Et Minneapolis s’enflamma comme en 1968

mardi 2 juin 2020.
 

Des responsables de la communauté noire à la Maison Blanche, tout le monde a voulu voir, samedi, la main des militants « antifas » derrière les destructions. La réalité est bien plus complexe.

Mort de George Floyd : à Minneapolis, le caractère multiracial des émeutes ébranle les certitudes des autorités (Le Monde)

« C’est notre ville », explique, tout simplement, l’un des volontaires. Samedi 30 mai, Minneapolis (Minnesota) est à peine réveillée d’une nuit d’émeutes, qu’une nuée d’habitants équipés de pelles et de balais est déjà à l’œuvre pour nettoyer les décombres fumants, tout juste éteints par les pompiers à l’aube.

A Midtown, sur Lake Street, et tout particulièrement à l’intersection avec Chicago Avenue, les stigmates sont sévères. Cinq jours après la mort de George Floyd – un Afro-Américain – lors de son interpellation par un policier blanc, Derek Chauvin, à South Minneapolis, et quelques heures seulement après l’annonce de l’inculpation de ce dernier pour meurtre, les destructions n’ont pas connu de répit.

En l’absence de la police et de la Garde nationale, occupées, à l’est de la ville, à sécuriser les ruines du commissariat du troisième district, incendié la veille, et, à l’ouest, à bloquer l’accès au poste du cinquième district, encore debout, les casseurs ont eu toute la nuit pour passer leur rage sur les commerces de la rue, qui ont brûlé jusqu’aux dernières heures de la nuit. Ce n’est que vers 5 heures que les pompiers, accompagnés de membres de la Garde nationale, ont fait leur apparition. Les bâtiments ne sont déjà plus qu’un souvenir.

Et Minneapolis s’enflamma comme en 1968

https://www.anti-k.org/2020/05/29/m...

Depuis la mort, lundi, de George Floyd, un homme noir asphyxié par un policier blanc, la ville du Minnesota est le théâtre de manifestations et d’émeutes. Derek Chauvin, le principal responsable, a été arrêté vendredi et inculpé d’homicide involontaire.

Des manifestants ont incendié jeudi soir un commissariat de Minneapolis (nord des Etats-Unis), lors de la troisième nuit d’ affrontements contre la police, aux mains de laquelle est mort un Américain noir, George Floyd, lors d’une interpellation musclée.

Des milliers de personnes ont assisté à l’incendie dans les quartiers nord de la ville, après que certaines d’entre elles ont forcé les barrières qui protégeaient le bâtiment et brisé ses vitres.

Les policiers avaient déserté l’endroit, selon les forces de l’ordre. « Peu après 22h, dans l’intérêt de la sécurité de notre personnel, la police de Minneapolis a évacué le commissariat 3 », a indiqué cette dernière dans un communiqué.

Les manifestations avaient auparavant été majoritairement pacifiques, avec des foules contenues par des chaînes d’hommes en uniforme. Mais il y a eu des heurts, avec le pillage d’une trentaine de magasins et des incendies, et l’usage de gaz lacrymogène par la police au niveau du commissariat où travaillent les policiers mis en cause.

L’armée attendue sur place

Le défilé avait commencé en fin d’après-midi, avec de nombreux manifestants portant un masque pour se protéger du coronavirus, tandis que dans la ville voisine de Saint Paul la police faisait état de dégâts et de vols. « Nous savons qu’il y a beaucoup de colère. Nous savons qu’il y a beaucoup de blessures. Mais nous ne pouvons tolérer que certains s’en servent comme occasion pour perpétrer des délits », a déploré le directeur de la police de cette ville, Todd Axtel.

Le gouverneur de l’Etat du Minnesota Tim Walz a signé un décret pour autoriser l’intervention de la garde nationale. Deux cents policiers de l’Etat, ainsi que des hélicoptères, doivent également être envoyés sur place. « La mort de George Floyd doit apporter de la justice et des réformes de fond, pas plus de morts et de destruction », a-t-il estimé dans un communiqué.

Cet Afro-Américain de 46 ans est décédé lundi soir juste après avoir été arrêté par la police, qui le soupçonnait d’avoir voulu écouler un faux billet de 20 dollars. Lors de l’intervention, il a été plaqué au sol par un agent qui a maintenu son genou sur son cou pendant de longues minutes. « Je ne peux plus respirer », l’entend-on dire sur un enregistrement de la scène, devenu viral.

Le président Donald Trump « a été indigné quand il a vu la vidéo » de ce drame « odieux, tragique », a fait savoir sa porte-parole Kayleigh McEnany. « Il a immédiatement pris son téléphone » pour s’assurer que l’enquête du FBI avançait vite, a-t-elle poursuivi : « Il veut que justice soit rendue ». « Assez de voir les hommes noirs mourir » Les quatre agents impliqués ont été licenciés et les autorités locales et fédérales enquêtent sur le drame. Mais aucune inculpation n’a encore eu lieu, ce qui alimente la colère et les frustrations.

« Ces policiers, il faut les arrêter immédiatement » a déclaré Philonise Floyd sur CNN en réclamant, entre deux sanglots, la peine capitale pour les responsables de la mort de son frère. « Tout le monde souffre, c’est pour ça que tout ça arrive. J’en ai assez de voir les hommes noirs mourir », a-t-il ajouté. « Je voudrais qu’ils [les manifestants] soient pacifiques mais je ne peux pas les forcer, c’est dur. »

Comme lui, la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme a fait le lien avec une série d’autres drames qui ont ravivé les plaies raciales aux Etats-Unis.

