Dividendes Au bonheur des actionnaires

dimanche 29 septembre 2019.
 

Les actionnaires des plus grandes entreprises mondiales ne connaissent pas la crise. Selon une étude publiée dans la torpeur de l’été, le montant des dividendes versés par les entreprises à l’échelle mondiale a atteint un nouveau record : 513,8 milliards de dollars au deuxième trimestre de l’année 2019. En réalité, la hausse est encore plus importante : si on neutralise l’évolution du taux de change, la hausse des dividendes au niveau mondial s’élève à 4,6% (et non 1,1%).Surprise (ou pas), la France est championne d’Europe avec une progression de 3,1% à 51 milliards de dollars. Parmi les dix entreprises au monde versant le plus de dividendes, trois sont françaises : Sanofi, BNP Paribas et Total SA. Pour leur immense contribution à l’intérêt général humain ? On en doute.

Et ce n’est pas nouveau : selon un rapport publié par Oxfam, depuis 2009, sur 100€ de bénéfices, les entreprises du CAC40 versent en moyenne 67€ aux actionnaires et seulement 5€ aux salariés. Cette situation pose la question de la répartition de la valeur ajoutée entre le travail et le capital. Et le rapport de force se détériore pour les salariés. Aujourd’hui un salarié français travaille en moyenne 45 jours par an pour rémunérer les actionnaires, contre une dizaine de jours en 1981.

Comment les libéraux justifient-ils ces sommes faramineuses ? À les écouter, les actionnaires servent à financer les entreprises. Ces dernières émettent des actions que les investisseurs achètent (et revendent) ce qui permet de financer le développement de l’entreprise. En échange, ils touchent des dividendes.

Sur le modèle du jour du dépassement de la Terre, Les chercheurs Florian Botte et Thomas Dallery se sont posé la question du jour du dépassement de la finance : quel est le jour de l’année à partir duquel les entreprises distribuent plus de dividendes qu’elles n’ont reçu de financement boursier ? Pour l’année 2017, ce jour s’établit au 10 août. Même si ce jour arrive plus ou moins tôt selon les années

le montant des dividendes versés est toujours plus élevé que le montant apporté par les actionnaires.

Leur résultat est donc sans appel : la finance est au service des rentiers, pas de l’investissement. Sans travailler, les capitalistes volent les travailleuses et les travailleurs. Dès lors, avec la règle verte qui consiste à ne pas prélever sur la nature davantage que ce qu’elle peut reconstituer, ni produire plus que ce qu’elle peut supporter, pourquoi ne pas proposer une règle rouge : que les actionnaires ne prennent pas plus aux travailleurs que ce qu’ils apportent à l’entreprise ?

Pierre Vince


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