En Algérie, plusieurs centaines de milliers de manifestants ont défilé à Alger pour rejeter le scrutin du 12 décembre

vendredi 4 octobre 2019.
 

Le mouvement de contestation exclut toute élection d’un successeur à Abdelaziz Bouteflika sans un départ préalable du « système » au pouvoir depuis deux décennies.

« Il y a du monde aujourd’hui ! Dieu est grand. » Sur la place de la Grande Poste d’Alger, deux hommes se félicitent, alors qu’ils ne peuvent plus avancer tant la foule est dense. Vendredi 20 septembre, des centaines de milliers de personnes ont manifesté dans le pays pour dénoncer la tenue du scrutin présidentiel annoncée par le président par intérim, Abdelkader Bensalah, dimanche dernier. Dans la capitale, la mobilisation atteignait des niveaux jamais vus depuis le mois d’avril. « Il n’y a pas de vote, on vous jure qu’on ne le fera pas, dites à Bensalah qu’il faut qu’il parte, on vous jure qu’on ne s’arrêtera pas », chantaient les cortèges.

Le régime avait pourtant montré plusieurs signes de durcissement. Ainsi, le chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, avait interdit l’accès à la capitale aux manifestants venus de l’extérieur d’Alger, demandant aux gendarmes de saisir les véhicules et d’imposer des amendes. « Je viens chaque vendredi matin en train pour manifester, raconte un homme de 71 ans. Ce matin, il n’y avait ni train ni bus. Les taxis avaient peur des embouteillages, j’ai dû prétendre devoir aller à l’hôpital pour qu’on m’emmène ». « Je viens de Cheraga [un quartier de l’ouest de la capitale], mais j’ai eu l’impression de venir de Tamanrasset [la préfecture de l’extrême sud du pays] », ajoute un jeune homme, en référence au nombre de contrôles subis sur la route. Des arrestations étaient également redoutées, alors qu’au cours de la semaine écoulée 24 personnes ont été placées en détention provisoire pour avoir participé aux mobilisations des 13 et 17 septembre.

« Il faut qu’ils dégagent tous »

Ce vendredi, dans la rue Didouche-Mourad, l’artère centrale d’Alger, des policiers procédaient à des vérifications d’identité, en fin de matinée. Et plusieurs personnes ont été interpellées. « Ça ne nous fait plus peur, lance Amal, 35 ans. Ils peuvent tous nous arrêter, d’autres viendront. Il faut qu’ils dégagent tous ! »

Ni la marche forcée vers l’élection, prévue le 12 décembre, ni les arrestations, ni la fermeture de la capitale n’ont réduit la mobilisation. Au contraire. « Les Algériens, tu veux leur interdire quelque chose ? Regarde ! Tu veux barricader Alger ? Regarde la foule ! », s’amuse Samir, pancarte à la main, qui réclame le respect de la « volonté du peuple ». Des supporteurs de football chantent à pleins poumons : « Dites-leur que nous sommes venus à Alger comme des migrants », en référence aux jeunes qui tentent d’émigrer clandestinement. « On ne veut pas d’une élection dans ces conditions, ils ne vont pas nous forcer à voter », dit Alina, en haussant les épaules.

Hommage aux naufragés

Sur un mur, à côté de la fac centrale d’Alger, une banderole noire, avec les noms des personnes détenues depuis le début du mouvement, a été accrochée. Quelqu’un a ajouté sur un morceau de scotch le nom de Karim Tabbou, l’homme politique placé en détention provisoire le 13 septembre pour « atteinte au moral de l’armée ». Houria, 73 ans, porte un foulard berbère, un collier et des boucles d’oreilles avec l’emblème berbère, en forme de défi, alors que les manifestants arrêtés en possession de drapeaux berbères sont accusés d’« atteinte à l’intégrité du territoire ». « Heureusement qu’il a bouclé Alger, sinon je n’aurais pas eu de place pour marcher !, dit-elle en riant, face à la foule. C’est nous qui allons avoir sa peau, promis, juré. On finira par l’avoir. » « On a le temps, eux, ils prendront la relève », ajoute sa sœur, Zahra, en désignant son petit-fils.

