Réactions au décès de Jacques Chirac

samedi 5 octobre 2019.
 

- 1) Décès de Jacques Chirac : réactions des député·es insoumis·es

- 2) Jacques Chirac. De «  Serre-la-louche  » à «  Super Menteur  », 60 ans de vie politique (L’Humanité)

- 3) Nous ne commenterons pas la mort de Jacques Chirac (NPA)

1) Décès de Jacques Chirac : réactions des député·es insoumis·es

Le décès de Jacques Chirac suscite dans le pays nostalgie et émotion. Nous adressons nos condoléances à toutes les personnes qui l’ont connu et lui étaient liées.

Sa disparition n’efface évidemment pas les divergences que nous avons eues avec maints aspects de sa politique. En ce jour nous voulons cependant surtout retenir la mémoire du président gaulliste qui au nom d’une « certaine idée de la France » refusa d’enrôler notre pays dans la désastreuse guerre étasunienne en Irak, origine de tant de souffrances.

Nous saluons aussi l’homme qui « prit le risque » de consulter le peuple au sujet du projet de constitution européenne en 2005.

Nous avons également à l’esprit le président de la République qui sonna l’alarme au sujet du réchauffement climatique en évoquant notre planète, cette « maison [qui] brûle ».

Les député·es insoumis·es Jean-Luc Mélenchon, Clémentine Autain, Ugo Bernalicis, Eric Coquerel, Alexis Corbière, Caroline Fiat, Bastien Lachaud, Michel Larive, Danièle Obono, Mathilde Panot, Loïc Prud’homme, Adrien Quatennens, Jean-Hugues Ratenon, Sabine Rubin, François Ruffin, Bénédicte Taurine.

2) Jacques Chirac. De «  Serre-la-louche  » à «  Super Menteur  », 60 ans de vie politique

L’ancien président de la République Jacques Chirac est décédé jeudi. Homme de parti et d’État, il a durablement laissé son empreinte. Malgré quelques coups d’éclat républicains, il est celui qui a modelé la droite gaulliste pour la mettre à son service.

Le «  Bulldozer  », comme l’appelait Georges Pompidou, a calé. «  Homme simple et politique tordu  », selon l’historien Michel Winock (1), Jacques Chirac s’est éteint hier «  au milieu des siens  », à Paris, à l’âge de 86 ans, a-t-on appris par son gendre, l’ancien secrétaire général de l’Élysée Frédéric Salat-Baroux. Le parcours de l’ancien premier ministre (1974-1976 et 1986-1988) et président de la République (1995-2007) a fortement marqué la vie politique française de ces soixante dernières années. Son camp lui a, bien sûr, rendu hommage, Alain Juppé au premier rang évoquant «  une relation exceptionnelle de fidélité, de confiance, d’amitié réciproques  ». Chirac aura marqué jusqu’aux ennemis qu’il a tenté d’écarter et qui, pour certains, lui ont retourné la faveur  : si Valéry Giscard d’Estaing et Édouard Balladur ont fait le service minimum, Nicolas Sarkozy a regretté «  une part de (sa) vie qui disparaît  ». Mais, même au-delà de la droite, sans souligner les aspects les plus durs de sa politique intérieure, on a salué la mémoire d’un président intransigeant en matière internationale. «  Nous avons veillé tous deux à ce que notre pays parle d’une seule voix  », a ainsi rappelé son premier ministre socialiste de cohabitation, Lionel Jospin. Alors ministre, Jean-Luc Mélenchon se remémore un président «  qui aimait la France mieux que d’autres depuis  ». Pour le secrétaire national du PCF Fabien Roussel, c’est un «  homme du peuple  » qui a «  refusé la guerre en Irak en 2003  »  : il laisse également, rappellent les députés communistes, «  le souvenir de celui qui a permis à la France de porter une voix singulière dans le conflit israélo-palestinien  ». De Berlin à Beyrouth, en passant par Moscou, les dirigeants du monde ont évoqué un «  partenaire formidable  », «  sage et visionnaire  », un des «  plus grands hommes  » que la France ait connu…

