Greenpeace France recommande d’interdire les « dividendes climaticides »

mardi 12 mai 2020.
 

Interdire aux entreprises les plus polluantes de rémunérer leurs actionnaires : c’est ce que propose Greenpeace France dans son rapport Climat, l’argent du chaos, publié jeudi 7 mai.

« Tant qu’il sera permis d’être à la fois “criminel du climat” et “as des dividendes”, tant que les actionnaires engrangeront des profits sur le dos du climat, il ne sera pas possible de faire émerger une économie décarbonée », précise Clément Sénéchal, chargé de campagne climat au sein de l’association.

Dans ce rapport, Greenpeace France dénonce l’absence de régulation des entreprises du CAC40, dont les activités ont pourtant des conséquences considérables sur le climat. Un exemple parmi d’autres : en 2018, BNP Paribas a émis 203 millions de tonnes (Mt) d’équivalent CO2, et versé plus de 3 milliards d’euros de dividendes à ces actionnaires. Soit l’équivalent, pour chaque centaine d’euros de dividendes versée, de 20,83 tonnes de CO2. Selon les calculs de l’association, chaque euro investi dans cette entreprise par ses actionnaires génère plus de 15 kilogrammes d’équivalent CO2. « Investir dans la destruction du climat rapporte donc toujours énormément, voire de plus en plus », déplorent les auteurs du rapport.

En France, les grandes entreprises n’ont pour le moment aucune obligation de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. Afin de les contraindre à décarboner leurs activités, Greenpeace propose de mettre en place une grande loi Climat, obligeant les entreprises à réduire chaque année leurs émissions de gaz à effet de serre selon une trajectoire permettant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2040. Dans le cadre de cette loi, des organismes seraient chargés de certifier les comptes carbone des entreprises. Les entreprises qui, à l’examen de leur compte carbone, apparaitraient comme climaticides seraient alors sanctionnées, et auraient l’interdiction de verser des dividendes à leurs actionnaires. Un tel système permettrait, selon les auteurs du rapport, de « rompre le lien d’intérêt entre les investisseurs et les activités climaticides​ ».

L’argent ainsi récupéré auprès des entreprises polluantes pourrait ensuite être redirigé, en guise de réparation, vers des fonds finançant la transition écologique. « Le lien toxique entre marchés financiers et activités climaticides agit comme un verrou de la transition écologique, alerte Clément Sénéchal. Il est indispensable aujourd’hui de le rompre si nous voulons prévenir de nouvelles crises liées au dérèglement climatique. »


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