France. Une effervescence sociale persistante, et une question non réglée

vendredi 24 janvier 2020.
 

Retrait du projet Macron, ou « conférence de financement » et concertations ? Le 6 janvier 2020, avec la fin des congés scolaires d’hiver, s’est ouverte une nouvelle étape de la mobilisation contre le projet gouvernemental de réforme des retraites. Le 9 janvier, le combat de masse engagé le 5 décembre a retrouvé, pour l’essentiel, l’ampleur qui était la sienne à la veille des fêtes de Noël, mais avec des différences selon les secteurs professionnels. Et ces différences se sont précisées durant les jours suivants, du 9 au 17 janvier.

Durant cette même étape, les travailleurs ont aussi été confrontés aux manœuvres politiques du gouvernement cherchant à affaiblir et diviser le mouvement, par le biais notamment des concertations avec les organisations syndicales, manœuvres culminant avec le projet d’une « conférence financière » pour l’équilibre du système des retraites à laquelle seront associés les syndicats.

De là découle une question incontournable : peut-on à la fois combattre pour le retrait du projet de retraites à points et participer aux innombrables concertations s’inscrivant dans le cadre de cette réforme et préparant son application ?

RATP, SNCF : une grève sans précédent

La grève illimitée, reconduite par les assemblées générales de ces deux entreprises publiques, est sans précédent dans les transports parisiens et dans les chemins de fer : le 6 janvier, elle entre dans son 33e jour, et dans son 44e jour le 17 janvier. Elle apparaît comme la pointe avancée de la mobilisation générale contre le projet Macron de réforme des retraites. Fait remarquable : la grève a réussi à « enjamber » la période des fêtes, à tenir durant ces deux longues semaines, en dépit des appels à la trêve lancés par le gouvernement et relayés par Laurent Berger, le dirigeant de la CFDT (organisation favorable au principe de la retraite à points) et par la direction nationale de l’UNSA.

Mais, faute d’un franc élargissement de la grève à d’autres secteurs professionnels, cette grève est menacée. Dans un document envoyé le 6 janvier à sa confédération (Solidaires), le syndicat SUD Rail s’inquiète : « Après 33 jours de grève, ce n’est évidemment pas facile, mais ça tient. Néanmoins, (…), cette semaine est perçue très importante par les grévistes concernant le renforcement de la grève dans le pays ». Et ce syndicat demande que les autres branches indiquent ce qu’il en est vraiment des grèves dans les autres secteurs, « un point, simple et précis, sans grande déclaration inutile entre nous ».

C’est en effet à un relatif isolement que sont confrontés les travailleurs de la SNCF et de la RATP : il y a des « journées interprofessionnelles » puissantes, il y a localement, dans quelques secteurs, des grèves dites reconductibles, mais il n’y a pas d’autres secteurs en grève illimitée massive (sauf, partiellement, dans les raffineries).

Dans cette situation, entre le 6 et le 17 janvier, le nombre de grévistes diminue lentement. Malgré la ténacité d’un fort noyau de grévistes, la grève devient minoritaire, y compris parmi les conducteurs de train et ceux du métro, et localement, certaines assemblées générales choisissent de se concentrer sur les temps forts. Mais la responsabilité de cette situation ne peut être attribuée aux salarié·e·s des autres secteurs qui ne rentrent pas dans la grève continue.

Nouveaux « temps forts » (9 et 11 janvier, puis 14, 16, et 24)

Ces journées d’action, qualifiées de « temps forts », sont décidées par l’intersyndicale : CGT, FO, FSU, Solidaires, ainsi désormais que la CFE-CGC (et des syndicats d’étudiants ou de lycéens ne jouant, à cette étape, qu’un rôle marginal). Ni la CFDT, ni l’UNSA et la CFTC (Confédération française des travailleurs chrétiens) n’en font partie.

La journée du jeudi 9 était attendue comme un test. Cela fut le cas. Son ampleur incontestable n’indiquait pas pour autant un renforcement de la mobilisation, mais restait au niveau des principales journées de décembre : des cortèges massifs et nombreux, y compris dans de petites villes comme Fontenay-le-Comte [département de la Vendée].

Pour Paris, le nombre de manifestants indiqué par la CGT (370’000) dépassait les manifestations de décembre, mais en général, le niveau de participation était analogue ou un peu inférieur à décembre : 27’000 à Lyon par exemple, selon la CGT (au lieu de 40 000) ou 12’000 à Nantes selon la presse, etc.

