5 décembre 2019 Grève puissante 1 500 000 manifestants

jeudi 12 décembre 2019.
 

- 1) 1 500 000 manifestants dans 250 cortèges
- 2) PREMIÈRE JOURNÉE D’UNE MOBILISATION HISTORIQUE !(CGT)
- 3) Mobilisation du 5 décembre : la dynamique est lancée ! (FO)
- 4) Renforçons ce 5 décembre d’ampleur par la grève reconductible !(Solidaires)
- 5) Une journée historique de grève et de manifestations

1) 1 500 000 manifestants dans 250 cortèges

dont :

Angers : 9 200

Avignon : 15 000

Bayonne : 10 000

Bordeaux : 50 000

Caen : 30 000

Clermont-Ferrand : 15 000

Foix : 8 000

Grenoble : 30 000

Le Havre : 25 000

Le Mans : 18 000

Lorient : 10 000

Lyon : 30 000

Marseille : 150 000

Mets : 10 000

Nantes : 20 000

Montpellier : 20 000

Nice : 10 000

Niort : 10 000

Paris : 250 000

Perpignan : 15 000

Quimper : 10 000

Rodez : 6000

Rouen : 30 000

Toulouse : 100 000

Tours : 15 000

2) PREMIÈRE JOURNÉE D’UNE MOBILISATION HISTORIQUE !(CGT)

Avec plus de 1,5 million de manifestants répartis sur plus de 250 manifestations, la journée d’action du 5 décembre est une première étape réussie de la mobilisation sociale !

Des rassemblements et des manifestations ont été organisés partout en France, toujours dans l’unité syndicale regroupant une majorité de syndicats. Pas une région ni un département sans initiative de lutte, pas un secteur d’activité professionnel sans des appels à la grève par centaine.

Ce haut niveau de mobilisation est historique, tant au regard du taux de mobilisation dans chaque grande ville que du niveau de grève dans les entreprises. Il démontre le refus d’une grande majorité des travailleurs, des retraités et des jeunes, de voir notre système de protection sociale sacrifié sur l’autel du libéralisme économique.

Dans les entreprises par la grève et en même temps lors des mobilisations dans la rue, tous revendiquent une réforme juste de notre système de retraite qui prenne en compte les différentes réalités du travail, la durée des études, l’égalité femmes/hommes et qui permette, dès 60 ans et avant pour les travaux pénibles, de partir en retraite à taux plein.

La mobilisation sociale unitaire qui s’engage est à l’initiative d’organisations syndicales représentant la grande majorité des travailleurs. Elle est soutenue par des centaines d’associations, de collectifs et de mouvements de citoyens, par des centaines d’intellectuels et artistes et par des dizaines d’organisations syndicales internationales représentant plusieurs millions de travailleurs à travers le monde.

Elle s’accompagne d’un soutien fort de la population et de l’opinion publique : 69 % des Français soutiennent le mouvement, 44% font confiance aux syndicats pour réformer les retraites, contre 26% au patronat et 25% au gouvernement (Source sondage Harris Interactive du 04/12/2019).

Loin d’un mouvement corporatiste comme tentait de le faire croire le gouvernement, la mobilisation sociale porte l’aspiration d’une société plus juste, plus solidaire et fraternelle.

Si le président de la République refuse d’entendre les aspirations sociales, il démontrera de nouveau son dogmatisme et sa recherche de confrontation sociale. Il exposera le pays à un conflit social majeur et en portera l’unique responsabilité.

Le gouvernement doit renoncer à son projet de réforme et engager de réelles négociations pour assurer la pérennité et l’amélioration de notre système de retraite, comme l’avenir des futures générations.

La CGT appelle celles et ceux qui ne se sont pas encore mobilisé à le faire. Ce combat concerne tout le monde, quel que soit son entreprise, sa profession ou sa catégorie professionnelle car la retraite, c’est l’affaire de tous ! Il faut poursuivre la mobilisation sociale et l’élargir, tout en l’inscrivant dans le temps.

Dans les entreprises, les départements et les communes, des Assemblées Générales doivent s’organiser afin de décider collectivement des suites de la mobilisation et de ses formes d’actions.

Une intersyndicale nationale CGT, FO, CFE-CGC, Solidaires, FSU, syndicats d’étudiants et organisations de jeunesse se réunira demain matin afin d’analyser la situation et de proposer d’autres « temps forts » interprofessionnels, dès la semaine prochaine.

