Urgences hospitalières : après le plan Buzyn, l’assemblée générale des grévistes vote la poursuite du mouvement

jeudi 19 septembre 2019.
 

A la Bourse du travail de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), mardi 10 septembre, parmi la centaine de participants de l’assemblée générale d’Inter-Urgences, la poursuite de la grève semble relever de l’évidence. Les grévistes n’ont trouvé dans le « plan de refondation » des urgences présenté en grande pompe la veille au ministère de la santé et doté de 750 millions d’euros sur trois ans ni les réouvertures de lits, ni les embauches de soignants, ni les revalorisations des salaires qu’ils demandaient.

« Ce plan, c’est du vent », balaye Julie, infirmière aux urgences de Toulouse. « Ils n’ont rien compris aux attentes des soignants, ils essayent de nous empapaouter avec cet argent qui n’existe pas », lance Christophe Prudhomme, membre de la CGT et porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF). Dans la salle, tout le monde fait la même lecture des « moyens supplémentaires » promis par la ministre de la santé, Agnès Buzyn : sans un relèvement de l’Objectif national de dépenses d’assurance-maladie (Ondam), ces mesures seront financées par des économies sur d’autres postes à l’hôpital.

Le service d’accès aux soins (SAS), la mesure-phare du plan censée permettre dès cet été de répondre à toute heure à la demande de soins non programmés des Français et ainsi alléger la pression sur les urgences, ne trouve pas plus de défenseurs. « 340 millions pour le SAS, c’est-à-dire le 15 avec Doctolib, non mais au secours ! », ironise un participant. Pendant plus de quatre heures d’assemblée générale, aucune des mesures annoncées la veille par la ministre pour faire baisser la pression aux urgences n’est évoquée.

L’enjeu est désormais l’extension

La question du jour, c’est le devenir du mouvement, à l’orée d’une période cruciale. Il a certes survécu à l’été, prenant même des proportions inédites, avec 249 services en grève, soit plus de la moitié des urgences publiques du pays. Mais, sur le terrain, la plupart des négociations sont au point mort. « On a eu des miettes du plan Buzyn, avec un poste de brancardage supplémentaire le week-end », raconte, dépité, un infirmier normand. « On a une direction plus dure à la négociation que Mme Buzyn, on n’arrive pas à avoir quoi que ce soit », ajoute un gréviste de l’hôpital de Mont-de-Marsan.

Les soignants grévistes des hôpitaux parisiens, d’où le mouvement est parti en mars, reconnaissent que la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a fait des efforts, avec 230 postes supplémentaires accordés, ainsi qu’une prime de dangerosité de 56 euros. « La mobilisation continue, car les inégalités continuent, les négociations avec les agences régionales de santé ne sont pas les mêmes pour tout le monde », assure à la tribune Orianne Plumet, une infirmière en poste aux urgences parisiennes de la Pitié-Salpêtrière.

A l’issue de l’assemblée, le collectif Inter-Urgences a appelé l’ensemble des personnels hospitaliers à rejoindre la grève, annonçant des « rassemblements locaux » le 26 septembre, avant la mise en place prochaine d’une nouvelle « date de mobilisation nationale ». « Jeudi, on prendra nos responsabilités ! », a assuré Patrick Pelloux, le président de l’AMUF, laissant entendre qu’il appellerait les médecins urgentistes à se joindre au mouvement.

François Béguin

• Le Monde. Publié le 10 septembre 2019 à 17h40, mis à jour le 11 à 10h17 :


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