Les jeudi 19 et vendredi 20 septembre 2019 resteront dans nos mémoires : quatre de nos député·es, une de nos salarié·es et un de nos membres ont été jugé·es dans un tribunal correctionnel.
Ce procès est politique : deux jours de débats dans une salle d’audience ont confirmé cet aspect. Les procureurs de Madame Belloubet l’ont voulu ainsi. Quelques policiers se sont prêtés à cette mascarade bien triste : un policier a même déclaré que sa violence était due à ses préjugés nous concernant !
Il faut toujours conserver notre capacité à analyser les événements, y compris ceux qui nous affectent, nous meurtrissent, et que nous devons surmonter.
Nous vous proposons ici une synthèse de ces deux jours du procès politique des insoumis·es :
La journée s’est ouverte par une première victoire pour les insoumis·es : le juge a rejeté la demande de renvoi du procès formulée par le parquet de Belloubet. Il faut savoir que c’est le parquet qui accuse les six insoumis·es de rébellion. C’est aussi lui qui a mené l’enquête uniquement à charge contre les insoumis·es.
Sa demande de renvoi était une manœuvre pour faire en sorte que le procès ait lieu au moment de la campagne des municipales et faire durer le pilori médiatique.
Nous saluons la décision du Président de rejeter cette demande infondée.
La journée s’est poursuivie par les auditions des insoumis·es qui ont pu se défendre et révéler un certain nombre de mensonges et de contradictions dans les déclarations des plaignants :
La commandante de police Andrieu finit par retirer ses accusations contre Muriel Rozenfeld, l’attachée de presse de La France insoumise, accusations qu’elle a portées à trois reprises. Elle reconnaît que ces accusations sont infondées mais refuse de présenter des excuses.
À la barre, le commandant Vidal se voit reprocher par le Président du tribunal d’avoir fourni une synthèse des faits qui « ne correspond pas du tout aux vidéos ».
Fait notable de la journée : l’avocat Dupond-Moretti a provoqué une suspension de séance après avoir insulté les insoumis·es sans raison : « tête de noeud », « énergumène », « ferme-là ! ».
Au bout d’une telle journée, le procès politique voulu par Madame Belloubet tourne au vaudeville. Que faisons-nous là ? Tout sort abîmé : la police, la justice, le respect des institutions.
Le fait marquant de cette journée fut le réquisitoire des deux procureurs. Durant une heure, ils se sont relayés pour nous accabler, employant des termes tels que « horde d’insoumis » et un vocabulaire de guerre civile. À les entendre, les insoumis·es auraient dû tous se trouver sur le banc des accusés. Tous hors la loi !
Et soudain, le procureur Bourion a requis des peines : de l’argent et encore de l’argent (près de 80 000 euros), et trois mois de prison avec sursis contre Jean-Luc Mélenchon !
Le parquet a reculé, incapable d’aller au bout de sa logique. Ses accusations se sont en effet heurtées aux images et aux auditions des policiers qui tous disent n’avoir subi aucune violence, aucune insulte, mais avoir entendu des gens revendiquer haut et fort leurs droits !
Aucune peine n’est acceptable car rien d’illégal n’a été commis. On nous accusait d’avoir empêché la perquisition : nous avons prouvé le contraire. On nous accusait d’avoir intimidé des policiers : pas une seule preuve matérielle n’a été présentée. Crier sur notre palier de porte et vouloir entrer dans notre local n’est pas un délit !
Durant le procès, nos ami·es Jean-Luc Mélenchon, Muriel Rozenfeld, Bernard Pignerol, Manuel Bompard, Bastien Lachaud et Alexis Corbière ont pu se défendre point par point. Des centaines d’insoumis·es se sont relayés à l’extérieur du tribunal, les encourageant. Les parlementaires insoumis·es de l’Assemblée nationale, du Sénat et du Parlement européen ont couru les médias pour nous représenter. Les équipes de La France insoumise ont réussi une belle mobilisation.
Nous n’avons pas à rougir de nous, de ce que nous sommes et de ce que nous faisons. La dérive autoritaire du régime macroniste cible tou·tes les militant·es. Le lawfare, l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques, est désormais installé dans notre pays.
« Je ne renonce pas à l’honneur d’être une cible » a déclaré Jean-Luc Mélenchon à la sortie du tribunal.
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