Les Algériens en masse dans la rue pour le 36e vendredi consécutif de contestation

samedi 2 novembre 2019.
 

Les manifestants contestent l’organisation de la présidentielle du 12 décembre, destinée à élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika.

A la veille de l’expiration du délai de dépôt des candidatures pour l’élection présidentielle du 12 décembre, les Algériens ont manifesté massivement vendredi 25 octobre contre le pouvoir, aiguillonnés par des propos polémiques du chef de l’Etat par intérim. Les rues du centre d’Alger étaient noires de monde pour ce 36e vendredi consécutif de contestation contre le système au pouvoir depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962 et contre la présidentielle destinée à élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika, poussé à la démission le 2 avril par les manifestations.

« Il y a beaucoup de monde dans les rues d’Alger », avec « toujours la même détermination », s’est réjoui Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), présent dans le cortège algérois, qui s’est dispersé dans le calme en fin d’après-midi. Désormais, selon lui, « un vrai bras de fer » est engagé entre le pouvoir, qui entend mettre fin à la crise avec le scrutin du 12 décembre, et le mouvement populaire, qui refuse que le président par intérim, Abdelkader Bensalah, et le chef d’état-major de l’armée, Gaïd Salah, organisent des élections.

Faute de candidats, le pouvoir avait dû annuler une précédente présidentielle, prévue le 4 juillet pour clore les trois mois d’intérim constitutionnel de M. Bensalah. Cette fois-ci, deux candidats issus du système ont déjà déposé leur dossier à l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), nouvel organisme censé garantir la transparence et l’équité du scrutin.

Dépôt des candidatures jusqu’à samedi minuit

Ancien ministre de M. Bouteflika, Azzedine Mihoubi a été le premier, mercredi, à déposer sa candidature au nom du Rassemblement national démocratique (RND), qui fut l’un des principaux soutiens de M. Bouteflika jusqu’à sa chute. M. Mihoubi a pris la tête du RND après l’incarcération du très impopulaire Ahmed Ouyahia, trois fois premier ministre de M. Bouteflika et visé par des enquêtes pour corruption présumée.

L’islamiste Abdelkader Bengrina, ancien ministre, a de son côté déposé sa candidature jeudi au nom d’El-Bina. Ce petit parti est membre d’une coalition islamiste, dont l’un des membres a été élu en septembre à la présidence de l’Assemblée nationale, grâce aux voix du RND et du Front de libération nationale (FLN) de M. Bouteflika, détenteurs de la majorité absolue. Cinq autres candidats ont pris rendez-vous avec l’ANIE d’ici à l’expiration du délai de dépôt des candidatures, qui expire samedi à minuit (1 heure, heure française), selon l’institution chargée de l’organisation de la présidentielle.

Vendredi, les manifestants ont troqué la cible habituelle de leurs slogans – l’omniprésent général Gaïd Salah – pour l’effacé Abdelkader Bensalah. Diffusées par la chaîne RT, ses déclarations jeudi au président Vladimir Poutine, qu’il « tient à rassurer » sur la situation « sous contrôle » en Algérie, qui minimisent l’ampleur de la contestation, ont enflammé les réseaux sociaux algériens et le Hirak, le mouvement populaire. « Les propos de Bensalah devant Poutine ont été ressentis comme une humiliation du peuple et de l’Algérie », explique Saïd Salhi, de la LADDH.

Vendredi, des cortèges ont également réuni, sans incident, des foules importantes dans plusieurs autres villes du pays, selon les témoignages et images postés sur les réseaux sociaux. Comme à Alger, les manifestants ont réclamé en outre la libération de la centaine de « détenus d’opinion », manifestants, militants ou journalistes, incarcérés depuis juin.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message