Sur l’affaire Griveaux

samedi 22 février 2020.
 

Disons-le tout de suite, tromper sa femme est une histoire intime et ne tombe pas sous le coup de la loi. Et c’est très bien comme cela. Disons-le aussi, ce qui se passe entre deux adultes consentants ne regarde qu’eux. Disons-le également : avoir la réputation d’un queutard est une chose, en revanche voir une vidéo centrée sur ses parties génitales tourner sur internet doit être très violent et humiliant. Disons-le enfin, mettre sur internet l’intimité de quelqu’un sans son accord est un acte ignoble et l’individu qui l’a fait mérite d’être poursuivi.

Bref la démission de Benjamin Griveaux peut sembler excessive alors qu’il n’a rien fait dans cette affaire qui lèserait la France ou les Français, qu’il n’a commis aucune infraction et que le milieu politique n’est pas connu pour sa pratique effrénée de la chasteté. Ce que nul ne leur demande d’ailleurs.

Il y a quelques années un montage tournait sur internet, il proposait le choix entre 3 hommes pour diriger un pays. L’un était un alcoolique avec des épisodes de dépression, l’autre était notoirement infidèle et atteint d’une maladie qui diminuait ses moyens, le troisième ne buvait pas, avait la réputation de n’avoir qu’une seule femme et n’était pas atteint par une maladie handicapante.

Vu sous cet angle, le 3ème est le candidat idéal. Sauf que le premier c’était Churchill, le second Roosevelt et le dernier Hitler...

Là où le bât blesse, c’est que Benjamin Griveaux n’est pas et ne risque pas de devenir un jour Churchill. Autrement dit il y a chez certains hommes politiques un vrai amour de leur pays, des ambitions qui dépassent leurs intérêts personnels, le sens de l’intérêt général, une vision de l’avenir du peuple et de la Nation qui leur donne ce souffle et cette grandeur qui leur permettent de transcender leurs limites.

Rien de tout cela chez les enfants gâtés de la Macronie, ces enfants montés trop vite en graines, sans fond, sans consistance, sans nerfs et sans courage et qui ne semblent être là que pour se servir. Ces gens prennent sans rien donner ni même songer à rendre. Si à cela on ajoute leur mépris de classe et leur arrogance, il faut aussi reconnaitre que les voir tomber ne suscite pas de tristesse réelle, plutôt une inquiétude sur ce que cette battue d’un candidat au nom de la moraline risque d’infliger à une démocratie déjà bien mal en point.

Il n’en reste pas moins qu’une partie de la violence que subit Benjamin Griveaux trouve sa racine dans l’incapacité de ce pouvoir à apparaître comme porteur et garant de l’intérêt général. Pourquoi ce genre de bêtise exhibitionniste qui témoigne d’une grande stupidité et d’une totale inconséquence mais ne met clairement pas notre avenir collectif en danger, déclenche-t’il l’hallali et le rejet des politiques alors qu’il y a bien plus grave ? Parce qu’un grand pouvoir est insupportable quand il est couplé à l’incapacité de ceux qui l’exercent et à la dégradation des conditions de vie des citoyens comme de l’espoir d’avenir d’un pays. Pas de morale là-dedans mais une immense exaspération. Or quand la colère revêt les habits de la moralité et du puritanisme, cela va mal.

Pourtant j’ai du mal à joindre le choeur des vierges qui feraient presque de Benjamin Griveaux, un martyr. Car disons-le quand-même : envoyer ce genre de videos quand on est un homme politique témoigne d’une irresponsabilité totale et d’un manque de discernement qui augurent mal des capacités à s’élever à la hauteur de sa tâche. Tout comme l’immaturité crasse de ce genre d’exhibition ou l’incapacité à comprendre que l’existence des réseaux sociaux a changé la donne. Ce n’est pas comme si le maire du Havre n’était pas tombé il y a peu pour des faits similaires.

Toute cette histoire souligne à nouveau l’amateurisme et l’incapacité de ce nouveau monde qui est le décalque de l’ancien, en pire. Enivrés par leur toute puissance, l’entourage d’Emmanuel Macron perd toute mesure et tout discernement et le paye cher. Ce qui est dommage c’est qu’il y aurait plus de sens à ce que Nicole Belloubet, qui a trahi ce que nous sommes en tant que peuple et abandonné Mila sous la mitraille islamiste tombe, plutôt que supporter un faux scandale de corne-cul.

Mais d’autres choses interrogent dans l’affaire. Qui est Piotr Pavlenski, le soi-disant opposant à Poutine, un personnage bien allumé dont on se demande d’où viennent les moyens et l’entregent ? Qui est ce personnage qui aujourd’hui étend ses menaces de chantage ? Ce que lui a fait tombe en revanche sous le coup de la loi. La vraie enquête à mener est là. Griveaux n’avait aucune chance de gagner Paris, sauf énorme surprise. Quel intérêt de dégommer le perdant sauf vengeance personnelle ou service à rendre ? La chute de la maison Griveaux ouvrirait-elle plus long feuilleton ? Wait and see.


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