Au total, une mobilisation supérieure à celle du 10 décembre, mais moindre que celle du 17 et surtout du 5 décembre : 1,7 million de manifestants selon la CGT (qui en annonçait 1,8 million le 17 décembre).

Deux éléments significatifs marquent ces manifestations du 9 janvier : la présence, en nombre beaucoup plus grand, des enseignants menacés par une réforme complémentaire, celle visant à détruire leur statut. Et la présence de véritables cortèges d’avocats, en particulier des avocats peu fortunés dont l’activité serait menacée par le doublement prévu de leur contribution au nouveau système de retraites.

Autre temps fort de manifestations (mais quasiment sans grèves) : le samedi 11 janvier, avec des cortèges encore puissants : 15’000 à Lyon par exemple.

« Temps forts » et « temps faibles »

Mais ensuite, cela devient plus confus. L’intersyndicale, qui s’est réunie le 9 janvier durant plus de quatre longues heures, appelle à l’action dans une formulation quasi incompréhensible : « le 14 janvier à une journée de grève et de convergence interprofessionnelle localement dans tout le pays qui s’inscrit dans la continuité d’actions et d’initiatives déclinées sous toutes les formes les 15 et 16 ». Qui plus est, pour ces trois journées, le communiqué ne parle même pas de « manifestations ». Le communiqué du samedi 11 janvier confirme le dispositif, tout en introduisant le mot de « manifestations » mais le réservant à la seule journée du jeudi 16 janvier.

En clair : il y a des désaccords au sein de l’intersyndicale quant au rythme des « temps forts », certains (la FSU) voulant manifester dès le mardi 14, et d’autres (la CGT) choisissant la seule journée du 16.

Il en résulte, le mardi 14 janvier, une mobilisation fort médiocre : à Paris, une bien petite manifestation se tient (2000 à 3000 participants), avec la présence du dirigeant de la FSU, mais en l’absence notable de Philippe Martinez, dirigeant de la CGT, et d’Yves Veyrier, dirigeant de FO.

Les cortèges sont parfois relativement plus importants en province, mais néanmoins plus faibles que la semaine précédente (2300 à Rouen, 500 à Dijon…).

Mais l’aspiration à combattre la politique de Macron demeure très forte et s’exprime de nouveau le jeudi 16 janvier : les manifestations remontent en puissance, avec souvent (comme à Paris) une très forte présence des enseignants : 250’000 à Paris selon la CGT (moins de 30’000 selon les médias) et de très nombreux cortèges en province : 5000 à Rennes, 2000 à 3000 à Dijon, 3000 à Saint-Nazaire, 16 000 à Lyon. Au total, sans doute plus de 400’000 manifestants dans tout le pays.

Sans attendre l’intersyndicale appelle pour la semaine suivante : à « des actions de grève, de convergences interprofessionnelles sur tout le territoire, les 22 et 23 janvier » et à des « Retraites aux flambeaux » ou autres initiatives le jeudi 23 au soir. Enfin, elle annonce pour le « vendredi 24 janvier, date du conseil des ministres qui devrait examiner le projet de loi, une journée massive de grève et de manifestation interprofessionnelle ».

En pratique, ce dispositif de journées « saute-moutons » canalise la volonté de combattre et, dans les faits, entrave une possible grève générale.

Quant aux salarié·e·s des entreprises et établissements qui veulent surmonter cet obstacle, les directions syndicales leur propose des actions sectorielles renforcées et des grèves reconductibles.

Des grèves sectorielles et des grèves reconductibles inégales

Deux secteurs, dont la grève totale pourrait paralyser l’économie du pays, sont touchés par la grève au-delà des « temps forts » : les ports et les raffineries. Mais, cinq semaines après le début de la mobilisation, on est loin d’une grève totale.

Dans les ports, à l’appel de la CGT, une grève est engagée à partir du mardi 14 janvier, mais pour une durée limitée à soixante-douze heures.

Pour le reste des entreprises privées, la grève est quasi inexistante en dehors des « temps forts », et se réduit le plus souvent à des débrayages de quelques heures durant ces journées-là.

Quant à la fonction publique, c’est essentiellement le secteur enseignant qui est touché par des grèves reconductibles locales, souvent minoritaires.

Reste un secteur professionnel qui s’est engagé avec force dans la grève contre le projet gouvernemental : celui des avocats, en grève massive depuis début janvier, paralysant de ce fait les tribunaux. Mais il ne s’agit pas à proprement parler du salariat, mais d’indépendants, et ceux qui se mobilisent sont les plus fragiles financièrement (non les cabinets d’affaires).

