Appel de survivants du terrorisme "Nous devons notre paix au combat des Kurdes"

lundi 4 novembre 2019.
 

Dans une tribune publiée par "Le Parisien", des survivants des attentats du 13 novembre 2015 se mobilisent pour les Kurdes menacés directement par la Turquie.

ppel du Collectif des 44

« Nous, 44 survivants du terrorisme, déclarons notre soutien et notre solidarité aux populations du nord de la Syrie, qui subissent depuis plusieurs jours les attaques de l’armée turque d’Erdogan et ses supplétifs djihadistes.

Quand en 2015 nous avons été attaqués, dans nos villes et dans nos rues, quand nous comptions nos morts, ces Kurdes, Arabes, Yézidis, Turkmènes, Assyriens, luttaient ensemble contre Daech, ennemi de l’humanité.

Ils sont devenus nos alliés et premier rempart humain contre la haine et l’obscurantisme. Ils étaient en première ligne, au sol, à Raqqa d’où avaient été organisés les attentats de Paris, ainsi qu’à Kobané, et dans toute cette région gangrenée, pour mettre hors d’état de nuire nos assassins et vaincre l’Etat Islamique.

Des milliers d’entre eux sont morts. Dans leur lutte, ils ont défendu fièrement des valeurs universelles de liberté, d’égalité et de solidarité, communes à celles de notre République. Notre paix, quelle qu’elle soit, nous estimons la devoir à leur combat. Depuis le 9 octobre, ils sont attaqués et envahis, en totale violation du droit international. Lâchement abandonnés de tous, ils font face seuls aux massacres, aux viols, aux crimes de guerre et à l’exode.

En tant que survivants du terrorisme, il nous est impossible de rester silencieux et indifférents à l’attentat permanent que vivent ces populations, envers lesquelles nous avons une dette inestimable. Nous sommes indignés par la passivité de la France et de la communauté internationale, qui, après les attentats de Paris, n’avaient pourtant pas hésité à intervenir aux côtés des Kurdes contre nos assassins. Passivité qui permet aujourd’hui l’évasion de centaines de terroristes et, parmi eux, nous le craignons, les djihadistes français les plus dangereux. Combien de temps leur faudra-t-il pour frapper à nouveau ? Toutes ces années de combats et d’efforts acharnés contre le terrorisme sont maintenant mises en péril. Et le Rojava, seule tentative de démocratie sociale au milieu d’un océan de dictatures, risque d’être anéanti.

Il ne peut en être ainsi.

Nous appelons tous les survivants du terrorisme à nous rejoindre et à partager notre message de solidarité internationale. Nous appelons toutes les populations du monde sans exception, qui n’ont pour intérêt que de vivre en paix, nos amis, qui au lendemain des attaques de Paris étaient tous unis contre la barbarie, à soutenir maintenant les peuples du Rojava. Nous appelons tous les journalistes, qui en 2015 relayaient notre effroi, à porter aujourd’hui notre message au-delà des frontières. Nous appelons tous les chefs d’Etat d’Europe et du monde, qui en 2015 avaient dit ensemble Plus jamais ça !, à prendre à nouveau ensemble, et avec le plus grand discernement, leurs responsabilités face à l’Histoire, qui ni n’oublie, ni ne pardonne.

Les peuples du monde n’ont rien à craindre les uns des autres, mais ont tout à redouter d’être les instruments d’intérêts qui ne sont pas les leurs. En ces temps inouïs, toutes nos pensées et nos actes doivent se tourner vers celles et ceux qui, où qu’ils soient, combattent, fuient ou sont victimes de la barbarie et de l’oppression.

Vers nos amis, par-delà les montagnes. »

Collectif de survivants du terrorisme en soutien aux peuples du Rojava

Ce que disent ces survivants du terrorisme islamique est simple : leur effroi face au réveil de cellules du groupe Etat islamique, la crainte que les populations de la région du Rojava et les forces qui ont combattu Daech ne soient abandonnées après nous avoir protégés.

Sur la menace djihadiste, la mort le week-end dernier de Baghdadi et d’un de ses bras droits, dans une opération conjointe des forces spéciales américaines avec le renseignement kurde des FDS, ne peut masquer que de nouvelles exactions sur place ont déjà repris. À ceci, il faut ajouter qu’une centaine de djihadistes prisonniers ont réussi à s’évader selon le dernier décompte rendu public par l’émissaire américain pour la Syrie.

« Tout cela m’a pris aux tripes, je pense à mes enfants, s’inquiète une des signataires, qu’est-ce que c’est que ces dizaines de terroristes qui s’échappent ? » Une anxiété soulignée par Me Gérard Chemla, l’avocat de certains signataires, parties civiles dans le dossier judiciaire en cours : « L’opération turque déstabilise la région, certains djihadistes ont pris la fuite, il y en aura certainement d’autres. La France doit absolument faire quelque chose. C’est pourquoi j’avais demandé qu’ils soient ramenés en France et jugés ici. » Écho à d’autres mobilisations

Ce qui a décidé les « 44 » à prendre la parole, c’est aussi, et surtout, « la dette inestimable » que les pays occidentaux doivent aux 11 000 morts qui se sont battus pour terrasser Daech, dette à laquelle nos pays, disent-ils, font défaut. Une défaillance dans la reconnaissance et le soutien dus à ces communautés qui ont inventé dans une région minée par les troubles un espace pacifique aux valeurs universelles. « Pourquoi nous avoir sauvés, nous, si c’est pour les abandonner, eux », explique un des signataires à l’origine de l’appel.

Cette mobilisation inédite fait écho à d’autres. Il y a une semaine, 31 parlementaires femmes de tous les partis ont posté un texte de soutien aux femmes kurdes, sur le Huffington Post : « Nous, parlementaires françaises, souhaitons apporter notre soutien plein et entier aux femmes kurdes qui, au Rojava, […] se sont battues pour les principes universels que nous défendons. » Et les élues de demander « une zone d’exclusion aérienne et la mobilisation d’une force sous l’égide de l’ONU ».

Ce jeudi soir, c’est le site Libération qui publie une tribune signée du Collectif des Combattantes et Combattants francophones du Rojava (CCFR). Intitulée « Français, nous avons combattu aux “”


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message