Proposition pour la gauche d’après

mardi 10 juillet 2007.
 

Samedi et dimanche derniers, les délégués des associations départementales de PRS venus de toute la France se sont retrouvés en Convention nationale près de Bordeaux. Deux journées studieuses consacrées à la discussion collective, loin des micros et des caméras, afin de construire et préciser nos convictions communes. Faute de place, je ne peux les exposer ici de façon complète. Pour les connaître, je vous invite à lire le texte La gauche d’après (pdf). J’en résumerai la proposition principale : le moment est venu en France d’une force nouvelle pour réinventer la gauche.

Cette conviction doit être défendue contre bien des obstacles. Elle doit l’être contre le penchant naturel au moindre effort. Elle doit l’être contre le poids des habitudes, pas toujours bonnes. Elle doit l’être contre les patriotismes d’organisation, souvent légitimes lorsque l’on sait ce que la création des partis a représenté d’efforts et de sacrifices. Il peut paraître plus simple et moins coûteux de répondre à la crise de la gauche dans le cadre des organisations actuelles, avec leurs frontières issues du siècle dernier, les rites propres qui les constituent, les ordres particuliers de préoccupations qu’elles induisent. Faire ce choix conduirait chaque militant de gauche à préparer ordinairement le prochain congrès ordinaire du parti où il se trouvait au moment où la catastrophe électorale l’a saisi. Mais cela serait-il à la hauteur du moment extraordinaire que nous traversons ? C’est un débat en tant que tel. Il doit avoir lieu car un autre choix est possible. C’est celui que nous proposons : réinventer vraiment la gauche. Sans nier la réalité des partis actuels, sans la mépriser, sans chercher à la contourner. Mais en ayant la volonté patiente et déterminée de la dépasser.

Pourquoi pensons-nous qu’un tel choix est devenu nécessaire ? D’abord parce que les deux défaites électorales de 2007 ne sont pas de simples déroutes électorales. Elles renvoient à une crise plus profonde, née de la double faillite du communisme d’Etat et de la social-démocratie. Partout ces modèles nés dans le monde révolu du 20e siècle sont en échec. En revanche, la gauche qui se reconstruit sur leurs décombres sous toutes les latitudes ne se dit ni communiste ni social-démocrate. Le plus souvent, elle se dit simplement « de gauche ». Lorsqu’elle cherche à se définir plus précisément, elle préfère systématiquement d’autres références. Ce n’est pas un hasard. Le point de départ de la réinvention de la gauche est la prise de conscience affichée que les anciens modèles, sur lesquels sont construites les organisations actuelles de la gauche française, doivent être dépassés.

Ensuite parce que nous pensons que la gauche a besoin de réaliser une nouvelle synthèse. Une synthèse véritable, entre des composantes reconnues, construisant par la conviction le dépassement des frontières issues du siècle dernier. Et acceptant de reconnaître les nouvelles lignes de clivage qui la traversent. Une synthèse avec la société, afin de donner aux mouvements divers qui contestent le capitalisme de notre époque l’horizon global d’une alternative politique et l’organisation méthodique et déterminée sans laquelle il n’est pas de changement possible. Croit-on vraiment que c’est plutôt par une synthèse obligée entre quelques dirigeants que la gauche pourra retrouver sa capacité à entraîner la société ?

Enfin, parce que la gauche a besoin au plus vite d’un outil politique pour résister à la droite. De 2002 à 2007, malgré les conditions particulières de l’élection de Jacques Chirac et le déficit de légitimité qui en a découlé pour chacun de ses gouvernements, les mobilisations sociales considérables et incessantes n’ont pas suffi à arrêter la politique de la droite. Cette majorité sociale n’a pas produit d’elle-même une majorité politique en 2007. Car un travail spécifiquement politique était indispensable. Il n’a pas été mené. La crise profonde des partis de gauche ne leur a pas permis de mener l’éducation populaire à grande échelle qui aurait été indispensable face à l’idéologie dominante. « L’union dans l’union » qui aurait été nécessaire à la victoire n’a pas vu le jour. Qu’en sera-t-il, dans le contexte bien plus difficile de la large victoire obtenue par Sarkozy ? Ce qui a échoué hier ne réussira pas demain. Le peuple de gauche a plus que jamais besoin d’organisations politiques efficaces pour le défendre. D’autres outils doivent être forgés. En la matière, rien ne se fera spontanément, sans des militants qui en comprennent la nécessité, qui en aient la volonté et qui s’en donnent les moyens. En commençant par le dire sans fards et sans détours.


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