Une chape de plomb s’abat sur Hong Kong

vendredi 10 juillet 2020.
 

Elle fait frémir les militants pro-démocratie et tousser les chancelleries occidentales. La loi sur la sécurité nationale, rédigée à Pékin et entrée en vigueur le 30 juin à Hong Kong, commence seulement à se dévoiler.

Mardi 7 juillet, la cheffe de l’exécutif hongkongais, Carrie Lam, a reconnu qu’elle n’avait pas vu la totalité des 66 articles, qui attentent gravement aux libertés civiles des 7,5 millions d’habitants, pourtant garanties par la Chine lors de la rétrocession de l’ancienne colonie britannique en 1997.

La loi, qui sanctionne la sécession, la subversion, les actes de « terrorisme » et la collusion avec des forces étrangères, est plutôt « modérée » a affirmé, mardi 7 juillet, Carrie Lam

Après tout, l’Australie a également adopté un arsenal législatif sur les ingérences étrangères il y a deux ans ; Singapour et Taïwan ont fait de même l’an passé ; sans oublier les États-Unis où le Patriot Act, voté après les attentats du 11 septembre 2001, s’est assis sur un certain nombre de libertés civiles, au nom de la lutte contre le terrorisme.

Pas de séparation des pouvoirs

Mais la loi est la loi. Et elle sera appliquée « vigoureusement », prévient Carrie Lam. On en a eu un avant-goût avec le déploiement massif de 4 000 policiers et l’arrestation de 300 militants pro-démocratie le 1er juillet, lors du 23e anniversaire de la rétrocession.

Dans la foulée, on découvrait que la nouvelle législation prétendait s’appliquer sur toute la planète à quiconque critiquerait la présence chinoise à Hong Kong. « Un affront à tous »,pour le secrétaire d’État américain Mike Pompeo.

La reprise en main du territoire par la Chine est patente.

Luo Huining, l’envoyé spécial de Pékin, siège désormais au nouveau Bureau de sécurité nationale de la ville. Ce dernier a le pouvoir de diligenter des enquêtes, de nommer des juges, en contradiction flagrante avec le principe de séparation des pouvoirs et, s’il le souhaite, de transmettre les affaires aux tribunaux du continent.

Un document de 116 pages, rendu public lundi 6 juillet, précise que la police peut désormais effectuer des perquisitions sans mandat, sur la simple présomption d’un « péril imminent » contre la sécurité nationale. Elle a également le pouvoir de demander toutes les informations qu’elle souhaite aux organisations internationales sur leurs activités à Hong Kong, y compris des données personnelles.

Le révisionnisme est déjà à l’œuvre. Les directeurs d’école et les enseignants ont reçu pour consigne « d’examiner le matériel pédagogique, y compris les livres et de les retirer s’ils y trouvent des contenus périmés ou pouvant s’apparenter aux quatre types d’infractions » définies par la loi. Sans modération…

P.-S.


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