Comme à son habitude, le cortège se faisait solidaire des maux de la société, rendant hommage aux jeunes morts cette semaine après le naufrage de leur barque, alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Europe, et demandant la libération des personnes incarcérées. Des manifestants ramassaient les déchets, d’autres proposaient de l’eau. Dans les rues bordées de fourgons de police bleus et de policiers en tenue antiémeute résonnait un slogan particulièrement cinglant : « Le peuple veut la chute de Gaïd Salah ! » La colère s’oriente désormais vers le chef d’état-major.

Zahra Chenaoui (Alger, correspondance)

• Le Monde. Publié le 20 septembre 2019 à 17h18 - Mis à jour le 21 septembre 2019 à 11h58 : https://www.lemonde.fr/afrique/arti...

A Alger, « le pouvoir se moque de nous, il ne comprend pas que la société a changé »

Les autorités algériennes ont annoncé que la présidentielle se tiendrait le 12 décembre. Dans la capitale, la décision est contestée dans la rue.

« Ah, le Hirak ne veut pas s’arrêter ! » A l’entrée de son magasin de tissus, le vendeur secoue la tête. Mardi 17 septembre, plusieurs milliers de personnes marchent vers le square Port-Saïd, dans le centre-ville d’Alger, en scandant « Pas d’élection avec la mafia ! », sous le regard des commerçants et des clients des petites boutiques des arcades et des ouvriers rénovant les façades. Dimanche soir, lors d’un discours télévisé, le chef de l’état par intérim, Abdelkader Bensalah, a annoncé qu’une élection présidentielle se tiendrait le 12 décembre, comme l’avait demandé le chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah deux semaines auparavant. « Je ne voterai pas, ajoute le vendeur de tissus qui dit soutenir les manifestants. Il faut qu’ils fassent partir toute la mafia. Mais c’est long cette situation, ça devient difficile. Il faut qu’on trouve une solution. »

Dans le cortège, trois étudiants brandissent une pancarte. Anis, 20 ans, étudiant en informatique, est opposé à la tenue du scrutin : « Le préalable, c’est la libération des détenus. Ce sont toujours les mêmes qui sont au pouvoir. On est toujours dans un Etat militaire puisque c’est Gaïd Salah qui décide de la date de l’élection. » La foule chante : « Ecoute Gaïd, écoute Gaïd, Etat civil, pas militaire ! » Habituellement organisée par les étudiants, la manifestation du mardi rassemble cette fois des hommes et des femmes plus âgés, et un nombre important de retraités. « Pendant les vacances, le nombre d’étudiants a diminué, mais les gens nous rejoignent, et ça devient presque la deuxième manifestation de la semaine [avec celle du vendredi] », estime Anis. Quelques mètres plus loin, Abdenour, 22 ans, étudiant lui aussi, chante « Je ne voterai pas pour la mafia, il faut qu’ils s’en aillent tous ! » : « Ceux au pouvoir sont corrompus comme les autres. Je suis contre cette élection parce que j’ai peur qu’il n’y ait pas de vrai changement », explique-t-il.

Dans un quartier populaire de la périphérie de la capitale, El-Hadj, la cinquantaine, dit être « mal à l’aise » à propos de la façon dont l’élection sera organisée. « Mais si on reste sans président, les pays étrangers peuvent nous menacer », s’inquiète-t-il. Ali, gérant d’une petite entreprise sous-traitante dans le bâtiment, est plus radical : « Si je le pouvais, je voterai demain. Je ne travaille plus, je vais mettre la clé sous la porte. Il faut que les décisions soient prises mais tout est paralysé en ce moment. » Meriem, la cinquantaine également, répète : « J’espère que ça ira. J’espère que ça ira. » Cette mère de famille n’a jamais manifesté. Totalement opposée au cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, « fatiguée » de ne pas voir ses enfants s’en sortir, elle soutient les manifestants. « Le problème de l’élection, c’est que le peuple n’en veut pas. Je ne sais pas ce qu’il va se passer », avoue-t-elle.