Montreuil, le 5 décembre 2019

3) Mobilisation du 5 décembre : la dynamique est lancée ! (FO)

La mobilisation dans les manifestations est d’une ampleur rare, inédite depuis 2010 et 1995.

Elle s’inscrit surtout dans une mobilisation exceptionnelle par la grève. Exceptionnelle ou très importante dans l’éducation nationale, aux finances – malgré déjà plusieurs journées de grèves - à Pôle emploi, dans le secteur public de l’énergie, dans les raffineries, les transports urbains, les voies navigables, la sécurité sociale, les services publics hospitaliers et territoriaux … elle a touché de nombreuses entreprises du secteur privé, y compris des PME, dans la grande distribution, le transport aérien, la distribution pharmaceutique, la métallurgie, la production automobile et les équipementiers, le secteur alimentaire, la chimie… Elle est déjà reconduite à la SNCF, à la RATP et d’autres secteurs.

Ces manifestations d’une ampleur exceptionnelle démontrent une adhésion générale des salariés, opposition portée par les syndicats et FO en particulier depuis des mois : nous ne voulons pas du régime unique par points qui, immanquablement, conduirait à une baisse des pensions et un recul de l’âge de départ à la retraite.

Le gouvernement doit entendre la détermination affichée en nombre et dans le calme !

FO salue la mobilisation de l‘ensemble de ses syndicats, unions départementales et fédérations, celles des militants, qui ont su convaincre les salariés.

FO avait alerté dès le mois d’août : sur les retraites, s’il faut aller à la grève, FO y est prête. Elle confirme aujourd’hui la nécessité de renforcer et élargir cette mobilisation.

Partout en France, des assemblées générales se réunissent, ce soir, demain, pour décider de la suite du mouvement. De nombreux appels à reconduire la grève dès ce vendredi, ce weekend et lundi ont été pris.

Des appels à manifester dans le cadre du mouvement de grève sont annoncés dans certains départements pour demain vendredi.

FO accueille demain matin l’intersyndicale qui réunit la CGT, FSU, Solidaires mais aussi les organisations de jeunesse, UNEF et UNL. La participation de la CFE-CGC s’inscrit dans une dynamique d’élargissement de la mobilisation.

Une nouvelle fois, FO appelle le gouvernement à l’ouverture de négociations sans préalable. Le projet de régime unique par point est largement rejeté. On peut et doit préserver et améliorer le système actuel et ses régimes.

La dynamique est là, continuons !

Yves Veyrier Secrétaire général de Force Ouvrière

4) Renforçons ce 5 décembre d’ampleur par la grève reconductible !(Solidaires)

Cette journée de grève générale du 5 décembre est sans précédent depuis plusieurs années, de par son ampleur, de par le nombre de grévistes, de manifestant-es et de secteurs professionnels mobilisés. C’est plus d’1 million 400 000 manifestant-es qui ont défilé partout dans plus de 250 manifestations, nous étions au moins 250 000 à Paris malgré les manœuvres grossières du préfet Lallement, ils y avaient, par exemple, 30 000 à Grenoble, 50 000 à Bordeaux, 4 000 à Auch, 30 000 à Rouen, 25 000 à Lille, 10 000 à Evreux.

Dans toutes les villes les manifestations étaient impressionnantes et déterminées. Elles s’appuient sur de nombreux secteurs en grèves avec des chiffres impressionnants à la SNCF, dans l’éducation nationale, à la RATP mais aussi aux finances publiques, dans l’industrie, la chimie, le commerce, les associations etc. Tous les secteurs étaient mobilisés. Solidaires dénonce la manipulation faite des images de prétendues violences par ce gouvernement, avec le relais de certains média qui les tournent en boucle. Il cherche à légitimer les violences policières, les arrestations, les gazages, nassages et autres répressions, à ternir l’image des manifestations, à blesser et mutiler des manifestant-es pour dissuader de rejoindre les cortèges. Nous ne sommes pas dupes. La véritable violence est la violence sociale qui cherche à nous faire courber l’échine mais partout aujourd’hui nous avons relevé la tête.

Ce gouvernement ne peut plus ignorer le big bang social qui est en route et qui marque le refus total de cette contre-réforme des retraites. Après la colère sociale exprimée depuis un an par les gilets jaunes, la mobilisation massive est aussi l’expression du refus des mesures qui ont aggravé la précarité et les inégalités sociales avec par exemple la réforme de l’assurance chômage, la baisse des APL..particulièrement pour les jeunes, les précaires, les femmes.

