Militer au temps du coronavirus

lundi 13 avril 2020.
 

L’activité des partis traditionnels semble être réduite à néant. L’Assemblée nationale ne se rassemble plus qu’une fois par semaine pour des questions au gouvernement dans un format très réduit. Ou bien pour des auditions de la « mission d’information » où l’opposition populaire a le droit à deux minutes de temps de parole après plus de deux heures de monologue macroniste. À la télévision, nous assistons au ballet des « experts » entrecoupé de la parole gouvernementale. La parole politique d’opposition semble avoir disparu. « L’union sacrée » semble devoir être obtenue surtout par l’invisibilisation.

Pourtant, la période n’est pas cette mise entre parenthèses des consciences qu’espèrerait un régime qui sort de six mois d’affrontement sur le thème des retraites. Au demeurant, dans le présent, c’est dès maintenant que se construit effectivement « le monde d’après ». Comment organiser la mobilisation sanitaire ? Réquisitions, nationalisations, démocratisation de l’action plaident les Insoumis. De son côté le régime instaure les bases d’un monde à sa main. Confinement sans limite, police et marché.

Bref, le mode d’organisation générale de la société est déjà à l’ordre du jour pour les besoins immédiats de la mobilisation sanitaire. Il y a d’ailleurs un appétit populaire pour ces questions. J’en veux pour preuve à notre modeste niveau ce net rebond dans les commandes pour le programme « L’Avenir en Commun ». Comme leur acheminement est compliqué en temps de confinement, je rappelle pour mes lecteurs qu’il est entièrement disponible en ligne.

Notre choix est d’engager l’action militante sans attendre un hypothétique jour de « fin de confinement ». Militer, c’est préparer maintenant dans les consciences un nouveau tour d’esprit. La période du confinement est un temps de maturation des consciences. C’est ce processus qu’il s’agit d’accompagner et d’alimenter sur un plan théorique mais aussi en pratique. Je fais un rapide tour d’horizon du déploiement des insoumis dans tous les secteurs. À chaque fois, je tâche de donner le lien afin que vous puissiez aller voir par vous même.

Samedi 4 avril, ils proposent une « manif en ligne ». Le confinement ne doit pas signifier la fin de toute contestation démocratique, de toute expression populaire. Nous proposons le moyen de faire cette manifestation en respectant les consignes sanitaires parce que nous en avons l’expérience. Mais cette initiative n’est pas réservée aux insoumis et à leurs mots d’ordre. Chacun peut l’utiliser de son propre point de vue.

En cas de besoin, nous avons mobilisé un « atelier pancarte ». Pour cela nous avons ouvert une page sur laquelle nous mettons à disposition des tweets, des visuels, les filtres à partager sur les réseaux sociaux. Pour nous, ce sera l’occasion d’exiger notamment des moyens pour l’hôpital public, la nationalisation de Luxfer et Famar, la réquisition des industries nécessaires à la planification sanitaire, la suspension des loyers des particuliers. À côté de cela, nous nous efforçons aussi de faire monter l’action « manifestation aux balcons » qui vise à politiser « l’espace visible » d’une fenêtre à l’autre et depuis la rue quand on y passe pour aller faire des courses.

Les parlementaires et leurs équipes sont en action. En même temps qu’était discutée la loi sur l’état d’urgence sanitaire au Parlement, les députés nationaux ont proposé leurs 11 mesures d’urgence. La délégation des députés européens insoumis a publié aussi un document de mesures à prendre au niveau européen. Cette semaine, nous allons plus loin. Nous déposons quatre propositions de loi. La première est une loi de nationalisation. Elle vise deux sites industriels : Luxfer et Famar. Ils ont été fermés ou sont en liquidation judiciaire. Pourtant, nous avons absolument besoin qu’ils reprennent la production. Luxfer est la seule usine de l’Union européenne à pouvoir fabriquer des bouteilles d’oxygène à usage médical. Famar produit plusieurs médicaments dont nous avons besoin dans la prise en charge des patients atteints de Covid.