« Réponse vouée à l’échec »

« Les positions vont se durcir », craint Soufiane Djilali, 61 ans, président du parti Jil Jadid, et ancien membre du collectif Mouwatana, qui organisait il y a un an des rassemblements contre un éventuel cinquième mandat du président Bouteflika. « Le pouvoir n’était intéressé ni par le dialogue, ni par le consensus, explique-t-il. Il a sa solution à lui et il préfère passer en force. » Soufiane Djilali était pourtant favorable aux principes du dialogue et de l’organisation d’une élection présidentielle, mais avec des garanties, comme par exemple la libération des manifestants incarcérés parce qu’ils portaient un drapeau berbère ou l’engagement du futur président à faire un certain nombre de réformes au cours de son mandat. « Le pouvoir a dit niet. Le dialogue officiel est terminé et il n’y a eu aucune mesure d’apaisement. Cela confirme une volonté de reproduction du système », conclut-il.

Dans une déclaration publiée samedi, avant l’annonce officielle de la tenue du scrutin, le Collectif de la société civile, qui réunit des organisations comme les différentes ligues des droits humains, le Snapap, un syndicat autonome, RAJ ou encore SOS Disparus, estimait qu’un agenda électoral était « une nouvelle insulte » pour les Algériens : « Le pouvoir politique (…) a choisi de répondre aux revendications légitimes des Algériens par le statu quo imposé et le recours à la répression pour le faire accepter. Cette réponse est vouée à l’échec », écrivent-ils.

Lundi soir, dans un communiqué, l’ancien chef de gouvernement, et candidat déçu aux scrutins présidentiels de 2004 et de 2014, Ali Benflis, accueillait positivement la convocation du corps électoral. Il estime que « la présidentielle se présente comme la voie de sortie de crise la moins risquée et la moins dommageable pour le pays » et que les conditions de la tenue du scrutin sont acceptables, « en dépit de quelques lacunes dont le caractère n’est pas déterminant ». « L’élection présidentielle est le vœu de la majorité des Algériens », a quant à lui assuré le ministre de la communication, Hassane Rabehi, lors d’une conférence de presse tenue mardi. « Ils se moquent de nous, rétorque Imène, 29 ans. Ils veulent faire gagner l’un des leurs. Ils ne comprennent pas que la société a changé. »

Zahra Chenaoui (Alger, correspondance)

• Le Monde. Publié le 19 septembre 2019 à 11h04 : https://www.lemonde.fr/afrique/arti...

Deux morts lors d’affrontements avec la police en Algérie

Après la mort d’un adolescent percuté par une voiture de police, deux personnes ont été tuées lors d’affrontements avec les forces de l’ordre dans la ville d’Oued Rhiou.

« Regarde l’entrée des balles ! » La vidéo, qui s’est répandue sur les réseaux sociaux, montre deux jeunes gens étendus sur deux civières, dans l’enceinte d’une salle d’urgences. Ils sont morts dans la nuit de mercredi 18 à jeudi 19 septembre après des affrontements avec la police dans la ville d’Oued Rhiou, à 250 kilomètres à l’ouest d’Alger.

Les affrontements ont débuté vers 22 heures à la suite d’une course-poursuite entre une patrouille de police et une mobylette qui a entraîné la mort d’un adolescent de 15 ans.

Des centaines de jeunes se seraient alors dirigés vers le commissariat de la ville qu’ils ont encerclé avant d’être repoussés par des tirs de grenades lacrymogènes, mais aussi de balles réelles. Selon le quotidien El Khabar, les coups de feu auraient été tirés depuis l’intérieur de l’édifice. Les autorités affirment que le commissariat a été attaqué.

Condoléances du ministre de l’intérieur

A la fin du mois de mai, des émeutes similaires avaient éclaté près d’El-Tarf (nord-est) après la mort d’un homme abattu par la gendarmerie dans des circonstances peu claires. Le 19 avril, un jeune de 23 ans est mort à Alger des suites d’une blessure à la tête après avoir été violenté par des policiers. Dans un communiqué rendu public jeudi en début d’après-midi, le procureur de la République de la ville d’Oued Rhiou fait, lui, état d’« une collision entre une voiture de la sûreté et une moto conduite par un mineur âgé de 15 ans a entraîné le décès de ce dernier et des blessures graves à son compagnon. L’accident a provoqué des actes de vandalisme et des rassemblements (…), le saccage d’édifices publics et une tentative d’assaut contre le siège de la sûreté pour s’emparer du fonctionnaire impliqué dans l’accident. »

« Au moment de l’intervention des forces de l’ordre [contre les manifestants], deux personnes ont été atteintes, ce qui a conduit à leur décès », poursuit le communiqué, qui annonce l’ouverture d’une enquête.

