Valeurs de gauche, valeurs républicaines : liberté, égalité, fraternité, évidemment, complétés par laïcité, démocratie, solidarité, sûreté, souveraineté populaire, développement durable (Lucette Guibert, UFAL)

lundi 6 août 2007.
 

La Res Publica et l’UFAL

Il est toujours plus facile de lutter « contre », que de bâtir « pour », à gauche comme à droite. Comme nous voulons participer à l’émergence d’alternatives, il est indispensable de savoir avec qui travailler, dans quel but et pourquoi travailler ensemble.

On parle souvent des « républicains des 2 rives » pour désigner 2 familles de pensée partageant des valeurs communes, au delà d’un clivage gauche-droite.

Il ne faut pas se laisser abuser par des étiquettes qui ne représentent plus la même chose qu’au siècle dernier, car le monde a changé.

L’implosion de l’Union soviétique, fin des années 1980, a marqué le passage à une nouvelle étape du capitalisme, le « turbocapitalisme » pour lequel tout est prétexte à faire du profit, tout est marchandisable. La droite française ne peut plus s’appuyer sur la bourgeoisie nationale comme au temps du gaullisme ; mais elle s’appuie maintenant, et elle est aux ordres, d’une bourgeoisie internationale ou compradore. Il ne peut plus y avoir de républicains de droite, car il n’y a plus de place à droite, pour une force politique appuyée sur la bourgeoisie nationale. Dans le monde d’aujourd’hui, libéral et turbo-capitaliste, le républicain de droite est une chimère.

Pour nous, qui souhaitons le rassemblement des laïques et des républicains de gauche et d’extrême-gauche, il devient nécessaire de préciser quelles sont les valeurs de gauche, et ce qu’est la RES PUBLICA, « la chose publique ».

Les valeurs de gauche

Des politiques se prétendant de gauche font une politique de droite (soit disant par pragmatisme, mais surtout par absence d’audace politique à imaginer autre chose que l’accompagnement social démocrate du capitalisme actuel) ; des politiques de droite se réclament de valeurs de gauche (liberté égalité et surtout fraternité, en pensant que ça maquille bien le neolibéralisme le plus débridé). C’est le règne du fatalisme ou de l’hypocrisie.

Alors, il est temps de repréciser et mettre à jour les boussoles de gauche.

Ces neufs principes peuvent servir à redéfinir la gauche : liberté, égalité, fraternité, évidemment, complétés par laïcité, démocratie, solidarité, sûreté, souveraineté populaire, développement durable.

A l’UFAl nous nous réclamons de ces principes.

La Res Publica

Il faut peut être définir, maintenant, les républicains par le « périmètre » de la Res Publica. La Res Publica, la chose publique comprend

l’organisation politique de notre « vivre ensemble », le bien public, la propriété collective de « nos biens communs » dans le respect de « droits fondamentaux ». Cette définition de républicain s’appuyant sur les périmètres de la « chose publique » permet de situer les républicains dans un processus, un mouvement et non plus dans des camps retranchés (les rives) avec une frontière (rivière) plus ou moins profonde.

L’organisation de notre « vivre ensemble »

Les républicains sont des citoyens contre la loi de la jungle, qui veulent des règles intangibles pour organiser la société humaine. Ces règles définissant l’organisation républicaine peuvent être différente. Quelle république : la 3ème, la 5ème... ou la 6ème ? Cette 5ème république qui permet la concentration de tous les pouvoirs dans les mains d’un seul homme est une caricature de république. Il est urgent de rappeler l’indispensable séparation des 3 pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire), il est malsain d’oublier que l’information n’a bientôt plus les moyens de son indépendance. Vive la 6ème république, vite !

Le bien public

Il est des droits fondamentaux (tels que la santé, l’éducation....) qui ne sont pas marchandisables dans une société qui se veut solidaire.

Il est des biens communs qui sont indispensables pour vivre (l’eau, l’air, l’énergie ..) et qui doivent être soustraits à la loi du marché.

Il est des services qui sont nécessaires pour assurer la cohésion sociale (communications...) Les droits fondamentaux sont universels, et la garantie d’universalité est que ces droits soient servis dans le cadre de services publics sous contrôle citoyen.

L’étendue de ces services publics, c’est au politique d’en définir le périmètre, pas aux plus forts, ni au marché.

Le financement public de services publics redéfinis doit être sous contrôle des citoyens et servir uniquement pour l’intérêt du public. Ce n’est pas le fait de recevoir un financement public qui définit des missions ou des délégations de services publics : c’est le fait de répondre à des besoins essentiels du « public », de manière universelle, qui exige un financement public sous contrôle citoyen de services publics redéfinis et élargis.

Les services publics c’est la République ! C’est pourquoi l’UFAL est membre de Convergence nationale des Services publics et des Etats généraux de la santé et de l’assurance-maladie (EGSAM).