Au total, on est toujours dans le cadre d’une mobilisation de masse, d’une mobilisation diverse dans la forme (grèves illimitées, temps forts, grèves reconductibles), et non dans le cadre d’une grève générale. Sur ce plan, il est vain de se gargariser de formules épiques. Mais il est nécessaire d’identifier ce qui contribue à entraver le surgissement de la grève générale.

Une avalanche de concertations

Certes, la politique du « dialogue social » et des concertations en tout genre menée entre le gouvernement et les dirigeants syndicaux n’est pas une nouveauté. Mais elle atteint aujourd’hui un niveau inégalé. Et plus la mobilisation perdure, et plus le gouvernement propose de nouvelles rencontres, séances de concertations, réunions bilatérales et réunion multilatérales, tantôt globales tantôt sectorielles, ou thématiques.

L’objectif : désamorcer la mobilisation, conduire les directions syndicales à accepter de discuter dans le cadre du projet gouvernemental. Dans ce cadre, des modifications à la marge peuvent être concédées, visant à faire accepter une réforme qui reste fondamentalement inchangée.

Ainsi, pour la seule dizaine de jours écoulés :

Le mardi 7, les concertations reprennent entre le gouvernement et les syndicats. Le gouvernement veut faire adopter une méthode de travail pour arriver à l’équilibre financier du système actuel de retraites.

Le mercredi 8, les principales confédérations sont reçues au ministère du Travail. La FSU (qui n’est pas une confédération) et Solidaires protestent parce qu’elles ne sont pas invitées. Le même 8 janvier est prévue une rencontre au ministère de la Fonction publique.

S’ajoutent des concertations thématiques du 8 au 17 janvier (sur la pénibilité par exemple…)

Des concertations ont également lieu par catégories professionnelles (les personnels de santé, les enseignants, les avocats…) : toutes ces concertations sont en relation avec la réforme des retraites, et s’intègrent dans le cadre de la retraite à points. Dans l’Education, des discussions bilatérales doivent commencer le 13 janvier sur les rémunérations (en relation avec la réforme des retraites) et doivent durer jusqu’en juin (avec notamment la FSU).

C’est dans le cadre de ces concertations que le gouvernement se saisit d’une alors d’une proposition faite par Laurent Berger, le dirigeant de la CFDT, qui veut reprendre le dialogue avec le pouvoir : la tenue d’une « conférence de financement ».

Une opération manœuvrière : la « conférence de financement »

Le gouvernement avait rajouté à son projet initial une mesure transitoire complémentaire : un âge pivot (passant progressivement de 62 à 64 ans) destiné à repousser de deux ans l’âge de départ en retraite, pour économiser 3 à 12 milliards d’euros par an de 2022 à 2027. La CFDT, la CFTC et l’UNSA, favorables au projet macronien de retraites à points, avaient prétendu faire du retrait de cet « âge pivot » une question de principe. Finalement, le 5 décembre, recherchant un accord avec le gouvernement, Laurent Berger – pour la CFDT – proposait la tenue d’une conférence chargée d’étudier quelles mesures pourraient remplacer l’âge pivot… pour arriver aux mêmes économies ! Qui plus est, cette conférence rendrait ses conclusions une fois la loi votée. Aussitôt, le mardi 7, le premier ministre qualifie cette proposition de « bonne idée » et convoque sans attendre de nouvelles concertations le vendredi 10 pour « se mettre d’accord sur le mandat de cette conférence ».

Le vendredi 10 janvier, le premier ministre reçoit tour à tour les dirigeants des syndicats, dont aucun ne manque à l’appel, ainsi que les dirigeants patronaux, et annonce ses conclusions pour le lendemain, par courrier…

L’annonce faite à Berger (samedi 11 janvier)

Comme il était prévu, ce courrier officialise ce projet de conférence de financement à laquelle sont invités les syndicats et les organisations patronales : ils devront imaginer des solutions pour dégager 12 milliards d’économie sur le dos des salarié·e·s, sans augmenter les cotisations patronales. En « échange » le gouvernement retire provisoirement son projet d’âge pivot… qu’il réintroduira si les syndicats ne trouvent pas ces 12 milliards. La manœuvre est grossière, l’objectif principal étant de réduire le nombre d’opposants au projet de loi et de faciliter son adoption.

Iront ? N’iront pas ? Une question décisive

Laurent Berger et la direction de l’UNSA participeront à cette « conférence ». Mais que vont faire les dirigeants des syndicats ouvriers, eux qui critiquent à juste titre cette conférence ? La plus élémentaire logique voudrait qu’ils boycottent ce piège tendu aux syndicats.