Le communiqué de la police fait, lui, état de la mort de « deux jeunes gens ». Le ministre de l’intérieur, Salah Eddine Dahmoune, a présenté ses condoléances aux familles.

• Le Monde. Publié le 19 septembre 2019 à 16h36 - Mis à jour le 19 septembre 2019 à 18h02 : https://www.lemonde.fr/afrique/arti... Algérie : le chef d’état-major de l’armée ordonne d’empêcher les manifestants de rejoindre Alger

L’annonce du général Ahmed Gaïd Salah intervient trois jours après l’annonce d’une nouvelle date pour la tenue d’une présidentielle, le 12 décembre.

Trois jours après l’annonce par le président intérimaire Abdelkader Bensalah d’une nouvelle date pour la tenue d’une élection présidentielle le 12 décembre, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée et homme fort de l’Algérie, a haussé le ton. Il a déclaré, mercredi 17 septembre, avoir ordonné à la gendarmerie d’empêcher l’accès de la capitale Alger aux manifestants d’autres régions du pays. A cette fin, il a appelé à « l’application rigoureuse des réglementations en vigueur, y compris l’interpellation » et la saisie « des véhicules et des autocars utilisés », ainsi que la délivrance d’« amendes à leurs propriétaires ».

Depuis bientôt sept mois, l’Algérie – en particulier Alger – est le théâtre chaque vendredi de manifestations contre le pouvoir. Celles-ci ont abouti à la démission du président Abdelaziz Bouteflika début avril et se poursuivent avec comme mots d’ordre le départ de l’ensemble du « système » au pouvoir. Une tentative d’organiser un scrutin présidentiel, le 4 juillet, avait échoué, faute de candidat et face au refus obstiné de la rue dont la mobilisation ne trahit pas le moindre signe d’essoufflement.

« Intentions malveillantes »

Dans un discours général prononcé à Tamanrasset, dans l’extrême Sud, le général Gaïd Salah a motivé sa démarche par l’existence de « certaines parties (…) aux intentions malveillantes, [qui] font de la liberté de déplacement un prétexte pour justifier leur dangereux comportement », lequel « consiste à créer tous les facteurs qui perturbent la quiétude des citoyens ».

Ces « parties », non identifiées, drainent « chaque semaine des citoyens issus de différentes “wilayas” [préfectures] du pays vers la capitale afin d’amplifier les flux humains dans les places publiques, avec des slogans tendancieux qui n’ont rien d’innocent », a argué Ahmed Gaïd Salah. « Leur véritable objectif est d’induire l’opinion publique nationale en erreur avec ces moyens trompeurs pour s’autoproclamer fallacieusement comme les porte-voix du peuple algérien », a-t-il ajouté.

Le mouvement (« hirak ») rejette la tenue d’une élection avec le gouvernement actuel. Il réclame le démantèlement de l’appareil hérité des vingt ans de présidence Bouteflika ainsi que la mise en place d’institutions de transition, ce que refuse le pouvoir. Mardi, comme chaque semaine, les étudiants ont manifesté pour la trentième semaine consécutive, en exprimant leur opposition persistante à la tenue d’une élection présidentielle. Les manifestations étaient officiellement interdites à Alger depuis 2001 lorsque la contestation a subitement éclaté, le 22 février, face à la perspective d’un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika.

Le Monde avec AFP

• Le Monde. Publié le 18 septembre 2019 à 18h04 - Mis à jour le 18 septembre 2019 à 19h02 : https://www.lemonde.fr/afrique/arti... L’élection présidentielle en Algérie fixée au 12 décembre

Cette date coïncide avec le calendrier fixé par le chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, homme fort du pays depuis la démission forcée du président Bouteflika.