Dès ce soir plusieurs secteurs appellent déjà à la reconduction de la grève, éducation nationale, cheminots, agent-es de la RATP , d’autres suivront.

Si cette journée du 5 décembre a été une réussite, c’est aussi parce qu’elle a été vue comme le début d’un mouvement social visant à gagner, elle n’est donc que la première pierre à la construction d’un mouvement social fort et victorieux.

Solidaires portera à l’intersyndicale nationale du 6 décembre au matin, le mandat de l’appel à la reconduction de la grève, de manifestations interprofessionnelles larges et unitaires partout le 7 décembre et d’appels à des journées de grèves et de manifestations dès la semaine prochaine, afin d’élargir et d’ancrer la grève reconductible.

Grève historique dans la fonction publique !

Ce 5 décembre, les agent-es de la fonction publique se sont massivement mobilisé-es pour exprimer leur rejet du projet de réforme des retraites et des orientations gouvernementales.

Même à partir des chiffres officiels, dont on sait qu’ils sont systématiquement minimisés, plus de 32% des agent-es de la Fonction Publique d’Etat, 14% dans la Fonction Publique Territoriale et 19% dans la Fonction Publique Hospitalière étaient en grève aujourd’hui.

Dans l’éducation, ce sont plus de 700 000 personnels qui étaient en grève.

A la Direction Générale des Finances Publiques, ce sont plus de 45% des agent-es qui se sont mobilisé-es.

Un excellent point d’appui avant l’intersyndicale FP du 6 décembre, qui aura lieu dans la foulée de la rencontre interprofessionnelle !

5) Une journée historique de grève et de manifestations

La France a connu, ce jeudi, une journée de grève historique, marquée par le flot des manifestants venus dire non à la réforme que le gouvernement a tant de mal à défendre.

Massif, historique, inouï, au moins inédit depuis près d’une décennie… À vrai dire, on ne sait plus quelle épithète coller à la mobilisation de ce jeudi contre la réforme des retraites, à l’appel de la CGT, FO, de la FSU, Solidaires, de l’Unef et l’UNL, rejoints par la CFE-CGC. Même les décomptes fournis par le ministère de l’Intérieur donnaient le tournis à l’heure où nous bouclions cet article. Ce jeudi, un bon million de marcheurs – les vrais, hein  ? – se sont déversés dans les rues de toutes les villes de France pour dire non à ce système par points que vante la majorité et que le gouvernement a tant de mal à dévoiler. Quant aux nombres de grévistes, il est, lui, aussi à graver dans la grande histoire des mobilisations sociales. Si Emmanuel Macron s’est dit «  calme et déterminé à mener cette réforme, dans l’écoute et la consultation  » alors que les premiers cortèges démarraient, l’issue de cette journée de mobilisation ne fait plus de doute. Elle était inscrite sur la banderole de tête de la manifestation parisienne  : «  Macron, retire ton plan  ».

À Paris, justement, malgré des incidents place de la République, des mouvements de flux et reflux sous les gaz lacrymogènes – «  c’est légèrement poivré avec une pointe de curry  », ironisait un habitué des manifestations –, le défilé n’a pas fléchi, coalisant tous les objections contre cette réforme des retraites, unifiant aussi toutes les colères après deux années et demie de macronisme. Pas moins de 250 000 personnes ont parcouru les grands boulevards de la gare de l’Est à Nation. Avant le coup d’envoi, l’avenue était déjà dense. «  Nous sommes venus à cinq bus de Mantes-la-Jolie, s’exclame Nicole Primard, retraitée CGT. Et grâce à la grève, il n’y avait pas d’embouteillages  : on est en avance  !  » Venue là avec ses deux filles enseignantes, elle-même ne s’estime pas privilégiée «  Je perds du pouvoir d’achat tous les ans, explique cette femme de 73 ans, avec la CSG notamment. J’ai travaillé 42 ans comme secrétaire médicale, 42 ans de cotisations, et ma pension n’atteint pas 1 400 euros. Je suis prête à recommencer à manifester demain. Mes parents étaient résistants, j’ai de beaux restes.  »

