Halte aux déchets : La Lorraine poubelle des pays frontaliers

jeudi 23 janvier 2020.
 

Le phénomène ne cesse de s’aggraver : pour économiser le coût du recyclage, des entreprises belges et luxembourgeoises déversent toujours plus d’ordures sur les friches industrielles et dans les forêts de Lorraine, au vu et au su des pouvoirs publics peu préoccupés par ce qui s’apparente à un fléau environnemental inouï

Le phénomène ne cesse de s’aggraver : pour économiser le coût du recyclage, des entreprises belges et luxembourgeoises déversent toujours plus d’ordures sur les friches industrielles et dans les forêts de Lorraine, au vu et au su des pouvoirs publics peu préoccupés par ce qui s’apparente à un fléau environnemental inouï. Élus locaux, agents de l’ONF et militants de collectifs citoyens ne cessent pourtant de les alerter.

La région est devenue la poubelle de ses voisins frontaliers et le bilan est très lourd. En 2018, les services douaniers comptabilisaient 135 tonnes d’ordures illégalement déchargées en Lorraine-Nord soit 128 de plus qu’en 2017. La tendance s’est encore considérablement aggravée en 2019. Outre les nombreuses pollutions régulières commises principalement par des sociétés de BTP ou des prestataires de services cherchant à contourner les règles d’élimination des déchets de chantier ou d’entreprises, de nouvelles formes de contrebande de grande ampleur se multiplient ces derniers mois et sont responsables d’une « explosion » des dépôts sauvages.

Le secteur des trois frontières (France/Belgique/Luxembourg) a été particulièrement frappé par ce désastre : fin octobre, près de 750 tonnes (!) de déchets ménagers ont été déversées par camion en l’espace de quelques nuits seulement sur des friches industrielles et minières à Haucourt-Moulaine (Meurthe-et-Moselle) et Rédange (Moselle). À Hayange (Moselle), quelques dizaines de kilomètres plus loin, un transporteur a tout récemment été pris sur le fait après le déversement de près de 40 tonnes de vêtements et de chaussures usagés à proximité directe des habitations. Derrière ces actes de pollution démesurés s’organise un trafic transfrontalier parallèle sans doute très lucratif qui profite du laxisme réglementaire français en matière de protection de l’environnement.

Face à ces pratiques sauvages, le collectif de citoyens révoltés « J’aime ma forêt » est né en Moselle-Nord et participe activement à la traque et au démantèlement de réseaux qui organisent cette contrebande. Pour Gautier Berera, membre fondateur du collectif et militant insoumis à Audun-le-Tiche, il manque face à cette urgence « une stratégie de coopération active des pays frontaliers et davantage de moyens pour enrayer ce fléau et punir les auteurs », insistant par-delà cette idée que c’est aussi tout le modèle de production de déchets et donc de consommation qu’il faut changer dans nos sociétés.

Gilles Wobedo


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