Crise du Corona, crise de l’UE

lundi 20 avril 2020.
 

La pandémie révèle les fléaux du néolibéralisme de l’Union européenne. Il y a trente ans, 80% des médicaments étaient produits en Europe. C’est 20% aujourd’hui. « La mondialisation est allée trop loin » reconnaît le commissaire européen Thierry Breton. Les eurodéputés de la France insoumise veulent battre le fer tant qu’il est chaud et pousser la relocalisation des productions stratégiques et des chaînes d’approvisionnement. D’autres mesures urgentes doivent également être mises en place. Ils ont proposé 25 mesures, s’ajoutant aux mesures nationales du groupe LFI à l’Assemblée. Pour que le jour d’après commence maintenant.

Face à la crise de solidarité. La Tchéquie aura été la première à faire preuve d’un égoïsme inique, en confisquant les masques donnés par la Chine à l’Italie. Face à cette Union désunie, la France insoumise a proposé d’emblée une véritable planification sanitaire européenne, avec des mesures d’entraide, de transferts de patients à la frontière d’un pays à un autre et en mutualisant les solutions de rapatriement.

Face à la crise sociale. Entre 2011 et 2018, la Commission Européenne a demandé 63 fois aux États membres de réduire leurs dépenses de santé. Et ils l’ont fait avec beaucoup de zèle. En l’espace de 5 ans, c’est près de 90 000 lits d’hôpitaux qui ont été fermés à l’échelle européenne. Après des années de coupes, les hôpitaux et leur personnel sont mis à rude épreuve. Pourtant, l’Agence Régionale de Santé du Grand-Est annonçait encore récemment la suppression de 598 postes et 174 lits. D’autres travailleurs ne doivent pas être oubliés non plus. Les eurodéputés insoumis bataillent pour garantir aux travailleurs détachées et travailleurs des plateformes les mêmes droits et la même protection sociale qu’à n’importe quel autre travailleur du même État.

Face à la crise démocratique. De la même façon que les attaques terroristes auront servi de tremplin à l’instauration d’un état d’urgence permanent, la crise du coronavirus risque aujourd’hui de pérenniser des mesures de surveillance des citoyens via les téléphones et la vidéosurveillance. Nos données personnelles doivent être protégées par l’examen assidu du contrôleur européen des données.

Face à la crise environnementale. Aggravé par les accords de libre-échange de l’UE, la déforestation et la destruction de l’habitat et de la biodiversité exacerbent considérablement le risque de maladies zoonotiques tel que le Covid-19. Pourtant, fin mars, en pleine crise, le Conseil de l’UE ratifiait l’accord avec le Vietnam, grand exportateur de bois de contrebande par exemple.

Face à la crise économique. La Banque Centrale Européenne commet les mêmes erreurs qu’en 2008 et la crise des subprimes. Sa présidente, Christine Lagarde, propose de donner 750 milliards aux banques, sans aucune garantie pour aider l’économie réelle. Un débat émerge de nouveau pour une mutualisation des risques entre les États les plus riches et les autres. A ce titre, injecter les 410 milliards (dont 54 milliards pour la France) du Mécanisme européen de solidarité sans conditionnalité de réformes structurelles serait un bon début. Mais il faudrait parallèlement que la BCE puisse prêter à taux zéro directement aux États membres et réorienter la création monétaire vers les PME et les citoyens. Bref, renoncer à deux des principaux totems austéritaires de l’UE.

Sophie Rauszer


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message