Plus de la moitié de l’humanité est confinée...

mardi 28 avril 2020.
 

Le nombre de malades et de décès s’allonge au fil des jours. Nos deuils nous minent. L’enjeu de la santé, de la vie revient avec plus de force. En parler c’est déjà commencer à élargir le champ des possibles. Dans différentes disciplines de médecine et de recherche, en matière de soins, mais aussi pour les processus agricoles et alimentaires, le travail et ses conditions, la vie végétale et animale, la biodiversité et le réchauffement climatique... Les économies sont pour une part importante mises à l’arrêt, invitant enfin à remettre concrètement en question notre mode de vie. Aller vite, produire toujours plus, la prédominance du chacun pour soi et la sempiternelle concurrence avec l’autre… Autant de crédos qui sont aujourd’hui évalués au prisme de ce que représente la vie humaine. La société des biens à tout prix –du « fétichisme de la marchandise » dans un capitalisme financier mondialisé– n’est plus seulement inefficace mais devient aussi dangereuse et mortifère au fur et à mesure que s’efface la société des liens.

Succombant au chant des sirènes du ‘meilleur des mondes’ dans lequel les algorithmes rendraient tout prédictible, certains apprentis sorciers ont sans doute prétendu trop vite vouloir nier à nos existence leurs parts d’imprévu, d’insoupçonné. Chacune et chacun d’entre nous a été de plus en plus placé sous la domination des chiffres de la rentabilité, des déficits publics qu’il ne faudrait paraît-il pas laisser à nos enfants, des nécessités de la compétitivité. Les arts, la poésie, la culture et sa diversité ou encore l’être ensemble ont été balayés pas des injonctions économiques et mathématiques. Celles qui sont loin des êtres de chair et de sang mais aussi des microbes et des bactéries. Celles qui ne disent rien de la vie humaine, du vivant, comme des fléaux et des calamités. Ah, bien sûr, on nous a inventé des assurances. Evidemment elles sont privées, et elles placent « notre » argent sur les marchés financiers pour en tirer le jus de la rente. Mais, dès lors qu’il s’agit de défendre le vivant, les biens, on découvre l’intertitre du centième chapitre et ses alinéas pour se rendre compte que l’on n’est en définitive assuré de rien. Leur soutien en ce moment fait figure de farce, inhérente au capitalisme. Elles nous font découvrir qu’elles ne « couvrent pas ce genre d’incidents ». Révoltant ! Les choix du flux tendu, du zéro stock de masques, participent de cette inhumanité, de cet irrespect du vivant au profit de l’argent pour quelques-uns. Tant que le critère restera celui de la compétitivité -et donc de la concurrence- on sapera le progrès social et on sacrifiera le vivant, devenu d’ailleurs une marchandise tout comme la santé, l’hôpital, les médicaments… Les traités de libre-échange tendent à accélérer ce processus contre l’humain et le vivant (j’ai montré dans mon livre Dracula contre les peuples comment cette mise en concurrence planétaire sabordait notre hôpital public). Le grand défi auquel doit faire face l’humanité est donc de sortir de cette libre concurrence pour progresser vers l’en-commun. Un en-commun humain, environnemental et poussant au désarmement. Autrement dit, c’est une réponse à la fois anthropologique et écologiste qu’il faut faire émerger, un changement de cap vers une nouvelle voie politique-sociale-écologique-économique, engageant un humanisme de nouvelle génération.

C’est le processus du communisme tel que l’a présenté et élaboré Marx. Paul Eluard disait sur la question communiste : « Il y a un autre monde, il est dans celui-ci ». C’est-à-dire que notre monde porte en lui les germes de ce processus dont la bataille idéologique et politique est le moteur, que nous devons alimenter sans attendre.

« Ce n’est pas pour demain » clament les idéologues du système, eux qui n’aspirent qu’à relancer la machine capitaliste qui écrase êtres humains et biosphère, en somme la vie. L’avenir se construit maintenant. Pas dans l’après. C’est le sens de mon éditorial publié dans l’Humanité Dimanche cette semaine.


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