L’UFAL est pour la République sociale qui, selon la définition de Jaurés, est la République poussée jusqu’au bout.

Solidarité

Notre analyse, en partant de l’exigence du respect des droits fondamentaux permet de faire grandir « l’espace public » au nom de l’égalité et de l’universalité, et non pas de segmenter les populations en fonctions de critères modulables (les plus démunis, les plus pauvres, les plus précaires...) institutionnalisant la charité. La charité, même si elle est dite publique, ce n’est pas la solidarité. La charité divise ceux qui méritent d’être aidés et ceux qui ne font pas l’effort d’être dans le lot des aidables ; la charité entrave la liberté en créant des obligations, pas toujours explicites.

Notre originalité est de « lier le combat laïque et le combat social », en allant au delà des explications économiques. La marchandisation de la santé crée un cercle vicieux nécessitant l’intervention de plus en plus élargie des groupes charitables pour pallier les manques de la sécurité sociale et de la protection sociale. C’est d’autant plus inacceptable que la France est un pays riche et que le financement de ces actions charitables se fait souvent avec de l’argent public (cotisations sociales assise sur les salaires, ou impôt sur le revenu de plus en plus insuffisant et mal réparti) sur lequel nous n’avons plus droit de regard.

Enfin, si nous nous accommodons d’actions charitables au motif que c’est mieux que rien, nous diluons la responsabilité collective du capitalisme dans l’appauvrissement des gens ; nous participons, dans l’urgence des solutions à des situations extrêmes, à l’appauvrissement de tous en aggravant le sentiment de fatalité. Il est donc nécessaire, non pas de dénoncer ou refuser ces actions, mais de toujours montrer leurs limites et leurs dangers et de ne pas oublier que le commensalisme entre le néolibéralisme et le neocommunautarisme crée et fige des différences qui opposent les citoyens entre eux.

La laïcité

La laïcité est une valeur fondamentale de la République. Séparer la sphère publique de la sphère privée soustrait l’organisation politique publique aux influences privées, qu’elles soient religieuses ou marchandes.

Dans le domaine économique, séparer la sphère publique de la sphère privée soustrait les biens communs permettant l’exercice des droits fondamentaux à l’appétit du marché. C’est la laïcité économique qui contraint le capitalisme à respecter des limites.

C’est aussi la raison pour laquelle, les laïques conséquents (pas uniquement dans le domaine philosophique et religieux, mais aussi dans le domaine économique) ne peuvent pas être de droite quand tous nos services publics sont privatisés

Quelle démocratie : participative ? Représentative ?

Nous entendons sans cesse parler de « démocratie participative », particulièrement en cette période électorale ; à tel point que l’on pourrait penser que c’est la forme la plus évoluée de démocratie. Pour faire « démocratie participative » dans le domaine de la santé, nous assistons à un phénomène d’agrément d’associations de malades visant à donner une visibilité et une représentation de groupes supposés oubliés ou méprisés par la puissance publique. En fait, nous assistons à l’avènement des lobbies et d’un communautarisme particulièrement pervers, dressant des groupes de malades les uns contre les autres, pour un strapontin de représentation (sans réel pouvoir de décision), ou l’obtention de subventions (de tout manière insuffisantes) pour pallier aux insuffisances de l’Etat social. Ce qui devient dans un tel système, aptitude à représenter, c’est la différence.

Cette perversion de la démocratie permet de masquer les responsabilités et d’obtenir une adhésion de façade qui peut rendre complice de la casse sociale.

Faut-il rappeler que les républicains sont pour la démocratie représentative ? Participation aux discussions ET vote sur des projets, avec des élus représentant l’intérêt commun, et non ceux de leur groupe d’appartenance.

L’UFAL a obtenu « l’agrément santé ». Elle entend représenter dans le domaine de la santé, tous les citoyens et leurs familles, les malades comme les biens portants, et défendre nos intérêts communs. Nous utilisons cet agrément pour défendre des droits universels, pas pour la discrimination positive, pas pour cautionner la charité institutionnelle.

L’UFAL a obtenu « l’agrément éducation populaire ». Mouvement d’éducation populaire, nous voulons donner aux citoyens la connaissance de leur droit et défendre leur pouvoir de décider (dans le domaine de la santé aussi), pour faciliter de manière novatrice « l’émergence du public » dans le domaine politique.

Rejoignez l’UFAL, mouvement laïque d’éducation populaire, républicain, antilibéral de gauche.

par Lucette Guibert

Responsable secteur Santé Protection Sociale de l’UFAL

Mardi 17 juillet 2007

Post-scriptum de la rédaction du site : L’article ci-dessus répond à une question souvent posée et rarement traitée de façon sérieuse : que signifie "être républicain aujourd’hui". Il y aurait des remarques et désaccords à faire valoir sur ce texte ; nous les ferons ultérieurement. Dans l’immédiat, il nous a paru préférable de le mettre en ligne de façon autonome.


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