Italie : le gouvernement Prodi n’engageant pas une politique de gauche, est en train de perdre la confiance populaire

samedi 14 juillet 2007.
 

Si l’on en croit les derniers sondages, seul un électeur sur quatre pense que le gouvernement Prodi est en train de bien travailler. C’est une donnée stupéfiante. Seul le gouvernement Olmert a un moindre consensus ; même le président Bush en ramasse plus aux USA. L’explication (consolation) la plus répandue est "Nous faisons de bonnes choses, mais la coalition est trop bagarreuse et les gens ne nous comprennent pas".

Et s’il n’en était pas ainsi ; si les gens (le peuple !) comprenait, au contraire, qu’ils ont voté pour un changement qu’ils ne voient pas et si c’était là l’élément de base du désenchantement et de la dissension ?

Prenons la question des retraites d’ancienneté et de la hausse de 3 ans de l’âge de la retraite à la fin de 2007 de Maroni [ministre du Travail du gouvernement Berlusconi, NdT]. Le gouvernement aurait dû l’abolir (c’était pour cela aussi qu’il avait eu des voix) et avancer en même temps une proposition de réorganisation des politiques sociales pour un pays où les personnes âgées vont augmenter et où il faudra à l’économie, pour qu’elle fonctionne, de plus en plus de travailleurs immigrés.

Il fallait un dessein organique, capable de s’attaquer à des contradictions multiples. L’Italie est le pays en queue de classification européenne pour le taux d’emploi parmi ceux qui ont 55/65 ans et parmi les femmes : il y a une foule de personnes qui voudraient travailler longtemps, mais que les entreprises mettent à la porte dès qu’elles peuvent les remplacer par des jeunes précaires à bas coût. C’est ainsi que les pauvres sont plus nombreux dans les classes d’âge au dessous de 35 ans (22,6%) que dans celles de plus de 65 ans (18,4% ; données Cer).

Par les retraites de ceux qui ont eu une carrière de travail régulière on bouche aujourd’hui les effets sociaux de la précarité : le pacte entre les générations est opérationnel aujourd’hui déjà, n’en déplaise à Walter Veltroni. A l’avenir, la combinaison de précarité et système à contribution va augmenter le taux de pauvres parmi les retraités. Dernière donnée : l’Istat [Institut de statistique, NdT], qui publie les estimations de l’espérance de vie, signale que celle des ouvriers est beaucoup plus basse que celle des employés et des dirigeants. Il serait donc juste qu’un ouvrier de Fiat prenne sa retraite bien avant un employé.

Il reste, au contraire, écrasé entre un vieil ouvriérisme qui veut faire des portions égales entre les inégaux et un nouveau modérantisme qui ne voit les conditions de vie et de travail des personnes qu’à travers la comptabilité générale de l’Etat. Sur la base d’un dessein organique il ne serait pas difficile de créer du consensus autour d’un accord qui, en engageant en premier lieu la responsabilité des entreprises, garantirait des emplois stables à l’embauche et encouragerait non pas ceux qui font des heures supplémentaires mais ceux qui peuvent/veulent travailler plus longtemps au-delà des contraintes de la retraite.

Il faudrait une reconnaissance sociale du travail ouvrier, de sa peine et de sa productivité en termes de salaire et du droit à une bonne retraite anticipée. Cela doit valoir aussi pour les immigrés qui produisent notre richesse et que nous remercions maintenant en en faisant un stupide danger social. Il faudrait, donc, donner des garanties aussi à ceux qui n’achèvent pas les 35 ans d’ancienneté !

Il faudrait un système de comptabilité du système de la sécurité sociale calculant la différence entre ce que le système paye à l’Etat en assistance et taxes et ce qu’il met de côté pour l’indemnité de fin de carrière. Le récent rapport sur l’Etat social (Université de Rome) calcule qu’aujourd’hui le système de sécurité sociale donne (n’enlève pas !) au PIB 0,5%. N’en sera-t-il pas toujours ainsi ?

Evitons entre-temps le terrorisme des chiffres contre la sécurité sociale, évitons de considérer raisonnable le fait que le ministre Padoa Schioppa pense à la hausse de la moyenne de vie comme à une très bonne opportunité pour lui et à un désastre pour la finance publique.

Il faut réaliser, en somme, une politique, parce que c’est la bonne politique qui construit en démocratie un consensus solide.

Italie : La croisade de la Sécurité sociale

(de Mario Sai traduit de l’italien par Karl&Rosa)


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message