Or, officiellement, une semaine après l’annonce faite par le Premier ministre, les dirigeants de la CGT, de FO n’ont pas encore indiqué explicitement s’ils allaient ou non participer à la conférence.

Certes, le vendredi 10, après sa rencontre avec le Premier ministre, Philippe Martinez a expliqué : « nous sommes d’accord avec cette proposition. Si cela s’appelle conférence pour faire plaisir à Laurent Berger, pourquoi pas, sauf que nous avons dit qu’il ne faut pas que cela soit déconnecté du projet de loi, il faut que cela se fasse en même temps ». Et d’insister : « nous sommes prêts à aller à cette conférence pour montrer que nous pouvons améliorer le système actuel. Notez-le bien. ».

Mais le lendemain, il y a la lettre du Premier ministre précisant le « mandat » donné à cette conférence, et c’est alors un silence éloquent durant plusieurs jours. Ainsi le communiqué du 11 janvier de l’intersyndicale est muet sur ce point : il évoque les « annonces » faites le même jour par le gouvernement en notant qu’en réalité « l’âge pivot n’est pas retiré », mais rien n’est dit de la convocation d’une conférence. Même silence dans le communiqué du 15 janvier.

La conférence n’aura « aucune marge de manœuvre »

Le 13 janvier, la CGT publie enfin une critique sévère du projet de conférence et du courrier gouvernemental dans lequel « aucune concession n’est faite sur le contenu du projet de loi, pas même sur l’instauration d’un âge pivot nommé ici “âge d’équilibre”. Il s’appliquera pour tous dès l’entrée en vigueur du régime à points ». Et « C’est uniquement ce dernier point que le gouvernement propose provisoirement de suspendre. Charge à la conférence de financement de faire des propositions alternatives ».

Or, la conférence n’aura « aucune marge de manœuvre » puisque sont notamment exclues des mesures entraînant une « hausse du coût du travail ».

La critique est ferme. Mais il manque la conclusion qui s’imposerait pourtant : l’annonce que la CGT boycottera la conférence. A l’évidence, cette question fait débat dans l’appareil de la CGT, bien que sa direction se prépare à y participer.

Même silence gêné de la part de FO : cette confédération répond, le 16 janvier, à la proposition de mise en place d’une « conférence sur l’équilibre et le financement des retraites ». FO explique avec précision son refus de la retraite à points, et de l’âge pivot. Mais on cherche en vain une position claire quant à la participation à la conférence : boycott, ou présence de FO ? Tout au plus est-il indiqué : « Notre conviction demeure, vous le savez, intacte. Nous ne saurions en conséquence cautionner ce projet du gouvernement ». Mais une telle formule n’engage à rien, ni dans un sens ni dans l’autre.

Quelle que soit la décision finalement annoncée, il y a donc nécessité à se mobiliser pour imposer le boycott de cette conférence et pour mettre fin à tout le dispositif de concertations multiples.

Des résistances fortes

D’emblée, le soutien apporté par la CFDT et l’UNSA se heurte à des résistances. Ainsi, tandis que Laurent Escure, le dirigeant national de l’UNSA, se félicite de l’annonce gouvernementale, l’UNSA-RATP déclare à l’inverse, le 12 janvier : « l’instauration d’un âge pivot et son retrait provisoire du projet de loi ne sont que des leurres » et appelle à poursuivre la grève.

De son côté, le 16 janvier, le conseil national CFDT de la Recherche, le Sgen-CFDT Recherche (EPST), se prononce (par 24 voix contre 1) pour le retrait de tout le projet de retraites à points.

Par ailleurs, dans la FSU, des protestations s’élèvent y compris au sein de l’appareil contre l’orientation de la direction nationale.

En tant que fonctionnaires d’Etat, les enseignants vont perdre 30% de leur retraite. Sous couvert de « compenser » cette perte, le ministre propose alors une « revalorisation ». Mais cette prétendue revalorisation salariale serait liée à une remise en cause du statut des enseignants et une redéfinition de leur travail. Or, le 13 janvier, les syndicats, dont la FSU, ont accepté une réunion au ministère de l’Enseignement pour discuter de ce projet.

Comme prévu, le ministre prévoit d’aggraver les conditions de travail et refuse de s’engager sur une augmentation générale des salaires. Tout au plus, le gouvernement promet-il une enveloppe dérisoire de 500 millions d’euros (il en faudrait 20 milliards) en refusant de préciser qui serait concerné, et à quelles conditions (Sous formes de primes ? Avec une réduction des vacances ? Des tâches supplémentaires ?…).

