Partout la faim explose, partout la situation sociale est grave

dimanche 24 mai 2020.
 

Rencontre avec le Secours Populaire de Seine-Saint-Denis : Face à l’urgence sociale, il n’est plus temps d’attendre

Ce mercredi 20 mai, à l’invitation du Secours Populaire de Seine-Saint-Denis, j’assistais à une distribution de produits alimentaires et de première nécessité à Saint-Denis. L’occasion de saluer le travail remarquable des bénévoles associatifs et de faire le point avec eux sur la situation sociale en Seine-Saint-Denis et les conséquences de la crise du Coronavirus.

Partout la faim explose, partout la situation sociale est grave

Les échanges que j’ai pu avoir avec les bénévoles confirment le constat que je fais depuis le début de la crise dans ma circonscription, à Aubervilliers et Pantin : la situation est chaque jour plus alarmante. La crise sanitaire et ses conséquences sociales – perte d’emploi ou de revenu – ont aggravé la précarité que connaît de de longue date la Seine-Saint-Denis, département où près de 28% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté – deux fois la moyenne nationale. Des habitants de tous âges, des familles qui se trouvent déjà dans des situations de fragilité ont basculé dans la pauvreté. Et la situation sociale est si grave qu’elle est une crise alimentaire. Les bénévoles le vivent chaque jour : ils voient affluer aux distributions des personnes qu’ils n’avaient jamais vu auparavant, notamment un nombre croissant d’étudiants. Comme le nombre des bénéficiaires, le volume des demandes explose. De l’avis des volontaires les plus expérimentés, la situation est sans commune mesure avec celle de 2008 : les conséquences sociales de la crise du coronavirus s’annoncent bien plus graves que celle de la dernière grande crise économique.

La solidarité et l’engagement des bénévoles sont bien souvent le seul filet de sécurité

Face à cette situation sociale qui s’aggrave, les bénévoles font un travail inestimable. La distribution à laquelle j’ai assisté est emblématique. Militants et bénévoles ont joint leurs forces – membres du Secours Populaire, du Réseau Éducation Sans Frontières, de la CGT, de Sud, étudiants volontaires. Depuis le début du confinement, ils réalisent des distributions hebdomadaires : plus de 130 personnes sont inscrites chaque semaine. Elles reçoivent des produits alimentaires de première nécessité, des produits frais, des produits d’hygiène, des masques de protection. Une aide indispensable pour celles et ceux qui sont démunis de tout, et qui n’ont même pas accès au filet de sécurité des prestations sociales – notamment quand ils sont sans papiers ou ont un emploi précaire, situations qui concernent hélas, un nombre important de personnes. A Saint-Denis comme à Aubervilliers, à Pantin et dans tout le département : il faut rendre hommage aux bénévoles, à celles qui font vivre cette solidarité.

Mais la solidarité à elle seule ne peut suffire

Une phrase de Julien Lauprêtre, ancien président du Secours Populaire, décédé en 2019, et que m’ont rappelée les bénévoles présents ce mercredi, reste gravée dans mon esprit : « la solidarité ne peut pas tout régler, même si elle est irremplaçable ». C’est exactement ce que je ne cesse de dire au gouvernement depuis le début de la crise : l’État ne doit pas se défausser sur les seules associations dont l’engagement admirable ne peut suffire face à l’ampleur de la crise. Les échanges m’ont conforté dans mon impression : partout, les moyens vont manquer, notamment pour l’aide alimentaire. Ainsi par exemple, le Secours Populaire risque d’avoir bientôt épuisé ses stocks : les 274 tonnes de denrées dont le Secours Populaire bénéficie chaque année de la part du Fonds Européen d’aide aux plus démunis auront été consommées en juin, alors qu’elles durent d’habitude jusqu’au mois d’octobre. La dotation d’une année aura été épuisée en 8 mois. Je ne cesse de le dire : Qu’attend le gouvernement pour prendre ses responsabilités et débloquer les moyens nécessaires ?

Macron ne prend pas la mesure de la crise sociale

L’urgence est là. Mais Macron et son gouvernement n’en prennent pas la mesure. J’interpellais encore la Secrétaire d’État auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, Christelle Dubos, ce mardi 19 mai à l’Assemblée Nationale. Et je me suis à nouveau heurté à un mur : « il n’y a pas de crise de la faim » « ce qui est fait est suffisant ». Et les macronistes de répéter les mesures prises par le gouvernement : les aides exceptionnelles de 150 euros pour les ménages les plus modestes, 200 euros pour les étudiants, 100 euros par enfant – versées une seule fois. Nous ne cessons pourtant de leur dire : Cela ne suffit pas, nous sommes très loin du compte. D’autant que la crise alimentaire sera suivie par une crise du logement, touchant les habitants qui ne peuvent payer leur loyer, les bailleurs sociaux et privés auxquels les rentrées de fond vont manquer.

Ils se refusent à entendre les solutions que nous proposons, mais nous continuerons à porter la voix du peuple

Les solutions sont pourtant simples. Avec le groupe parlementaire de La France insoumise, je les ai proposées au premier ministre : Encadrer les prix des produits alimentaires de première nécessité ; doubler la prime aux ménages les plus modestes et la pérenniser jusqu’à la fin de la crise ; mettre en place un soutien vraiment massif de l’État aux collectivités locales et aux associations ; suspendre les loyers des personnes en difficulté en compensant les bailleurs. C’est une question de volonté politique. Mais Macron et les siens refusent d’écouter. Ils se moquent du sort des habitants qui souffrent en Seine-Saint-Denis aux portes de Paris. Qu’ils ne croient pas nous décourager : nous continuerons à porter sans relâche la voix du peuple, à proposer des solutions, à défendre les intérêts du plus grand nombre, jusqu’à ce que viennent les jours heureux !


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