Avec son casque de Gaulois «  réfractaire  » sur la tête, allusion à la sortie du président de la République, blouson du groupe de hard rock Motörhead sur le dos, Olivier et sa compagne Nathalie rêvent d’un changement rapide à la tête de l’Etat. Routiers des manifestations depuis la loi El Khomri en passant par le mouvement des gilets jaunes, la casse du système des retraites qui se profile est «  la goutte d’eau. Tout ce qu’a fait Emmanuel Macron consiste à casser nos acquis sociaux, une catastrophe  ! À quoi pouvait-on s’attendre d’autre de la part d’un banquier  ? Au lieu de stigmatiser les régimes spéciaux, pourquoi on n’augmente pas juste les retraites du privé  ?  » Gardiens d’immeubles à Paris, ils ont fermé la loge sans état d’âme. «  D’autres collègues voulaient venir mais ils avaient leurs enfants ou pensaient que c’était trop dangereux  ! Il y a une assemblée générale jeudi soir et a priori, on serait en mouvement lundi et peut-être même mardi  ! Je ne me vois pas continuer à vider des bennes à ordure de 1 100 litres à 64 ans  », assène Nathalie.

Alors que la foule avance très lentement le long du boulevard Magenta, Franck Delhin, cheminot qui a collé un autocollant CGT sur son bras, tranche  : «  Les grèves perlées ça ne marche pas  ! À Paris-Est, le mouvement est très suivi, on a fait une AG et on a déjà décidé de reconduire le mouvement vendredi  ».

Un petit groupe de cédétistes est également bien décidé à faire entendre sa voix. Jean-Bernard, jeune retraité de la CFDT des Mines, ne mâche pas ses mots  : «  Je m’étais déjà battu contre Édouard Balladur, lui qui a décidé à l’époque de baser le calcul de la retraite sur les 25 meilleures années et maintenant, on veut prendre en compte toute la carrière  ? Je pense à ma famille, aux soignants, aux enseignants… Je me suis renseigné par ce projet et ce n’est pas du tout ce que j’en attends  ! Laurent Berger fait ce qu’il veut, moi je sais comment je vais m’occuper dans les semaines à venir  !  »

Assommés par le régime sec auquel est soumis l’hôpital public, mobilisés depuis des semaines pour sauver les services d’urgences, les aides-soignants, infirmières, médecins sont aussi venus en masse. «  On est parti avec trois bus depuis d’Étampes (Essonne) raconte Pauline, représentante du personnel Sud Santé. Il y a une accumulation, là  ! On ne veut pas du «  boulot, dodo, caveau  »  ! Aide-soignante en psychiatrie, je pourrais partir à 64 ans ou 66 ans  ? Ce n’est juste pas possible entre les conditions de travail dégradées et le sous-effectif chronique  !  » insiste la jeune femme qui plafonne à 1 550 euros par mois en travaillant en 3/8 et un week-end sur deux.

Un groupe de gilets jaunes entament son hymne de ralliement. Car si l’appel à manifester est syndical, nombreux sont les anonymes, les non militants aussi présents. «  J’ai bien compris la stratégie de ce gouvernement, analyse un jeune homme de 36 ans arborant l’affichette ‘Artisan en colère’. Depuis deux semaines, on ne nous parle que de régimes spéciaux, mais jamais de celui des députés… Les cheminots ne sont pas des privilégiés. Ma retraite comme électricien ne sera pas terrible, mais je manifeste au-delà de ça. Pour les services publics, pour changer de système. Je ne manque ni de clients, ni de travail, mais j’ai failli fermer. Et pendant ce temps-là, le Cice donnait des milliards à Carrefour et Auchan.  »

Une pluie de parapluies constellés de tract «  Retraite #balanceTonPoint  », «  Régime universel = poudre de perlimpinpin  » les dépassent. Ces militants d’Attac veulent ainsi rendre hommage aux manifestants de Hong Kong. Les féministes sont aussi de la partie. «  Pour toutes les féministes, des retraites de ministres  » clament-elles derrière une banderole appelant à la grève des femmes le 8 mars. «  Inégalités de salaires, carrières discontinues, temps partiels imposés  : les femmes seront évidemment percutées par cette réforme à points, n’en déplaise à la communication de M. Delevoye  », s’insurge Anne Leclerc membre de «  On arrête toutes  » et du CNDF. Carole Vidal, «  bibliothécaire féministe  » de la fonction publique territoriale, s’inquiète de sa retraite mais aussi «  des partenariats publics-privés, du management néolibéral qui détruit le sens du métier  ». Elle aussi est prête à continuer, à sacrifier une semaine de salaire. «  Aujourd’hui dans la rue, demain on continue  », scandent d’autres grévistes. Tous attendent déjà le prochain acte de la réforme des retraites, point de convergence de la fronde contre le gouvernement.

Kareen Janselme et Cécile Rousseau (L’Humanité)


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