter” affichés sur leur maillot ou sur le terrain, analyse Jerry Brewer. Et le reste de la société serait bien inspiré de les écouter, ajoute-t-il :

“Chère Amérique. Les basketteurs – et tous les autres sportifs – ne sont pas des jouets destinés à nous divertir quand bon nous semble. Ils ne vivent pas dans un monde imaginaire qui peut disparaître en appuyant sur un bouton. Il n’y a pas d’endroits où les reléguer quand ils ne nous plaisent plus. Ce sont des êtres humains ; des athlètes, mais surtout des êtres de chair. Être noir et humain, c’est savoir à quel point la société peut parfois dissocier les deux.” Hugo Florent


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