Sans surprise, le pouvoir algérien impose son agenda de sortie de crise. Dans un « discours à la nation », retransmis par la télévision publique, dimanche 15 septembre, Abdelkader Bensalah, le chef de l’Etat par intérim, a annoncé que l’élection présidentielle en Algérie aura lieu le jeudi 12 décembre. M. Bensalah, qui a signé le décret pour la convocation du corps électoral, a appelé les Algériens « à contribuer collectivement (…) le 12 décembre prochain, à l’écriture de l’histoire de leur pays et au choix de leur nouveau président ». Le dirigeant par intérim a « exhorté » les Algériens à « la mobilisation pour faire de ce rendez-vous le point de départ du processus de renouveau de la nation ».

Cette date coïncide avec le calendrier exigé par le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah. Devenu l’homme fort et le dirigeant de facto du pays depuis la démission forcée d’Abdelaziz Bouteflika le 2 avril, le commandant de l’armée et vice-ministre de la défense avait réclamé début septembre la publication, en date du 15 septembre, du décret de convocation de l’élection présidentielle, ce qui permettrait au scrutin de se tenir avant la fin de l’année.

C’est le troisième scrutin présidentiel que le pouvoir algérien tente d’organiser cette année. Initialement prévue pour le 18 avril 2019, l’élection devait ouvrir la voie au cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, avant qu’il ne soit contraint à démissionner. La présidentielle pour élire un successeur, fixée le 4 juillet, avait dû être annulée, aucun candidat ne s’étant déclaré, face à l’ampleur de la contestation.

« Coup de force électoral »

Depuis une semaine, les autorités ont lancé une course contre la montre pour respecter le calendrier fixé par Ahmed Gaïd Salah, et le pouvoir a précipité les événements dans la journée de dimanche. Ont ainsi été désignés en quelques heures les membres et le président de l’Autorité nationale indépendante des élections après la promulgation par M. Bensalah des nouveaux textes relatifs aux scrutins que les deux chambres du Parlement avaient adoptés sans débat en fin de semaine.

L’ancien ministre de la justice, Mohamed Chorfi, a pris la tête de cette instance électorale chargée de « superviser toutes ses étapes, depuis la convocation du corps électoral jusqu’à l’annonce des résultats préliminaires ». Aucun opposant déclaré au pouvoir ne siège parmi la quarantaine de membres désignés pour la composer, après le refus de la majorité des partis de l’opposition de prendre part à ce qu’ils qualifient de « coup de force électoral ».

De son côté, le mouvement de contestation s’oppose à la tenue d’un tel scrutin tant que l’ensemble du « système » des deux décennies de présidence Bouteflika n’a pas quitté le pouvoir. Sur fond d’un durcissement des autorités, les manifestants ont de nouveau investi les rues du pays vendredi, dont des dizaines de milliers à Alger où vingt-deux personnes ont été arrêtées et placées dimanche sous mandat de dépôt.

Garantir « la création d’un environnement apaisé »

Dans son allocution, Abdelkader Bensalah n’a pas eu un mot sur le sort de ces détenus, désormais des dizaines. Pas plus qu’il n’a évoqué un éventuel retrait du premier ministre et ancien ministre de l’intérieur, Noureddine Bedoui, nommé par Abdelaziz Bouteflika quelques jours avant son retrait et dont la démission est exigée par les manifestants. Il n’a pas non plus parlé de l’ouverture des médias publics aux contestataires, parmi les mesures dites « d’apaisement » réclamées par une partie de l’opposition comme préalable à une participation à l’élection.

Talaie El-Hourriyet, le parti de l’ex-chef du gouvernement Ali Benflis, l’opposant le plus enclin à se lancer dans la course électorale, a estimé dimanche que les « conditions pour la tenue d’un scrutin présidentiel transparent, régulier et impartial, sont globalement réalisées », mais que « la création d’un environnement apaisé » restait à garantir.

« Cette élection constituera une occasion sans précédent pour instaurer la confiance dans le pays, et ouvrira, par là même, la voie à notre peuple vers un horizon prometteur en matière de consolidation de la pratique démocratique », a promis le chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah. Il ne reste qu’à trouver des candidats.

Madjid Zerrouky


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