Toujours pour accélérer la planification de la mobilisation sanitaire, nous déposons une proposition de loi pour réquisitionner des industries textiles du pays. Ce secteur compte 100 000 salariés et plus de 1000 établissements sur le sol national. Il faut que l’État coordonne la réorientation de ces lignes de production pour produire ici les centaines de millions de masques dont nous avons besoin. Pour répondre à la pénurie de médicaments, nous proposons la création d’un pôle public du médicament dans une autre loi. Enfin, notre quatrième proposition de loi vise à répondre à l’urgence sociale. Le confinement risque de faire basculer dans la précarité des millions de familles. Nous proposons, pendant tout le temps que dure le confinement et l’urgence sanitaire une suspension générale du paiement des loyers. Ces propositions ont vocation à être adoptées le plus rapidement possible. Nous sommes prêts à les discuter à l’Assemblée nationale. L’adoption de la loi sur l’état d’urgence sanitaire et de la loi de finance rectificative ont montré qu’il était possible de convoquer le parlement dans des conditions satisfaisante sur le plan sanitaire.

Les deux groupes se sont joints pour lancer un comité d’enquête et de suivi de la planification de la mobilisation sanitaire. Elle a débuté ce lundi. Les audition publiques se succèdent : médecins, chercheurs, syndicalistes et responsables d’ONG environnementales ont déjà été auditionnés. C’est dans ce cadre qu’un syndicaliste douanier a pu nous affirmer qu’aucune commande de masques entre janvier et mars n’était entrée sur le territoire national. Les auditions sont menées par Eric Coquerel, Mathilde Panot, Manuel Bompard, et l’ensemble des parlementaires insoumis. Mais tout le monde peut, via la plateforme de la France insoumise, participer et poser des questions. Ce travail permet de savoir dès à présent. Il débouchera ensuite sur la publication de conclusions et de propositions.

Le mouvement La France insoumise n’est pas une avant-garde. Il se donne plutôt un rôle « d’éclaireur ». Il emprunte ses méthodes aux techniques de l’éducation populaire. Ce rôle continue lui aussi. En début de semaine, le groupe parlementaire publiera un document à destination du grand public pour décrypter l’ensemble des ordonnances prises par le gouvernement en matière d’état d’urgence sanitaire.

Leur connaissance critique ne doit pas restée confinée à nos cercles de militants insoumis. Il voudrait être diffusé en direction des larges milieux des gens qui agissent sur un plan professionnel, syndical ou associatif. De son côté « l’espace programme » du mouvement produit activement. Tous les deux jours, il publie une note sur un aspect de la situation : transports, pauvreté, logement, écologie, numérique, etc.

Tout cela est disponible en ligne non seulement sur le site des Insoumis mais aussi sur leur plateforme multi-média « L’insoumission » lancée en pleine crise épidémique pour proposer un lieu où aboutissent toutes les prises de paroles et actions des parlementaires insoumis et des structures militantes du mouvement

Par exemple voyez ce travail en ligne en cette fin de semaine : un guide d’urgence sur les violences intra familiales liées au confinement. En effet, on sait que ces violences vont s’intensifier avec le confinement au foyer de la population. Il ne peut être question de faire comme si cela n’existait pas, ni de laisser seules les victimes. Dans le guide que nous avons mis en ligne, il y a donc beaucoup de conseils et de références utiles pour se protéger comme victime ou bien venir en aide à une victime.

Nous devons être utiles et actifs tout de suite. Voici la ligne de conduite pour la France insoumise et toutes ses composantes. Nous sommes donc tous, à notre poste, à pied d’oeuvre pour proposer des solutions concrètes au pays, organiser de l’action de masse, diffuser des éclairages sur les évènements et faire vivre la fraternité. Le monde d’après doit commencer maintenant : ce n’est pas un slogan mais une manière d’être. Celle des insoumis. J’en rendrai compte ici a intervalles réguliers puisque plusieurs projets sont en préparation.


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