Or, un communiqué de la FSU, daté du 13 janvier, est titré : « Salaire des enseignant·e·s : des inquiétudes subsistent ». Un tel titre gomme l’ampleur de l’attaque en préparation.

Ce communiqué est sévèrement critiqué. C’est ainsi que le bureau départemental du Gard (30) « exprime son désaccord », reprochant au communiqué d’oublier que « nous ne voulons pas d’une discussion sur la revalorisation des salaires en connexion avec la mise en place d’un régime de retraites par points ». Or la feuille de route donnée par le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, « indique clairement que « la mise en place d’un système universel de retraites est l’occasion d’une réflexion globale sur le métier de professeur et une revalorisation permettant le maintien du niveau des pensions ». C’est inacceptable et nous exprimons notre exigence que la FSU rompe très clairement avec cette logique de mise en parallèle des questions légitimes sur le salaire des enseignants avec la mise en place d’un système de retraites par points ».

Cette réaction est le reflet, au sein de l’appareil syndical, de la colère croissante des syndiqué·e·s.

Des portes claquent

Le 8 janvier, une concertation était prévue avec les syndicats de la fonction publique sur la question de la pénibilité. Mais la veille, Solidaires Fonction publique décidait (ainsi que FO) de boycotter cette rencontre, estimant que son objectif n’était que « de faire redescendre la contestation sociale sans y répondre le moins du monde sur le fond, sans remise en cause de système à points ».

Du coup, trois autres fédérations qui avaient accepté cette rencontre – la CGT, la CFE-CGC et la FSU – claquent la porte à leur tour.

Puis le 17 janvier, cinq fédérations syndicales de la fonction publique (CGT, FA-Fédération autonome, FO, FSU et Solidaires) décident de boycotter une réunion prévue le 20 janvier par le ministre pour discuter du double projet de loi instituant la réforme des retraites.

De telles décisions reflètent la pression de la base, mais sont encore trop peu nombreuses.

Une effervescence persistante : rien n’est encore joué

Le gouvernement espérait que l’épuisement des grévistes à la RATP et à la SNCF entraînerait le déclin rapide de la mobilisation, et que l’heure était venue de lancer une décisive manœuvre : celle de la « conférence financière » proposée par la CFDT.

Mais il n’en est rien : la mobilisation générale reste forte, et l’hostilité à l’égard du gouvernement ne fait que croître. En témoigne une multitude d’actions et d’initiatives locales plus ou moins coordonnées qui jaillissent jour après jour : occupations d’établissements scolaires, occupations d’administrations (rectorats), blocages de dépôts…

C’est une véritable floraison d’initiatives et actions, qui ne se réduisent pas à la seule question des retraites ; c’est le cas notamment avec nombre d’initiatives contre la mise en œuvre de la réforme du baccalauréat.

C’est aussi le cas avec la mobilisation des personnels des hôpitaux publics qui se poursuit depuis bientôt un an, avec une récente initiative : plus de mille médecins hospitaliers, dont nombre de chefs de service, dénonçant l’insuffisance des moyens attribués aux hôpitaux, démissionnent collectivement de leurs responsabilités administratives à partir du 14 janvier 2020.

Un combat de plus en plus politique

Cette floraison d’initiatives contre Macron et sa politique ne relève pas d’une simple « convergence des luttes », mais d’une convergence politique contre le gouvernement et sa politique. Cette convergence politique vise aussi les complices de Macron.

C’est ainsi que le 17 janvier, à l’initiative de la « coordination SNCF-RATP », plusieurs dizaines de travailleurs envahissent le siège national de la CFDT, et en sont refoulés par la police.

Laurent Berger s’indigne, accusant « quelques dizaines d’individus » de s’être « introduits violemment dans les locaux de la confédération CFDT », alors que l’action était pacifique. Macron s’indigne également et menace : « La justice passera, je l’espère, le plus vite possible ».

Mais une cheminote explique : « En se félicitant du retrait de l’âge pivot, Berger trahit non seulement l’ensemble des grévistes mais aussi ses syndiqués qui sont pour le retrait total et ne veulent pas négocier avec le gouvernement ».

Là est une question essentielle : combattre aujourd’hui contre les « négociations », les concertations et la participation à la « conférence de financement » – et cela ne concerne pas seulement la CFDT et l’UNSA mais l’ensemble des syndicats – est une nécessité et un acte politique de première importance, et cela passe d’abord par des prises de position dans les syndicats et les assemblées générales. (17 janvier 2020)


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