Coronavirus.La destruction des écosystèmes par l’humain favorise l’émergence d’épidémies

jeudi 2 avril 2020.
 

Les scientifiques “chasseurs de virus” alertent depuis plus de dix ans sur l’apparition de nouvelles maladies liées à la déforestation. Paludisme, Ebola, Covid-19…. l’agression humaine aux écosystèmes finit par mettre en péril des vies humaines.

Il y a une dizaine d’années déjà que les scientifiques étudient les liens entre l’explosion des maladies virales et la déforestation.

L’apparition de ces étonnants agents pathogènes nouveaux, comme le coronavirus responsable du Covid-19, n’est rien d’autre que le résultat de l’anéantissement des écosystèmes, dont souffrent en particulier les zones tropicales, où ils sont détruits pour faire place à des monocultures intensives industrielles. L’émergence de ces maladies découle aussi de la manipulation et du trafic de la faune et de la flore sylvestres, souvent menacées d’extinction.

Ce n’est pas quand un bulldozer écrase tout sur son passage sur une montagne grouillante de vie que le phénomène est visible : c’est quand apparaissent chez les individus des symptômes étranges et des maux jusque-là inconnus.

De nouveaux foyers d’épidémies

Le constat est établi dans de nombreux pays, de l’Asie du Sud-Est jusqu’à l’Amérique latine, avec des spécificités, des difficultés et des dynamiques propres à chacun. Cependant, il s’agit au fond partout de la même chose : d’une conception extractiviste du monde vivant, qui conduit l’humanité à mettre en péril sa propre existence. Et contre cela, aucune solution hydroalcoolique ne peut rien.

Carlos Zambrana-Torrelio est un chercheur bolivien et le vice-président d’EcoHealth Alliance, une organisation spécialisée dans l’étude des relations entre environnement et pathologies émergentes, dont le siège est à New York. Il sillonne les zones sensibles de la planète et travaille sur leurs relations entre elles, et avec leur écosystème.

Les zoonoses, ces maladies transmissibles de l’animal à l’homme, ont toujours existé partout dans le monde, sans toutefois prendre systématiquement une ampleur internationale – elles sont généralement contenues, ou ne trouvent pas les conditions nécessaires pour se propager.

Ainsi en juin dernier, un nouveau foyer épidémique a été identifié en Bolivie, causé par le virus Chapare [du nom d’une province de la région de Cochabamba, au cœur du pays].

L’amputation des forêts tropicales en cause

Ce dernier avait été identifié pour la première fois en 2003 dans la région de Cochabamba, une zone déboisée au profit de rizières où la récolte se fait, en règle générale, manuellement – les paysans qui en vivent habitent donc à proximité des plantations.

Or voilà que, seize ans plus tard, est arrivé dans des services d’urgence de la région de La Paz [à plus de 300 kilomètres] un homme présentant des symptômes que les médecins n’ont pas identifiés immédiatement. Nul ne sait comment le virus qu’il avait contracté a voyagé depuis les rizières tropicales jusqu’aux altitudes andines.

Carlos Zambrana-Torrelio travaille en Afrique, en particulier au Liberia et en Sierra Leone, où l’épidémie d’Ebola a surpris tout le monde par sa virulence.

Là-bas aussi, c’est la fragmentation de la forêt tropicale qui fut la première cause de la maladie : le déboisement a en effet poussé plusieurs espèces de chauves-souris à se rassembler, en groupes serrés, sur les rares arbres encore sur pied. Cette réunion d’espèces différentes, qui dans l’environnement habituel n’interagissent pas, a fait office de bouillon de culture [les chauves-souris sont soupçonnées d’être l’un des réservoirs du virus Ebola].


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