« C’est le dernier d’une longue série de meurtres d’Afro-Américains non armés commis par des policiers américains » et des citoyens lambda, a regretté Michelle Bachelet dans un communiqué. « Les autorités américaines doivent prendre des mesures sérieuses pour mettre fin à ces meurtres, et pour s’assurer que justice soit faite lorsqu’ils se produisent ».

L’affaire rappelle notamment la mort d’Eric Garner, un homme noir décédé en 2014 à New York après avoir été asphyxié lors de son arrestation par des policiers blancs. Lui aussi avait dit à l’époque « Je ne peux pas respirer », une phrase devenue un cri de ralliement du mouvement Black Lives Matter (« La vie des Noirs compte »).

Le Minnesota avait également été marqué par la mort en 2016 d’un automobiliste noir, Philando Castile, abattu lors d’un banal contrôle de police sous les yeux de sa compagne et d’une fillette.

« Appeler un meurtre un meurtre »

Le révérend Jesse Jackson, arrivé à Minneapolis, a appelé à poursuivre les manifestations. Il a dénoncé un « lynchage en plein jour », et réclamé justice. « Nous avons dit au gouverneur qu’il faut appeler meurtre un meurtre », a-t-il lancé aux fidèles d’une église baptiste.

Le chef de la police de Minneapolis, Medaria Arradondo, a reconnu jeudi qu’il y avait « un déficit d’espoir » dans sa ville et que ses équipes y avaient contribué. Tout en assurant respecter le droit des habitants à manifester et à exprimer leur douleur, il a ajouté qu’il « n’autoriserait aucun acte criminel » susceptible d’aggraver le traumatisme de la population.

Mercredi à Minneapolis, un homme est décédé après avoir été touché par balle à proximité des manifestations et un suspect a été arrêté. À Los Angeles, des manifestants ont bloqué brièvement mercredi une autoroute et brisé les vitres de deux véhicules de police.

Les images de l’interpellation mortelle de George Floyd aux Etats-Unis

Pour visionner cette video, cliquer sur l’adresse URL portée ci-dessous :

https://www.youtube.com/watch?time_...

La scène est profondément choquante. George Floyd, un Afro-américain d’une quarantaine d’années, est mort après après avoir subi un long plaquage au sol effectué par des policiers lors d’une interpellation. Filmé en direct sur Facebook, ce drame a suscité la colère de la ville de Minneapolis et de la communauté noire. « Les quatre agents de la police de Minneapolis impliqués dans la mort de George Floyd ont été renvoyés », a annoncé sur Twitter le maire de la ville.

A Minneapolis, la nuit s’embrase

Un commissariat de police a été incendié dans la nuit de jeudi à vendredi dans la plus grande ville du Minnesota. Pour la troisième nuit consécutive, des manifestations contre la police ont répondu à la mort de George Floyd, étouffé par des policiers.

Un cran a été franchi dans la violence à Minneapolis. Dans la nuit de jeudi à vendredi, la plus grande ville du Minnesota a été secouée par des manifestations anti-policières, qui ont cette fois tourné à l’émeute. Un commissariat a été pris pour cible et incendié par les émeutiers, en colère après la mort de George Floyd, un homme noir qui a succombé après une interpellation brutale durant laquelle il a supplié les policiers de relâcher leur emprise. « Je ne peux pas respirer » (« I can’t breathe ») est devenu l’un des mots d’ordres des manifestants et de tous ceux qui, très nombreux aux Etats-Unis, ont été scandalisé par cette énième mort d’un Noir aux mains de la police.

Les manifestations des jours précédents avaient connu quelques débordements. Jeudi soir, toutefois, a marqué un tournant. Quelques éléments d’une foule en colère se sont introduits dans un commissariat des quartiers nord de la ville. Les forces de l’ordre avait quitté l’endroit. « Peu après 22 heures, dans l’intérêt de la sécurité de notre personnel, la police de Minneapolis a évacué le commissariat 3 », a indiqué la police dans un communiqué, cité par l’AFP.

Selon le « New York Times », c’est l’annonce par les procureurs en charge de l’enquête sur le décès de George Floyd qu’aucun policier n’était encore poursuivi qui a attisé la colère des manifestants, faisant basculer le rassemblement. Des manifestations ont par ailleurs eu lieu dans tout le pays.

En 2014, déjà, Eric Garner été mort étouffé

La mort de George Floyd, 46 ans, est d’autant plus choquante qu’elle a un air de déjà-vu. En 2014, Eric Garner était mort à New York après avoir lui aussi imploré des policiers de le laisser respirer. Le policier responsable de la mort de Garner, qui n’avait été interpellé que pour une présumée vente illégale de cigarettes, n’avait pas été poursuivi. Il a toutefois été licencié en août dernier.

En 2019, selon le « Washington Post », plus de 1000 personnes ont été tuées par la police aux Etats-Unis. Selon ces données, 23% des victimes étaient noires, alors que les Noirs représentent moins de 13% de la population. Par ailleurs, dans plus d’un cas sur dix, les personnes tuées par la police n’étaient pas armées, portaient un jouet ou le port d’une arme n’a pas été précisé.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message