Aux Etats-Unis, l’anticapitalisme fait carton plein chez les jeunes démocrates (novembre 2019)

jeudi 25 février 2021.
 

Le courant contestataire prend de l’ampleur, au sein de la gauche américaine, parmi une jeunesse marquée par la crise financière et l’endettement universitaire.

A un an de l’élection présidentielle américaine, il souffle un fort vent de socialisme… chez les démocrates américains, en particuliers les jeunes. C’est ce qui ressort d’une enquête très complète réalisée auprès de 1 700 Américains, publiée en septembre par le think tank libertarien Cato Institute. Si la majorité reste fidèle à la libre entreprise et au capitalisme, le courant contestataire est puissant dans la gauche américaine. Ainsi, les démocrates ont une vision plus favorable du socialisme (64 %), terme jusqu’alors très péjoratif et assimilé au communisme, que du capitalisme (45 %). Cette bascule, largement provoquée par le mandat de Donald Trump, reste minoritaire, six Américains sur dix ayant une vision positive du capitalisme et négative du socialisme. De même, 82 % des Américains estiment que les gens doivent être autorisés à devenir milliardaire et les trois quarts ne pensent pas que ce soit « immoral ». Toutefois, 54 % des démocrates estiment que les milliardaires sont une menace pour la démocratie. Même si sept Américains sur dix affirment avoir plus d’admiration que de ressentiment pour les milliardaires.

A la question « la richesse doit-elle être redistribuée des riches vers les pauvres ? », la réponse est négative à 62 %, mais les Démocrates y sont favorables à 58 %.

Ce sondage intervient alors que les candidats de l’aile gauche du Parti démocrate, les sénateurs Bernie Sanders et Elizabeth Warren, multiplient les attaques contre les milliardaires ainsi que les propositions fiscales, notamment l’introduction inédite d’un impôt sur la fortune. S’y ajoutent des propositions de démantèlement des géants du numérique ainsi que l’interdiction des assurances maladies privées.

Sur les mesures applicables, 61 % des Américains approuvent l’idée d’augmenter les impôts pour les ménages gagnant plus de 200 000 dollars (180 000 euros) par an, 53 % sont favorables à un taux d’imposition marginal de 70 % au-delà de 10 millions de dollars.

En revanche, à la question « la richesse doit-elle être redistribuée des riches vers les pauvres ? », la réponse est négative à 62 %, mais les démocrates y sont favorables à 58 %. De façon intéressante, les indépendants susceptibles de faire la bascule d’une élection approuvent la hausse des impôts sur le revenu mais sont défavorables à celui sur la fortune. Sans surprise, les électeurs républicains sont opposés aux trois mesures. La croyance en l’Etat social reste faible. Plus de sept Américains sur dix estiment que le combat du gouvernement contre la pauvreté a été inefficace et qu’il devrait se concentrer à éliminer ses causes plutôt qu’augmenter l’Etat social.

Marqués par la crise financière et l’endettement universitaire, les jeunes sont ceux qui contestent désormais le plus l’ordre établi, et ils sont désormais en opposition frontale avec les plus de 65 ans. Les moins de 30 ans estiment que les milliardaires sont une menace pour la démocratie (51 % contre 26 %), sont « en colère » quand on leur parle des riches (54 % contre 11 %), trouvent « immoral » que la société laisse des gens devenir milliardaires (39 contre 13 %), pensent que des « actions violentes contre les riches » peuvent être justifiées (35 % contre 10) et approuvent la redistribution des riches aux pauvres (53 % contre 20 %). Un phénomène, rappelle Cato, que les Etats-Unis avaient déjà connu dans les années 1970.

Arnaud Leparmentier (New York, correspondant)

• Le Monde. Publié le 27 octobre 2019 à 16h15 :


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