Son parcours mouvementé débute en 1951, sur les bancs de l’Institut d’études politiques (IEP), où il rencontre Michel Rocard et Robert Pandraud. Il déçoit le premier, ne voulant pas rejoindre la SFIO malgré son insistance, et irrite le second  : signataire de l’appel de Stockholm contre la prolifération des armes nucléaires, il vend l’Humanité-Dimanche «  devant l’église Saint-Sulpice, durant quelques semaines  », explique-t-il dans le premier volume de ses mémoires, Chaque pas doit être un but (2009). Il y restera attaché, n’hésitant jamais, même au plus haut sommet de l’État, à saluer un journaliste de nos titres d’un «  Tiens, l’Huma, tenez bon  »  ! Dans ses années d’étudiant, il aurait aussi participé à «  au moins une réunion de cellule  » du PCF, racontera-t-il à France 3 en novembre 1993, mais sans qu’aucun militant communiste n’ait jamais corroboré l’information. Un détour qui construira la légende d’un Chirac homme de gauche, quand la lecture de ses discours, de ses décisions et de ses actes le place clairement à droite de l’échiquier politique...

3) Nous ne commenterons pas la mort de Jacques Chirac (NPA)

Jacques Chirac est mort. Nous comprenons bien évidemment la douleur, sincère, de ses proches et de sa famille en deuil.

Mais la profusion des déclarations, communiqués et reportages apologétiques, qui peignent l’ancien Président de la république en champion de la lutte contre la pauvreté, de l’amitié entre les peuples et de la défense des « valeurs de la république », a quant à elle de quoi donner la nausée.

« Ce n’est pas le moment de faire de la politique, il faut respecter le temps du deuil », disent-ils toutefois, comme si cette déferlante pro-Chirac n’était pas elle-même très politique. Nous avons cependant compris le message et, en vertu de cette étrange trêve, nous mettrons de côté notre appréciation de la vie et de l’œuvre de Jacques Chirac.

Nous n’évoquerons donc pas les affaires (emplois fictifs, marchés publics, HLM, faux électeurs, frais de bouche, voyages, etc.), symptomatiques d’une « certaine idée de la politique ».

Nous ne reviendrons pas non plus sur la reprise des essais nucléaires en 1995, aberration écologique, fuite en avant militariste et symbole d’une attitude néocoloniale à l’égard de la Polynésie française.

À ce dernier propos, nous ne parlerons pas du massacre de la grotte d’Ouvéa, en mai 1986, au cours duquel 19 indépendantistes kanaks furent tués lors d’un sanglant assaut ordonné par Jacques Chirac, alors Premier ministre.

Ce n’est pas non plus le moment de se souvenir des déclarations de Chirac, le 19 juin 1991, sur « le bruit et l’odeur » des étrangers, illustration précoce de la reprise par la droite dite « républicaine » des thématiques les plus nauséabondes du Front national.

Nous ne mentionnerons pas davantage la participation active de Jacques Chirac à l’entretien des réseaux de la Françafrique, illustrée notamment par ses belles amitiés avec les dictateurs Omar Bongo, Blaise Compaoré ou Denis Sassou Nguesso.

Nous ne reviendrons pas plus sur ses politiques favorables aux ultra-riches (privatisations de 65 groupes industriels et financiers et suppression de l’ISF en 1986…) et destructrices pour les salariéEs (suppression de l’autorisation administrative de licenciement en 1986, plan Juppé de 1995, réforme des retraites en 2003…).

Nous ne parlerons pas, enfin, de ses ministres de l’Intérieur, Charles Pasqua, Jean-Louis Debré, Nicolas Sarkozy, de leurs politiques répressives et racistes, du sort réservé aux sans-papiers de Saint-Bernard en 1996 ou de l’assassinat de Malik Oussekine en 1986.

Bref, Jacques Chirac est mort et nous ferons preuve, comme tous ceux qui s’expriment en boucle sur les chaînes d’information et les réseaux sociaux depuis ce midi, de retenue.

NPA, Montreuil, le 26 septembre 2019.


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