Peut-on en finir avec le capitalisme ou faut-il seulement le rendre plus social ? Quelques éléments de réponse (par un élu PCF)

lundi 23 juillet 2007.
 

Avant d’essayer de répondre à cette question, quelques remarques sur la question et sa formulation, en effet les deux alternatives présentes dans cette phrase ne sont pas symétriques. Cette asymétrie est marquée clairement par l’emploi du "seulement" pour qualifier la seconde hypothèse posée ainsi d’entrée comme hypothèse par défaut. Cette asymétrie est marquée aussi par le choix des mots employés pouvoir/falloir renvoyant à deux champs de valeurs différents le possible et le nécessaire. L’utilisation de ces deux champs de valeurs aurait pu conduite à quatre formulations différentes et pourtant c’est bien celle-ci qui semble la plus "naturelle". Cette asymétrie dans le questionnement ne cache-t-elle pas un autre questionnement tout aussi asymétrique ? Se poser la question de la possibilité d’en finir avec le capitalisme ne présuppose-t-il pas la nécessité de le faire et, à contrario, s’interroger sur la nécessité de rendre le capitalisme plus social ne présuppose-t-il pas la possibilité de le faire. La question posée serait alors " Faut-il en finir avec le capitalisme et peut-on le faire ou faut-il seulement le rendre plus social et en avons-nous la possibilité ?". Ces deux termes cachés de la question initiale me semblent tout aussi important pour envisager les modalités de notre action.

Le capitalisme peut-il devenir plus social ? Pour ne pas entrer dans le débat sur la définition du capitalisme, nous pouvons retenir une définition simple, celle donnée dans les cahiers de la formation du PCF, définition issue du Petit Larousse 2001) : n.m. Système économique et social fondé sur la propriété privé des moyens de production et d’échange. (Le capitalisme se caractérise par la recherche du profit, l’initiative individuelle, la concurrence entre les entreprises.) - Spécial. Régime économique, politique et social qui selon la théorie marxiste, est régi par la recherche de la plus-value grâce à l’exploitation des travailleurs par ceux qui possèdent les moyens de production et d’échange. Défini ainsi le capitalisme ne peut, semble-t-il que devenir plus social, étant par définition à l’opposé de toute visée sociale. Mais si le capitalisme est régi par la recherche de la plus-value grâce à l’exploitation des travailleurs, cela signifie que dans tous les contextes le capitalisme cherchera à atteindre la plus-value la plus importante. Et pour cela tous les moyens sont bons, du contournement de la loi à la modification législative voire en d’autres temps ou lieux au coup d’état. Nous avons pu tous constater que chaque avancée sociale aussi minime soit elle doit être défendue sans cesse sous peine de se voir annuler. Si le capitalisme peut devenir plus social, comme cela a pu être le cas à la Libération avec la mise en œuvre du programme du CNR, ces avancées et on le voit bien aujourd’hui ne sont jamais acquises et ne sont maintenus qu’au prix de luttes et de mobilisations constantes. Toute tentative à rendre le capitalisme plus social ne serait donc que provisoire et réversible. Seule une mobilisation constante sur le terrain des luttes permettrait de conserver ces acquis. L’échec du modèle suédois n’est il pas une illustration de cette difficulté ?

L’impossibilité de rendre le capitalisme plus social de manière pérenne est un élément de réponse à l’autre partie de la question ; faut-il en finir avec le capitalisme ?. En effet, si le capitalisme est et demeure intransformable la seule solution est d’en finir et de le dépasser. Le second terme de la question posée initialement perdrait ainsi tout son sens et se résumerait à "Peut-on en finir avec le capitalisme ?". Mais encore une fois la question n’est pas si simple, le peut-on se décline en fait par comment, quand, où, avec qui ? Oui nous pouvons en finir avec le capitalisme, la question est peut être beaucoup plus celle des moyens que l’on se donne pour en finir, sauf bien sur à se contenter de déclarations incantatoires. Et cet aspect de la question nous renvoie à la nécessité d’une réflexion, refondation (?) théorique de la gauche. Non pas parce que Marx serait dépassé, commençons donc par le relire, voire le lire avant de faire de telles déclarations, mais parce que certains concepts nécessitent d’être retravaillés en fonctions des réalités socio-économiques du XXIème siècle. Ces éléments de réponse, à compléter, développer, travailler, nous ramènent de fait, vu la difficulté de concevoir la possibilité d’en finir avec le capitalisme dés demain à la seconde partie de la question qui serait alors "Faut-il rendre le capitalisme plus social en attendant et en se donnant les moyens d’en finir avec lui ?" Sans illusions sur ces modifications du capitalisme qui ne seront ni des modifications de fonds ni pérennes, il me semble que oui nous devons le rendre plus social. Le rendre plus social pour aider tous ceux qui souffrent du capitalisme à vivre. Et le rendre plus social pour apprendre à lutter pour confronter les réalités de la lutte aux réflexions théoriques et inversement. Tout simplement peut -être redécouvrir le marxisme.

Le 20 juillet 2007 Jean Michel Arberet Maire adjoint d’Arcueil, partenaire du groupe communiste.


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